La pauvreté et les inégalités sociales : première préoccupation des Français

Notre Baromètre international Ipsos / Sopra Steria What Worries the World mesure l'optimisme des citoyens à travers le monde et présente leurs préoccupations principales. Dans cette vague de mai 2018, on note qu'en France, la pauvreté et les inégalités sociales passent en tête des préoccupations.

La perception par les Français de la situation du pays se dégrade progressivement

40% jugeaient que le pays va dans « la bonne direction » en janvier, 35% en mars, et 31% partagent désormais cette opinion. Une tendance à la baisse parallèle aux baromètres de popularité de l’Exécutif, qui pointent un recul de l’approbation de l’action du Président et du Premier ministre. 

Après plus d’un an à l’Elysée, si les Français relèvent le volontarisme de la majorité en matière de réforme, ils sont en effet désormais en attente d’effets concrets de la politique menée depuis 2017, que ce soit pour eux-mêmes ou pour le pays. De fait le pessimisme est particulièrement fort au sein des catégories les plus touchées par les difficultés économiques : 26% de ceux disposant d’un bas niveau revenu jugent que la France va dans « la bonne direction », de même que 26% de ceux qui détiennent un diplôme inférieur au bac. Politiquement, les sympathisants LREM restent largement les plus enclins à penser que le pays va dans la bonne direction (78%), loin devant les proches de LR et du PS (respectivement 44% et 32%), les électeurs de la FI (17%) et du FN (11%) se montrant sans surprise les plus pessimistes. 

"La pauvreté et les inégalités sociales" devient n°1 du classement des préoccupations des Français

Dans ce contexte de dégradation sensible, « la pauvreté et les inégalités sociales » devient pour la première fois la première préoccupation des Français (39%), devant « le chômage » (36%) et « le terrorisme » (36%). Cette évolution est particulièrement significative : alors que le chômage dominait les préoccupations depuis plusieurs décennies, il a été rattrapé par le terrorisme à partir de 2015, puis désormais par la pauvreté et les inégalités. 

Cet enjeu est probablement porté par l’insatisfaction grandissante d’une partie de l’opinion envers la politique sociale du Gouvernement : de fait, les sympathisants de gauche placent cet enjeu largement en tête de leurs préoccupations (56% à la FI, 58% au PS), mais il arrive aussi en 3ème position chez les sympathisants LREM (31%). En revanche, le triptyque immigration/terrorisme/criminalité continue à constituer le socle des inquiétudes de l’électorat de droite, et notamment du FN. 

La situation dans les autres pays 

En Italie, à la veille de la formation du nouveau Gouvernement M5S/Ligue, seuls 14% des Italiens jugeaient que le pays allait dans la bonne direction, le plus bas niveau des 28 pays interrogés. Le chômage est de très loin la principale préoccupation des Italiens (68%), loin devant la pauvreté et les inégalités (36%), les impôts et les taxes (35%), l’immigration (32%) et la criminalité (30%), au coude-à-coude. On voit donc que c’est avant tout sur le front du chômage que la nouvelle majorité est attendue.

Les Espagnols se montraient eux aussi très pessimistes avant l’arrivée au pouvoir de Pedro Sanchez : 20% seulement jugeaient que le pays allait dans « la bonne direction ». Là aussi, le chômage est la principale préoccupation de l’opinion (62%), mais la corruption, qui a contribué à la chute du Gouvernement de Mariano Rajoy, arrive en seconde position (56%), devant la pauvreté et les inégalités sociales. 

Enfin, à la veille d’élections présidentielles et législatives qui pourraient s’avérer difficiles pour Erdoğan, les Turcs se montrent eux-aussi largement pessimistes quant à la situation de leur pays : 72% jugent qu’il va dans « la mauvaise direction », un des niveaux les plus élevés de ces dernières années. Pour la première fois depuis l’été 2015, le terrorisme n’est pas leur préoccupation principale : il est à égalité avec le chômage et la pauvreté/les inégalités, chacun cité par 35% des personnes interrogés. La crise monétaire qui frappe le pays depuis quelques semaines semble avoir profondément affecté l’opinion.

Fiche technique : 
Cette enquête est réalisée tous les mois dans 28 pays grâce au panel en ligne d'Ipsos. Les pays inclus sont l'Argentine, l'Australie, la Belgique, le Brésil, le Canada, le Chili, la Chine, la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la Hongrie, l'Inde, Israël, l'Italie, le Japon, le Mexique, Malaisie, le Pérou, la Pologne, la Russie, l'Arabie Saoudite, la Serbie, l'Afrique du sud, la Corée du sud, l'Espagne, la Suède, la Turquie et les États-Unis. Un échantillon de 21 268 personnes âgées de 18 à 64 ans au Canada, en Israël et aux États-Unis, et de 18 à 65 ans dans les autre pays a été interviewé entre le 20 avril 2018 et le 4 mai 2018.

Auteur(s)

  • Mathieu Gallard - Directeur d'études, Public Affairs
    Mathieu Gallard
    Directeur d'Études, Public Affairs
  • Brice Teinturier, Directeur Général Délégué France, Ipsos
    Brice Teinturier
    Directeur Général Délégué, Ipsos bva (@BriceTeinturier)

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