Quels sont les effets de la révolution numérique sur les conditions de travail des Réunionnais ?
Comment anticiper les effets de la révolution numérique sur nos conditions de travail ? C’était le grand thème de la semaine de la qualité de vie au travail qui a eu lieu du 13 au 17 juin à la Réunion. Pour l’occasion, les équipes Ipsos Océan Indien ont réalisé pour l'ARVISE (Association Réunionnaise pour la Valorisation des Initiatives Socio-Economiques) une étude* auprès de 330 actifs et 50 chefs d’entreprises pour évaluer la perception et les usages du numérique au travail.
UN ENTHOUSIASME CERTAIN POUR LE NUMÉRIQUE À LA RÉUNION
Les salariés réunionnais et les entreprises de l'île apparaissent aussi à l’aise avec les technologies que les métropolitains.
Cela étant, si les salariés réunionnais sont aujourd’hui plus enthousiastes vis-à-vis du numérique et sur son impact sur leur travail, ceci peut être dû à une diffusion plus récente des technologies dans la sphère professionnelle. A noter que les plus de 50 ans, sont eux moins enthousiastes et plus pessimistes sur leur avenir.
Malgré ces différences de perceptions, on retrouve globalement les mêmes tendances qu’en métropole, à savoir :
- Une vision très « utilitaire » du numérique, qui permet de simplifier les process, gagner en souplesse (et en réactivité).
- Un effet positif sur l’efficacité de l’organisation, le reporting, la qualité du travail, l’échange d’information.
MAIS LES CONDITIONS DE TRAVAIL SE SONT DÉGRADÉES, ET LES CHEFS D’ENTREPRISES NE LE VOIENT PAS TOUJOURS
Mais le numérique a également ses effets pervers : 40% des salariés ont l’impression que leurs conditions de travail se sont dégradées. En cause :
- l’accélération des échanges qui a logiquement accru la pression sur les délais, mais aussi la charge de travail (et ce de façon plus marquée pour les 50 ans et +).
- Les ressources ne sont pas toujours en phase : le matériel peut parfois être obsolète, et les salariés n’ont pas forcément suivi de formations adéquates (ce qui augmente le stress).
- La virtualisation des échanges isole les salariés et nuit au dialogue social.
Malheureusement les chefs d’entreprise ne semblent pas avoir pris la mesure de ces effets négatifs et des risques psychosociaux induits.
- S'ils reconnaissent que le numérique peut augmenter la pression sur les délais et donc le niveau de stress, ou rendre moins étanche la séparation vie professionnelle/vie personnelle, ils sous-estiment systématiquement les effets négatifs et sur-estiment l'impact du numérique sur les conditions matérielles de travail, ou la qualité des informations transmises.
- Par conséquent, les chefs d'entreprise ne prennent pas la mesure des risques et donc des chantiers à mettre en place.
LES PRIORITÉS : L'ACCOMPAGNEMENT DES SALARIÉS ET DES CHEFS D'ENTREPRISE !
Pour les salariés : des formations spécifiques, du matériel performant, du management de proximité
- Priorité doit être donnée au diagnostic des ressources dans les entreprises : un matériel obsolète ou peu rapide, l'absence de formation spécifique est une source importante de stress et de déperdition d'énergie !
- A contrario la formation permet non seulement le développement des compétences et donc la reconnaissance du salarié, et son implication dans son travail, les nouveaux process.
- Il faut retrouver du TEMPS pour recréer du LIEN entre salarié et manager et du SENS aux missions, grâce à des échanges en face à face (ou a minima de visu).
Pour les chefs d'entreprise : les formations au management à l'ère numérique, les risques psychosociaux
- Même si la question ne leur a pas été posée, les chefs d'entreprise doivent faire face aux mêmes défis, et les besoins en formation, matériels adéquates sont donc les mêmes;
- Mais aussi il y a nécessité de les former sur le management à l'ère du numérique notamment pour éviter les conflits durs et "la casse sociale".
*Etude financée par la CGSS (Caisse Générale de Sécurité Sociale) de la Réunion.
CONTACT : Armelle Garnier
Directrice Générale Océan Indien, Ipsos
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