Les conséquences des attentats du 13 novembre 2015 sur les élections régionales
La décision rapide du gouvernement de ne pas reporter les élections régionales suite aux attentats est saluée par la quasi unanimité des Français (95%). Ce n’est évidemment pas l’intérêt pour ce scrutin qui explique ce résultat (moins d’un Français sur deux devrait se déplacer aux urnes le 6 décembre prochain) mais plutôt le fait que cette décision est perçue comme symbolique d’une volonté de ne pas céder à la menace terroriste.
Pour autant, les attentats du 13 novembre n’ont pas conféré aux élections régionales un statut « symbolique » qui se manifesterait par une volonté de participation massive. Certes, 30% des Français disent avoir davantage envie d’aller voter suite aux attentats et presque personne (4%) exprime un avis contraire mais, au total, deux électeurs sur trois n’ont ni plus, ni moins envie de participer au scrutin suite aux attentats. L’influence des évènements sur le niveau de la participation devrait donc être positive mais limitée. Les attentats renforcent plutôt l’envie de participer des personnes déjà certaines d’aller voter (30% ont beaucoup plus envie) tandis que parmi celles qui hésitent encore à se déplacer (environ 15% des Français), 20% seulement déclarent avoir « beaucoup plus envie ». A noter cependant que les sympathisants du Front National sont beaucoup plus nombreux que la moyenne à manifester qu’ils ont davantage envie de voter suite aux attentats (52%). Cela pourrait avoir un impact important car, pour un scrutin où la participation est traditionnellement assez faible (près de 54% d’abstention lors des dernières élections régionales de 2010), le succès passe avant tout par la capacité à mobiliser son électorat.
Une majorité de Français (52%) anticipe d’ailleurs une progression du vote Front National après les attentats. Pourtant, on constate, comme pour la participation, que l’impact sur le changement de vote devrait être plutôt limité. Près de 90% des électeurs certains d’aller voter n’ont pas changé d’avis sur leur intention de vote. Et, de plus, les éventuels changeurs ne vont pas tous dans le même sens (par exemple, 8% pourraient désormais voter FN mais dans le même temps 4% pourraient décider au contraire de ne plus voter FN). Ces possibilités de flux électoraux à la fois positifs et négatifs rendent tout pronostic définitif sur l’impact électoral des attentats difficile. L’examen détaillé des réponses montre cependant que le Parti Socialiste pourrait bénéficier d’un vote utile de la part des sympathisants du Front de Gauche et des Verts (19% ne pensaient pas voter PS mais maintenant hésitent) mais qu’il pourrait également voir certains de ses propres sympathisants (12%) se détourner de lui (peut être déçus que les mesures annoncées suite aux attentats ne l’aient pas été avant). Le Front National pourrait attirer davantage de sympathisants de la droite traditionnelle (9% des sympathisants LR/UDI/MoDem certains d’aller voter hésitent désormais à voter pour lui) et de la gauche radicale (7% des sympathisants FG ou EELV) mais aussi perdre des voix chez ses électeurs les plus proches (9% des sympathisants FN certains d’aller voter hésitent à continuer de voter FN).
En revanche, les attentats auront un impact direct sur les thématiques de campagne. Près de 80% des Français considèrent que les candidats aux élections régionales doivent faire des propositions concernant les réponses à apporter aux attentats. Ils sont même 38% à souhaiter que cela soit un thème important voir le thème principal de la campagne. Les sympathisants du Front National sont les plus nombreux (54%) à partager cette opinion. Cette intrusion des attentats dans « l’agenda » de la campagne va à la fois contribuer à nationaliser encore plus ce scrutin et, par ricochet, à renforcer l’importance de la thématique de l’insécurité voir de l’immigration.
Fiche technique :
Enquête réalisée online, du 21 au 24 novembre 2015, sur 939 personnes inscrites sur les listes électorales extraites d’un échantillon de 1007 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.