Le mal-logement : un problème prioritaire pour les élus
Quels sont les enjeux liés au mal-logement auxquels sont confrontés les élus ? C’est ce que cherche à découvrir l’étude Ipsos-Steria pour la Fondation Abbé Pierre, réalisée auprès de 200 élus de communes de 3 500 habitants et plus. Il en ressort que le mal-logement est un problème important en France pour la quasi-totalité des élus (94%) et dans leur propre commune pour la moitié (55%) d’entre eux.
Le logement reste au cœur des préoccupations des élus, parce qu’il constitue un problème important dans la plupart des communes
72% des élus interrogés considèrent que le logement et l’urbanisme sont des enjeux prioritaires dans leur commune.
91% pensent que le logement est un problème important dans leur commune (en particulier les maires des communes supérieures à 20 000 habitants).
La difficulté à se loger, qui symbolise les problèmes rencontrés en matière de logement, concerne toutes les catégories de population, au premier rang desquelles les personnes en situation précaire et les familles monoparentales : selon 66% des élus, il difficile pour les personnes en situation précaire de trouver un logement dans leur commune et selon 61% pour les familles monoparentales. Preuve s’il en est de la gravité de la situation, la situation est également jugée difficile pour des populations a priori moins fragiles, comme les jeunes actifs (56%) ou encore les seniors (47%).
Parmi les multiples enjeux afférents au logement au sein des communes, la lutte contre le mal-logement arrive en tête
La lutte contre le mal-logement est jugée importante par 94% des élus, dont 57% la jugeant prioritaire dans leur commune. Les autres chantiers importants en matière de logement sont la diversification des types de logement (55% la juge prioritaire), la mixité sociale des quartiers (54%) et le développement du logement social (51%). La qualité des logements semble également être une priorité pour les élus, dans de moindres proportions toutefois : 46% jugent prioritaire la lutte contre la précarité énergétique, de même que l’amélioration de la qualité des logements, 44% le développement de la mixité fonctionnelle des quartiers et 44% la construction de logements.
La limitation des prix, enjeu prioritaire pour les Français, l’est moins pour les élus au regard de ces autres problématiques, sans doute parce qu’ils estiment avoir moins de marge de manœuvre sur ce sujet.
De fait, le mal-logement est considéré comme un problème important, que ce soit au niveau national (à 94%) ou dans les communes (à 55%)
La question du mal-logement se pose de manière plus aigüe dans les villes de plus de 20 000 habitants : si 55% des élus interrogés estiment que leur propre commune est confrontée à des problèmes de mal-logement, ils sont 73% à le penser dans les plus grandes agglomérations.
Toutefois, le sentiment que des choses ont été faites et que la situation s’est améliorée en matière de mal-logement au cours des 5 dernières années y est plus forte: 51% vs 44% en moyenne. En revanche, le diagnostic établi sur la situation en France en général reste assez sombre : seuls 14% des élus pensent que la situation s’est améliorée, alors qu’ils sont 43% à juger qu’elle s’est aggravée.
Ceci peut s’expliquer par les multiples freins rencontrés pour lutter contre le mal-logement, et qui sont, pour une large majorité d’élus, à chercher du côté du financement (82%), les réglementations trop complexes (79%) ou encore les lois inadaptées et peu efficaces (76%). Mais également par le sentiment qu’ils ne peuvent changer les choses qu’à la marge (47%) dans ce domaine, voire qu’ils ne peuvent pas faire grand-chose (18%) à leur niveau en matière de mal- logement. Au final, seuls 34% pensent qu’ils ont un réel pouvoir de changer les choses dans ce domaine.
Le mal-logement, un problème aux multiples visages pour les communes
Les situations de mal-logement jugées les plus problématiques sont la précarité énergétique (68%) - un problème qui se pose avec une acuité particulière en cette période hivernale – et le manque de logements sociaux (58%).
Les situations de mal-logement jugées les plus problématiques sont la précarité énergétique (68%) - un problème qui se pose avec une acuité particulière en cette période hivernale – et le manque de logements sociaux (58%). Entre un tiers et la moitié des élus considèrent également comme des problèmes importants la mauvaise qualité du parc privé (46%), les loyers impayés et les retards de remboursement (43%), ou l’hébergement d’urgence (38%).
Les élus s’estiment au cœur de l’action dans la lutte contre la mal-logement dans leur commune mais ils en appellent à l’Etat et aux intercommunalités pour endosser la responsabilité et l’organisation de cette action
Les bailleurs sociaux et la municipalité sont considérés comme les acteurs les plus actifs dans la lutte contre le mal-logement au sein des communes, par respectivement 67% et 63% des élus. Viennent ensuite l’échelon intercommunal (43%) et l’Etat (28%), devant le conseil Général (17%), les associations (13%), les promoteurs immobiliers (9%) et le ministère du Logement (3%)
Toutefois, selon les élus, c’est à l’Etat et aux intercommunalités de prendre la responsabilité de l’action contre le mal-logement, et de l’organiser. Seuls 19% estiment que c’est à la municipalité de le faire. Les élus semblent donc prêts à agir mais ils ont besoin d’un cadre pour le faire.
Concernant l’action du gouvernement en matière de logement et de mal-logement plus particulièrement, les élus semblent plutôt favorables aux orientations données mais maintiennent un niveau d’exigence fort
Près d’un élu sur quatre pense que la politique du logement (38%) et du mal-logement plus particulièrement (40%) va dans le bon sens, avec des clivages très marqués entre les élus de droite et ceux de gauche. Les orientations qui leur plaisent le plus sont l’objectif de rénovation thermique de 500 000 logements par an (88% pensent que cela va dans le bon sens de ce qu’il faut faire), la production de 150 000 logements sociaux par an (81%) et celle de 500 000 logements au total par an (77%).
Ils attendent avant tout des mesures pour éradiquer l’habitat indigne (76% jugent cette mesure prioritaire), maîtriser le coût du logement (53%) et développer des réponses d’hébergement pour les plus défavorisés (46%).
Fiche technique :
L’enquête a été réalisée par téléphone du 13 au 22 janvier 2014, auprès de 200 élus de commune de 3500 habitants et plus (Maires, Premiers Adjoints et Adjoints à l’urbanisme /au logement).
-L’échantillon a été raisonné lors de la réalisation du terrain, afin de disposer d’effectifs suffisants pour analyser les données selon la taille de la commune.
-L’échantillon a été ensuite redressé lors de la phase de traitement afin de redonner à chaque catégorie son poids réel dans l’ensemble de l’échantillon.
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