Neuf Français sur 10 considèrent que l'hôpital public est en danger

Quel regard portent les Français sur la situation de l'hôpital public ? Quelles difficultés rencontrent-ils dans leur parcours de soin ? Quelles mesures pour faire évoluer le système de santé ? Ipsos et la Fédération Hospitalière de France dévoilent la deuxième édition du "Baromètre de l'accès aux soins" mené auprès de 1500 Français.

Chiffres clés

► 92 % des Français considèrent que l'hôpital public est en danger, dont 49 % le considèrent « tout à fait en danger ».
► 89 % des Français se disent en colère face au manque de moyens alloués à l'hôpital public et aux conditions de travail du personnel soignant.
► Deux tiers (68 %) des Français ont renoncé à au moins un acte de soin au cours des cinq dernières années. 59 % y ont renoncé en raison du temps d'attente pour obtenir un rendez-vous médical.
► 95 % des Français demandent une augmentation des moyens de l'hôpital public

 

Une large majorité de Français se dit en colère face à la situation de l'hôpital public

Année après année, la menace qui pèse sur l’hôpital public infuse dans toute la société. Les Français sont désormais 92 % à le considérer en danger (dont 49 % « tout à fait en danger » vs 33 % en 2019). Quasi-unanimement, les Français se disent en colère face au manque de moyens alloués et aux conditions de travail du personnel soignant (89 %), indignés face à la persistance des inégalités d’accès aux soins (84 %), et ils craignent une catastrophe au vu du manque d’investissements (89 %).

 

Résultat : les Français sont inquiets pour leur propre santé. Trois quarts d’entre eux craignent de ne pas pouvoir accéder à des soins de qualité en cas de besoin urgent, et deux Français sur trois disent avoir peur d’être hospitalisés vu la situation actuelle !

Une progression continue du renoncement aux soins et des difficultés d’accès aux soins avec des répercussions inquiétantes sur la santé des Français

Plus de deux tiers des Français déclarent avoir renoncé à au moins un acte de soin ces 5 dernières années. Une proportion en hausse significative par rapport à 2024 (68 % vs 63 %), que ce soit à cause :

  • du temps d’attente pour obtenir un rendez-vous médical (59 % vs 53 % en 2024),
  • de difficultés financières (45 % vs 43 % en 2024)
  • ou de la distance (38 % vs 33 % en 2024).

 

Et quand ils se rendent à l’hôpital, plus de la moitié d’entre eux rencontrent des difficultés dans l’accès aux soins (54 % vs 50 % en 2024), avec des complications potentielles à la clé :

  • 41 % y ont expérimenté une incapacité à obtenir un rendez-vous en raison de la surcharge de travail du service ou du médecin ;
  • Un tiers a connu ou bien des retards dans le diagnostic d’un problème de santé, ou bien des reports de soins ou de traitement à l’hôpital.

La situation est particulièrement préoccupante aux urgences, avec des difficultés multiples qui portent, entre autres, sur les délais élevés d’attentes (39 %), mais aussi sur des examens médicaux absents (36 %).

Dans ce contexte, les Français demandent des actes et sont prêts à montrer l'exemple

S’ils demandent unanimement une augmentation des moyens de l’hôpital public (95 %), les Français exigent aussi des mesures d’efficacité pour que les dépenses soient fléchées vers les besoins urgents :

  • 94 % soutiennent la formation de plus de médecins dans les disciplines médicales les plus en tension (psychiatrie, gériatrie, pédiatrie, gynécologie…),
  • 86 % estiment qu’il faut assurer une répartition plus équitable des médecins sur le territoire quitte à leur imposer leur lieu d’exercice les premières années,
  • 74 % veulent une publication des actes établissement par établissement afin d’identifier les cas de sur-recours à des fins de rentabilité.

 

Preuve de la prise des consciences, six sur 10 sont prêts à accepter le transfert de certaines spécialités des hôpitaux de proximité (maternité, chirurgie…) vers des centres hospitaliers avec plus de personnel et plus d’équipements d’excellence.

Enfin, les Français sont prêts à montrer l’exemple en adoptant eux-mêmes les comportements qui permettraient de réduire la pression sur le système de santé : diminuer leur consommation d’alcool (90 %), réaliser tous les dépistages recommandés (89 %), toujours appeler le 15 avant d’aller aux urgences (88 %), faire tous les vaccins recommandés (86 %), ou arrêter de fumer (70 %).

Volet spécial | Santé des femmes : comment les biais sexistes impactent les diagnostics et les soins

Au-delà de l'accès de la population aux soins, le baromètre s'est également penché sur la situation des femmes. Le constat est là encore préoccupant : les inégalités de genre dans la prise en charge médicale persistent et compromettent la santé des femmes. Dans les faits, les biais sexistes engendrent des conséquences sérieuses sur les diagnostics et les soins, entraînant des retards, des minimisations de symptômes et même des interventions non désirées.

Accéder au volet spécial →

Plus d'informations sur fhf.fr

A propos de la Fédération Hospitalière de France

Fédération Hospitalière de FranceLa Fédération hospitalière de France rassemble les hôpitaux et établissements médico-sociaux (établissements et services pour personnes âgées et personnes en situation de handicap). Ses 4800 adhérents, regroupés en 20 fédérations régionales, emploient plus d’un million de professionnels.

Véritable « maison commune des hospitaliers », la FHF s’est construite autour de valeurs partagées :

  • l’égal accès à des soins de qualité pour tous, sur tous les territoires ;
  • la volonté d’innovation et d’excellence dans les soins, l’accompagnement, l’enseignement et la recherche ;
  • la continuité de la prise en charge.

En savoir plus →


A propos de ce sondage

Enquête Ipsos pour la Fédération Hospitalière de France menée du 20 au 26 février 2025 auprès de 1500 personnes constituant un échantillon national représentatif de la population vivant en France métropolitaine âgée de 18 ans et plus.

Auteur(s)

  • Adeline Merceron
    Responsable d'activité santé - Département Public Affairs
  • Etienne Mercier
    Etienne Mercier
    Directeur Opinion et Santé - Public Affairs

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