Sécurité routière : les Français déclarent moins d'incivilités et de comportements dangereux
A la veille du long week-end de l’Ascension, l’un des plus chargés de l’année sur les routes, la Fondation VINCI Autoroutes publie les résultats de son 15e Baromètre de la conduite responsable mené par Ipsos . Cette vaste enquête annuelle dresse un état des lieux des comportements et représentations des Européens au volant. Elle permet de suivre l’évolution des conduites à risque et des bonnes pratiques pour contribuer notamment à mieux orienter les messages de prévention. Alors que le nombre de personnes tuées sur les routes en France est en baisse depuis le début de l’année (-14 % au 1er trimestre 2025 par rapport à la même période de 2024 [1] ), la sensibilisation doit se poursuivre pour encourager l’évolution positive des comportements constatée dans cette édition 2025.
Note de lecture : les chiffres en italique correspondent aux résultats européens
Incivilités : une inflexion bienvenue mais le climat reste très tendu sur la route
Bien que l'autocomplaisance des Français vis-à-vis de leur propre conduite et leur sévérité envers celle des autres restent élevée, les comportements inciviques semblent marquer le pas.
Les Français sont, de façon intangible, convaincus d’être exemplaires au volant : 96 % (stable) citent au moins un adjectif positif pour décrire leur propre attitude sur la route (98 % des conducteurs européens). Ils se considèrent, en grande majorité vigilants (76 %, +1 pt par rapport à 2024 ; 75 % en Europe), calmes (52 %, -3 pts par rapport à 2024; 59 %) ou courtois (26 %, -1 pt par rapport à 2024 ; 30 % en Europe).
Si certain admettent être stressés (15 %, +1 pt ; 11 %), ils ne se voient cependant presque jamais agressifs (4 %, -1 pt ; 3 %), irresponsables (1 % ; 1 %) ou dangereux (moins de 0,5 %, -2 pt ; 1 %).
Les mauvais conducteurs sont, à leurs yeux, encore et toujours les autres : près de neuf conducteurs sur 10 (87 %, +2 pts ; 79 %) citent au moins un adjectif négatif pour décrire le comportement des autres, considérés comme dangereux (41 % ; 28 %), irresponsables (41 %, +3 pts ; 42 %), agressifs (37 % ; 30 %) ou encore stressés (32 %, +1 pt ; 35 %).
Pourtant cette assurance et ce sentiment d’irréprochabilité au volant largement partagés ne se traduisent pas par un climat serein sur la route. Bien au contraire, 87% des conducteurs, soit près de neuf sur 10, disent toujours craindre l’agressivité des autres au volant (-1 pt ; 83 %).
Protégés par l’habitacle de la voiture, certains conducteurs admettent ainsi agir de façon différente lorsqu’ils sont en voiture. Nervosité, impulsivité ou agressivité : près d’un conducteur sur cinq admet ne plus être vraiment la même personne lorsqu’il est au volant (18%, +1 pt ; 14 %), 16 % des conducteurs se sentent « comme dans une bulle » et font moins attention aux autres (-1 pt ; 18 %) et 13% vont même jusqu’à considérer que, sur la route, « c’est chacun pour soi » (13 %, -1 pt ; 14 %).
Et même si les comportements agressifs et inciviques semblent marquer le pas cette année, ils restent trop nombreux :
- 63 % reconnaissent injurier les autres conducteurs (-4 pts; 50 %) ;
- 54 % klaxonnent de façon intempestive des conducteurs qui les énervent (-1 pt ; 47 %) ;
- 30 % collent délibérément les véhicules des conducteurs qui les énervent (-2 pts ; 30 %) ;
- 27 % doublent par la droite sur l’autoroute (-1 ; 34 %) ;
- 13 % descendent de leur véhicule pour s’expliquer avec un autre conducteur (- 5 pts ; 18 %).
Une légère progression du respect des règles du code de la route
En 2025, les conducteurs français sont un peu moins nombreux à déclarer ne pas respecter les règles du code de la route mais les comportements dangereux, souvent adoptés au nom d’une liberté immédiate sans prendre en compte les possibles conséquences sur leur sécurité et celles des autres, restent largement majoritaires.
