Santé : un accès aux soins de plus en plus difficile en France

Pour la Fédération Hospitalière de France, Ipsos a interrogé les Français sur leur accès et leur recours aux soins de santé. Malgré une acceptation croissante de la distance entre domicile et infrastructures de santé, les disparités territoriales accentuent les difficultés d'accès aux soins en France. Avec un temps d'attente pour les rendez-vous en nette augmentation, une surcharge des urgences, et une dégradation de l'offre de soins, cette situation conduit de plus en plus de Français à renoncer aux soins, avec des conséquences parfois graves.

Un accès aux services de soins qui reste difficile et une fracture importante entre territoires

L’accès aux services de soins est en mutation globale et les Français se montrent de plus en plus conciliants sur la distance qu’ils jugent acceptable entre leur domicile et les différentes infrastructures de santé.

Néanmoins, à l’exception du médecin généraliste et du pharmacien, les ruraux sont toujours pénalisés dans leur accès aux services de soins, avec des distances aux différents professionnels nettement plus importantes et bien au- delà du temps jugé « acceptable ». En moyenne, le temps d’accès aux soins pour les ruraux reste généralement supérieur de 52 % à celui des urbains.

Enfin, tous territoires confondus, le temps d’attente pour obtenir un RDV a, lui, presque doublé en cinq ans sur la majorité des spécialités.

Temps moyens d'obtention de rendez-vous médicaux en France

Une pression grandissante sur les urgences qui résulte de la dégradation de l’offre de soins

Cette dégradation de l’offre de soins n’est pas sans conséquence pour les urgences publiques, dont le sur-recours n’a cessé d’augmenter : 54 % des Français disent s’être déjà rendus dans un service d’urgence pour des raisons qui ne relevaient pas d'une urgence médicale (vs 42 % en 2019). Par ailleurs : près d’un quart des Français choisit les urgences faute d’alternative et un Français sur cinq dit même aller aux urgences par simple réflexe.

Ce phénomène traduit notamment le besoin de mieux organiser le lien ville-hôpital et la nécessité d’un premier recours plus fort. Dans 32% des cas, le patient est venu aux urgences faute de savoir où d’autre se rendre. Dans 30% des cas, il est venu aux urgences à la suite d’un refus de prise en charge non programmée par un médecin généraliste ou spécialiste de ville.

Une situation lourde de conséquences : les Français renoncent de plus en plus aux soins

Entre difficulté d’accès aux soins et difficultés économiques, ce sont plus de six Français sur 10 qui ont déjà renoncé à au moins un acte de soin au cours des 5 dernières années :

  • 50 % parce que c’était trop long d’obtenir un RDV ;
  • Plus de 40 % pour des difficultés financières ;
  • Et un tiers à cause de l’éloignement géographique.

Par ailleurs, un Français sur deux a déjà vécu un retard de soins à l’hôpital au cours des cinq dernières années en raison de la surcharge de travail du service ou du médecin, ou de la difficulté à y obtenir un rendez-vous que ce soit pour lui ou pour un proche.

Lorsqu’ils ont été confrontés à ces situations, plus d’un Français sur trois déclarent que ces reports de soins ont eu des conséquences graves pour eux, et plus d’un Français sur deux rapportent des conséquences graves pour leurs proches.

En parallèle, quatre malades chroniques (ou concernés par un handicap physique) sur 10 partagent le constat que leur prise en charge médicale s’est détériorée depuis le Covid.

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Fondation Hospitalière de France

A propos de la Fédération Hospitalière de France

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Aux côtés de ses 4800 adhérents réunis dans 20 fédérations régionales, la FHF est force de proposition pour simplifier et renforcer l'efficacité du système de santé, à partir des territoires.


A propos de cette enquête

Enquête Ipsos pour la Fédération Hospitalière de France menée su 29 février au 6 mars 2024 auprès d'un échantillon de 1500 Français représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus.

Auteur(s)

  • Adeline Merceron
    Responsable d'activité santé - Département Public Affairs

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