Plus de 85% des Français demandent une plus juste rémunération des paysans.

A l'approche de la réforme de la Politique Agricole Commune, Ipsos a interrogé les français sur la question de la rémunération des paysans, la préservation de l’environnement et du bien-être animal, et plus largement la restructuration du système agricole et alimentaire. Cette étude, réalisée pour la plateforme Pour Une Autre PAC, dresse un portrait progressiste, tandis que le débat public "imPACtons!" livre ses premiers résultats.

Quatre urgences pour la prochaine PAC : juste rémunération des paysans, préservation de l’environnement, garantie du bien-être animal, une alimentation saine et de proximité. 

La crise du COVID-19 a rappelé à quel point les secteurs agricole et agroalimentaire étaient cruciaux pour garantir notre alimentation au quotidien. Elle a également rappelé l’importance des soutiens financiers apportés à ces secteurs par le biais de la politique agricole commune (PAC), dont la réforme en cours fait l’objet d’un débat public en France.

Les premiers résultats du débat “imPACtons!” sont sans appel. Les citoyens estiment que la PAC doit donner la priorité aux questions environnementales tout en rééquilibrant les rapports de force dans la chaîne de valeur au profit des agriculteurs, dont ils reconnaissent le rôle essentiel pour assurer une production alimentaire de qualité. Ces résultats vont dans le même sens que le sondage réalisé par Pour une autre PAC en partenariat avec IPSOS auprès d’un échantillon représentatif de la population nationale.

D’après ce sondage, une grande majorité des Français demande que les financements de la PAC soient réorientés vers un modèle agricole et alimentaire plus juste, plus durable et plus sain. Pour 88% d’entre eux, ce modèle doit être en mesure d’assurer une juste rémunération en maintenant un nombre élevé de paysans en activité, et tout en préservant le climat, l’environnement et la biodiversité (87%), ainsi que le bien-être animal (85%). Concernant la consommation de produits d’origine animale, 70% des personnes interrogées souhaitent privilégier un modèle d’élevage caractérisé par une forte préoccupation pour le bien-être animal quitte à payer plus cher, alors que 10% seulement font primer l’abondance de produits d’origine animale sur la prise en compte du bien-être animal. Enfin, pour 85% des personnes interrogées, ce modèle doit permettre à chacun d’avoir accès à une alimentation locale et de saison, majoritairement issue de l’agriculture biologique.

Le débat public “imPACtons!” : un garde-fou démocratique pour la réforme en cours de la politique agricole française.

En tant que citoyen européen, nous contribuons tous au budget de la PAC par le biais de nos impôts et participons donc au financement d’un modèle agricole qui impacte notre santé et notre environnement au quotidien. Il est essentiel que la prochaine PAC en tienne compte.

Le débat “ImPACtons!” lancé en février 2020 par la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) entend précisément donner la parole aux Français sur le modèle agricole et alimentaire souhaité après 2020. Ses résultats doivent alimenter l’élaboration du Plan Stratégique National (PSN), qui constitue la déclinaison nationale de la PAC post 2020. La remise, vendredi 19 juin, du rapport à mi-parcours sur le débat au Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation (MAA) par la CNDP est une étape décisive pour montrer quelle agriculture la PAC devra soutenir.

L’élaboration du PSN comme opportunité pour mettre en place l’agriculture et l’alimentation souhaitées par les citoyens français.

Pour répondre aux aspirations des Français mises en lumière par le débat “ImPACtons!” et corroborées par le sondage Pour une autre PAC - Ipsos, le MAA doit concrétiser le changement de système agricole et alimentaire souhaité au travers du PSN. Dans cette optique, la plateforme Pour une autre PAC appelle le MAA à supprimer les droits à paiements de base et, tant qu’ils existent encore, à les plafonner à l’actif pour soutenir l’emploi agricole. La mise en place de paiements pour services environnementaux et de bien-être animal ambitieux, ainsi que le renforcement des mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC) et des aides à l’agriculture biologique, sont nécessaires pour enclencher une véritable transition agroécologique. Enfin, l’utilisation des aides couplées au profit des fruits et légumes frais ou encore des légumineuses est un levier efficace pour atteindre une véritable souveraineté alimentaire.

La suspension du débat en raison de la crise du COVID-19 ne doit en aucun cas amoindrir ses chances de déboucher sur la construction d’un modèle agricole et alimentaire conforme aux attentes des citoyens. Bien au contraire, cette crise fait plus que jamais le besoin urgent d’un modèle agricole et alimentaire résilient, basé sur la juste rémunération des paysans, la transition agroécologique,  la relocalisation de notre système alimentaire et une meilleure prise en compte du bien-être des animaux d’élevage.

Auteur(s)

  • Renaud Loesel - Directeur de clientèle, Market Strategy & Understanding
    Renaud Loesel
    Directeur de clientèle, Market Strategy & Understanding

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