- Neuf conducteurs français sur 10 (90 %) dépassent de quelques kilomètres/heure la limitation de vitesse (-1 pt ; 85 %) ;
- 68 % ne respectent pas les distances de sécurité (-4 pts, 58 %) ;
- 58 % oublient de mettre leur clignotant pour doubler ou changer de direction (-1 pt ; 51 %) ;
- 43 % roulent sur la voie du milieu sur autoroute alors que la voie de droite est libre (-3 pts ; 51 %) ;
- 27 % doublent à droite sur autoroute (-1 pt ; 34 %)
- 9 % des conducteurs, soit près d’un sur 10, déclarent qu’il leur arrive de ne pas attacher leur ceinture (-1 pt ; 19 %) et 17 % des hommes de moins de 35 ans (29 %).
Remise en cause du bien-fondé des règles, excès de confiance ou désinvolture : un certain nombre de conducteurs français justifient leur non-respect du code de la route :
Parce qu’ils estiment pouvoir s’en affranchir (car ils sont vigilants, expérimentés ou ont un véhicule sûr). Ainsi, parmi eux :
- 48 % ne mettent pas leur clignotant pour tourner (49 %) ;
- 74 % ne s’arrêtent pas au feu orange (79 %) ;
- 41 % ne s’arrêtent pas complètement à un panneau « STOP » (52 %) ;
- 92 % dépassent, ne serait-ce que légèrement, les limitations de vitesse (91 %).
Parce que les règles ne leur semblent pas toujours adaptée à la situation, qu’ils ne la maitrisent pas entièrement ou qu’ils la jugent uniquement destinée à pouvoir délivrer des sanctions/amendes. Ainsi, parmi eux :
- 51 % ne mettent pas leur clignotant (46 %) ;
- 75 % ne s’arrêtent pas au feu orange (79 %) ;
- 37 % ne s’arrêtent pas complètement à un panneau « STOP » (46 %) ;
- 93 % dépassent les limitations de vitesse, même ne serait-ce que légèrement (93 %) ;
Ou parce que « c’est leur liberté » et qu’ils souhaitent conduire comme ils l’entendent, peu importe les règles. Parmi eux :
- 59 % ne mettent pas leur clignotant (54 %) ;
- 81 % ne s’arrêtent pas au feu orange (79 %) ;
- 40 % ne s’arrêtent pas complètement à un panneau « STOP » (59 %) ;
- 94 % dépassent les limitations de vitesse, même ne serait-ce que légèrement (89 %) ;
L’usage des distracteurs en baisse mais à un niveau toujours très élevé
44 % des Français (51 %) placent l’inattention parmi les principales causes d’accidents mortels sur les routes en général, en 2ème position derrière la conduite sous l’empire d’alcool ou de stupéfiant (2ème position ).
Pour autant, 84 % des conducteurs admettent qu’il leur arrive de quitter la route du regard pendant plus de 2 secondes (-3 pts ; 81 %), soit, à 130 km/h, l’équivalent d’au minimum 72 mètres parcourus « à l’aveugle ».
L’utilisation du smartphone au volant dans toutes ses fonctionnalités — conversations téléphoniques, messages, mails, applications, GPS, etc. —est en recul, alors qu’elle ne cessait d’augmenter ces dernières années :
- 75 % des Français utilisent leur smartphone ou programment leur GPS au volant (-3 pts ; 77 %) ;
- 61 % déclarent téléphoner au volant (-4 pts en un an ; 67 % mais +7 pts par rapport à 2018 ; 67 %, +6 pts par rapport à 2018) dont 39 % régulièrement (-5 pts ; 43 %) ;
- 47 % paramètrent leur GPS en conduisant (-3 pts ; 49 %) ;
- 29 % envoient et/ou lisent des SMS ou des mails (-1pt ; 25 %), c’est le cas pour 34 % des jeunes permis2 (32 %);
- 31 % signalent aux autres conducteurs des événements via une application (-2 pts ; 25 %) ;
- 5 % regardent des films ou des vidéos sur smartphone ou tablette (-2 pts ; 7 %), c’est le cas pour 9 % des jeunes permis (13 %).
