La France est-elle attractive pour les entreprises ?
Depuis deux ans, le Gouvernement a fait de l’attractivité de la France une priorité de son action. Un certain nombre d’annonces ont été faites et des initiatives ont été prises pour l’améliorer et encourager l’investissement international. La dixième édition des Etats de la France s’est donné pour mission de dresser un premier bilan de ces actions.
Pour nourrir les réflexions lors de cet événement, les Etats de la France, en collaboration avec EY, ont demandé à Ipsos de réaliser un nouveau sondage sur l’image de la France auprès des responsables de société étrangère ayant plus de 250 salariés en France. Le pays est-il jugé attractif pour les entreprises ? Les mesures prises vont-elles dans la bonne direction ? Sont-elles à la hauteur des attentes ? Comment les jugements ont-ils évolué depuis un an ? A ces questions, l’enquête apporte plusieurs éléments de réponse.
LES JUGEMENTS SUR L’ATTRACTIVITÉ DE LA FRANCE S’AMÉLIORENT ET L’ACTION DU GOUVERNEMENT DANS CE DOMAINE EST SALUÉE
Le jugement global sur l’attractivité de la France s’améliore assez nettement en un an. 32% des responsables d’entreprise étrangère installée en France estiment que le pays est aujourd’hui attractif pour les entreprises ; soit 9 points de mieux qu’en 2014. Les avis restent cependant très majoritairement critiques sur cette question puisque pour une très large majorité d’entreprises (68%) la France n’est pas un pays attractif, même si la critique reste modérée dans son intensité (61% « pas très attractif » et seulement 7% « pas du tout attractif »).
S’ils restent encore circonspects sur la capacité de la France à attirer les investissements internationaux, il n’en demeure pas moins que les responsables d’entreprise étrangère installée en France saluent très largement l’action du Gouvernement pour améliorer l’attractivité du pays. Pour une très large majorité d’entreprises interrogées (71%), les réformes engagées par le Gouvernement vont dans le bon sens. Cette idée est en forte progression par rapport à l’enquête de l’année dernière (+15 points), preuve que les filiales françaises de groupe étranger sont très sensibles au volontarisme affiché de l’exécutif en matière d’attractivité.
Dans le détail, même si les opinions positives reculent très légèrement en raison de l’effet d’annonce qui a fortement joué sur les scores obtenus en 2014, toutes les mesures prises ces dernières années par le Gouvernement sont jugées comme allant dans le bon sens par une très large majorité d’entreprises interrogées. C’est le cas notamment des dispositifs visant à l’assouplissement des contraintes sociales : l’assouplissement des règles qui encadrent le travail le dimanche (qui va dans le bon sens pour 93% des entreprises interrogées), la fusion des IRP et la simplification des procédures d’information et de consultation du comité d’entreprise (90%) et la dépénalisation du délit d’entrave (87%). C’est le cas également des mesures fiscales : l’amélioration du régime fiscal des impatriés (82%), la stabilisation de l’environnement fiscal et la non-rétroactivité des lois (81%) et la réduction du coût du travail (72%). C’est le cas enfin des mesures de simplification : la simplification des démarches administratives pour les salariés étrangers (90%), la réduction du nombre de régions et la création des métropoles (82%) et la simplification administrative (82%). Le lancement de la campagne Creative France est également salué par 79% des filiales françaises interrogées.
DES MESURES QUI VONT DANS LE BON SENS MAIS RESTENT INSUFFISANTES POUR RÉPONDRE AUX ATTENTES DES ENTREPRISES ÉTRANGÈRES
Si pour les responsables d’entreprise étrangère l’action va dans le bon sens, une très large majorité estime aussi qu’elle est en deçà des attentes. Pour près de trois sondés sur quatre, les principales mesures prises ces deux dernières années n’ont pas permis d’encourager leur maison-mère à développer leur activité en France, une idée qui certes recule par rapport à 2014 (-5 points) mais qui reste très largement majoritaire (74%). Pour les filiales françaises d’entreprise étrangère, la direction choisie par le Gouvernement est la bonne mais une accélération du rythme serait souhaitable. Comme l’année passée, elles sont unanimes pour dire que les réformes engagées ne sont pas assez rapides (95%, +2).
D’autant que le manque d’attractivité français n’a rien de définitif pour les responsables interrogés. Ceux qui jugent que la France n’est pas attractive pour les entreprises estiment aussi massivement (90%) que le pays pourrait rapidement redevenir attractif (d’ici 1 à 5 ans pour 78%). Pour améliorer son attractivité, la France devrait selon les filiales de groupe étranger renforcer les mesures mises en place depuis deux ans et en prendre de nouvelles. Parmi différentes mesures qui pourraient développer l’attractivité de la France, celles qui présentent le potentiel le plus important portent selon les sondés sur l’organisation du travail en France. La simplification du code du travail aurait un impact positif pour 99% des entreprises interrogées, de même que la réforme du contrat de travail (95%) et la dépénalisation du droit du travail (88%). La suppression des 35 heures est également une mesure qui permettrait, selon les responsables de filiale française, de favoriser les investissements étrangers en France (92%). A quelques mois de la grande réforme du code du travail promise par le Gouvernement, les attentes des entreprises étrangères sont particulièrement fortes dans ce domaine.
BIEN QUE TOUJOURS DÉGRADÉE, L’IMAGE DE LA FRANCE S’AMÉLIORE AUPRÈS DES SIÈGES MONDIAUX
Au-delà des aspects réglementaires, la bataille de l’attractivité se gagne aussi sur le terrain de l’image. Le redressement de l’image d’un pays prend du temps et pour l’heure une large majorité des sièges mondiaux des entreprises internationales installées dans l’hexagone a une mauvaise image de la France (78%) de l’avis des dirigeants des filiales françaises. Cette proportion reste globalement stable par rapport à 2014 mais le nombre d’avis très négatifs recule (20%, -9), signe que les lignes commencent à bouger dans les sièges mondiaux. Pour 31% des responsables de filiale française interrogés cette année, l’image de la France auprès de leur siège s’est améliorée depuis un an. Il en résulte que l’intention d’investir en France se renforce : près d’un responsable sur trois (31%) indique que sa maison-mère a l’intention de davantage investir pour développer son activité dans l’hexagone, une idée qui progresse de 8 points en un an.