PME : un dirigeant sur trois évite d'embaucher des seniors
"Madame, Monsieur, je suis en recherche d'emploi, j'ai 57 ans. Un cabinet de recrutement vient de me confirmer que la non embauche des seniors vient des dirigeants de sociétés. Les cabinets de recrutement et sûrement les agences d'intérim recherchent du personnel "jeune", conformément à la demande des DRH. Confirmez-vous cette pratique ?" A cette question suggérée par un lecteur de la Tribune, 36% des patrons de PME – et jusqu'à 48% dans le secteur industriel – répondent en toute franchise par l'affirmative. "Les salaires plus élevés", "la mobilité plus faible", "le manque de docilité" ou "le coût plus élevé de licenciement" sont autant de raisons évoquées pour justifier de cette pratique discriminatoire. On recense tout de même une majorité des patrons (60%) qui ne confirment pas l'affirmation, 4% ne se prononcent pas.
Au-delà de cette question "d'actualité", cette dernière vague du baromètre est marquée par un léger rebond de l'Indice d'Etat de Santé des PME-PMI, qui retrouve les 100 points (+2). Cette légère augmentation renvoie à une meilleure perception de l'environnement économique, qui semble un peu plus favorable au développement des entreprises que ces derniers mois (indice à 109 points contre 104 points en avril). La trésorerie aussi semble se redresser, avec un indice de satisfaction à 95 points ce mois-ci, en progression depuis le début de l'année. Mais de façon plus générale, c'est surtout la demande qui, au-delà des variations conjoncturelles, s'est redressée de façon spectaculaire par rapport aux basses eaux de la crise financière de 2008/2009. Même si la crise n'est pas encore tout à fait amortie, au moins entrevoit-on des jours meilleurs. Les anticipations ne sont en tous cas plus aussi pessimistes qu'auparavant ; la demande n'est plus systématiquement pointée "à la baisse", mais majoritairement désignée comme "stationnaire". Environ 15% des entreprises constatent même une demande "en hausse".
Ce léger mieux ne se traduit pourtant pas encore par une augmentation des embauches. Avec 57% des entreprises qui déclarent un nombre de salariés "stationnaire", 27% "en baisse" et seulement 16% "en hausse", le solde en terme d'emploi serait en effet toujours déficitaire. Idem par rapport à l'investissement productif, avec 45% des entreprises qui déclarent un achat d'équipement "stationnaire", 19% "en hausse" mais 35% "en baisse". L'enquête montre enfin que si les patrons pensent toujours en premier lieu au traditionnel "poids des charges sociales" quand on leur demande le frein principal au développement de leur entreprise (37% de citations), ils évoquent de plus en plus "le coût des matières premières" (20%, 34% dans les transports), avant même d'incriminer "le niveau de la demande" (18%).