Les conducteurs téléphonent avant tout en Bluetooth (55 %, -4 pts ; 58 %) — une pratique qui détourne tout autant l’attention que les autres modes de conversation3. Cependant, les usages interdits par le code de la route restent encore bien présents : 17 % des conducteurs téléphonent encore en ayant leur smartphone tenu en main, c’est-à-dire sans kit main libre (17 %, -3 pts ; 23 %) ou avec une oreillette, un casque ou des écouteurs (12 %, -4 pts ; 30 %).
Le recul de l’usage du téléphone au volant, constaté cette année, concerne également :
- les jeunes de moins de 35 ans : 67 % téléphonent au volant (-12 pts ; 78 %) ; 63 % des hommes et 69 % des femmes (81 % et 76 %) ;
- les personnes qui participent à des réunions téléphoniques pour le travail : 8 % des actifs en général (-5 pts ; 19 %) et 12 % des cadres4 (-12 pts ; 25 %).
Somnolence et fatigue : un impact délétère sur le comportement de conduite
En France, la somnolence est beaucoup plus identifiée comme une cause d’accidents mortels sur autoroute que dans les autres pays d’Europe (citée par 36 % des Français contre 18 % des Européens).
Pour autant, 39 % des conducteurs français déclarent encore prendre le volant alors qu’ils se sentent très fatigués (-4 pts ; 32 %)5 alors-même que l’impact de cette fatigue est indéniable. Ainsi, parmi eux :
- 43 % ont déjà eu l’impression de s’assoupir au volant vs. 29 % des conducteurs en général (34 % vs. 25 %) ;
- 26 % admettent avoir une conduite nerveuse, impulsive ou agressive vs. 18 % des conducteurs en général (21 % vs. 14 %) ;
- 85 % reconnaissent qu’il leur arrive d’être moins attentifs à leur conduite et que leur esprit vagabonde vs. 65 % des conducteurs en général (77 % vs. 53 %) ;
- 33 % ne s’arrêtent jamais pour faire une sieste vs. 34 % des conducteurs en général (37% vs. 38 %) ;
- 36 % ont déjà empiété sur la bande d’arrêt d’urgence ou le bas-côté de la route à cause d’un moment d’inattention ou d’assoupissement vs. 25 % des conducteurs en général (27 % vs. 17 %).
Pour les longs trajets, certaines pratiques à l’origine de la somnolence au volant restent toujours très répandues que ce soit avant le départ… :
- 85 % des conducteurs français se couchent plus tard ou se lèvent plus tôt que d’habitude avant un long trajet (+1 pt ; 84 % des européens ) ;
- 69 % finissent leurs préparatifs tard dans la soirée avant le départ (stable ; 78 %) ;
- 66 % partent de nuit (-3 pts ; 67 %).
…ou pendant le trajet :
- 15 % des conducteurs français ne programment pas leurs horaires de départ en fonction des heures pendant lesquelles ils se savent moins fatigués (+1 pt ; 13 % des conducteurs européens)
- 20 % ne décalent pas le moment de leur départ lorsqu’ils sont fatigués (+3 pts ; 21 %)
- 25 % ne changent pas de conducteur au cours du trajet quand cela est possible (+1 pt ; 27 %) ;
- 34 % ne s’arrêtent pas au cours du trajet pour faire une sieste (+1 pt ; 38 %) - pratique pourtant la plus efficace pour prévenir le risque d’endormissement au volant.
La part des conducteurs faisant des trajets longs qui roulent plus de 2 heures d’affilée avant de réaliser une pause reste majoritaire même si elle est inférieure à celle des Européens : 53 %, soit plus d’un conducteur sur deux (-2 pts ; 61 %) et même 58 % des hommes de moins de 35 ans (69 %) conduisent plus de 2 heures avant de réaliser une pause. Le temps moyen de conduite avant de s’arrêter lors d’un long trajet atteint ainsi 2h48 (-9 minutes, 3h09, -5 minutes) et 3h00 pour les hommes de moins de 35 ans (3h39), soit une durée bien au-delà des 2 heures recommandées.
Alcool, drogues, médicaments : des pratiques persistantes malgré une conscience des dangers
La conduite sous l’emprise de l’alcool ou de stupéfiants est identifiée comme étant la principale cause d’accident mortel sur les routes en général (71 %, +2 pts ; 52 % des Européens) et sur les autoroutes (44 %,+4 pts ; 31 %) — à égalité avec la vitesse excessive pour ces dernières.
- 7 % des conducteurs français (5 %) reconnaissent qu’il leur arrive de prendre le volant en état d'ébriété, c’est-à-dire en étant au-dessus du taux d’alcool autorisé et en ressentant les effets de l’alcool sur leur état physique ou leur perception et pourtant 83 % d’entre eux considèrent qu’il est dangereux de conduire en état d’ébriété (85 %).
- 12 % (-3 pts ; 8 %) conduisent en ayant consommé des médicaments susceptibles d’altérer leur vigilance, 15 % des hommes de moins de 35 ans (10 %) et 8 % des 65 ans et plus (4 %)
- 2 % (-2 pts ; 2 %) conduisent après avoir fumé du cannabis et 3 % des hommes de 16 à 24 ans (5 %)
- 1 % (-1 pt ; 2 %) conduisent après avoir consommé des drogues (cocaïne, ecstasy, etc.) et 5 % des hommes de 16 à 24 ans (4 %)
Sécurité des intervenants : la connaissance et l’application de la règle du corridor de sécurité progresse mais reste trop peu systématique
Les campagnes de sensibilisation à la sécurité des intervenants sur la route, régulièrement déployées à l’échelle nationale, permettent une meilleure connaissance de la règle du corridor de sécurité par les conducteurs :
- 64 % des conducteurs français n’appliquent pas systématiquement la règle du corridor de sécurité (-3 pts et -9 pts depuis 2020).
- 14 % ne connaissent pas cette règle pourtant en vigueur depuis 2018 (-5 pts et -13 pts depuis 2020) ;
- 50 % oublient de ralentir à l’approche d’une zone de travaux (-2 pts ; 50 %).
Pour autant, son application reste toujours insuffisante : en 2024, plus de deux fourgons d’intervention ont encore été percutés en moyenne chaque semaine sur le réseau autoroutier concédé français et depuis 2022, 10 agents6 ont perdu la vie en intervention.
A propos de la Fondation VINCI Autoroutes
Créée en février 2011, la Fondation VINCI Autoroutes est à la fois un laboratoire, un observatoire et un outil d’information dédié à l’évolution des comportements. Investie depuis l’origine dans la promotion de la responsabilité individuelle et collective sur la route, elle a progressivement élargi son territoire d’action à l’éducation, au respect de l’environnement et à l’ouverture aux autres par la lecture. Autant de traductions, pour tout un chacun, de l’aspiration à bien (se) conduire sur la route.
Depuis 2022, la Fondation soutien également des projets de préservation et de restauration du patrimoine naturel dans les territoires.
A propos de ce sondage
Enquête Ipsos-CESI École d'inégénieurs pour la Fondation d'entreprise VINCI Autoroutes menée du 11 février au 11 mars 2025 auprès, par Internet, 12 403 personnes âgées de 16 ans et plus, dont 2 403 Français et 1 000 personnes minimum dans chacun des 10 autres pays sondés (Allemagne, Belgique, Espagne, Grèce, Italie, Pays-Bas, Pologne, Royaume-Uni, Slovaquie, Suède). La représentativité de chaque échantillon est assurée par la méthode des quotas.
Notes
[1] Source : ONISR – Avril 2025
[2] Personnes ayant obtenu le permis depuis moins de 3 ans.
[3] Étude sur les effets des conversations téléphoniques sur les capacités d’attention et de perception des conducteurs (2014), Centre d’investigations neurocognitives et neurophysiologiques de l’Université de Strasbourg (Ci2N) pour la Fondation VINCI Autoroutes.
[4] Cadres de direction, gérants, professions intellectuelles
[5] Près d’un quart des Français dort moins de 6 heures par nuit en semaine soit bien moins que les 7 heures recommandées par les spécialistes du sommeil
[6] Source : Enquête sur le sommeil des Français, INSV/Fondation VINCI Autoroutes, mars 2025