Sexualité : de quoi les Françaises ont-elles vraiment envie ?
Ipsos a réalisé une enquête pour Psychologies Magazine qui confirme que les Françaises sont de plus en plus décomplexées dans leurs pratiques sexuelles. Sans surprise, leurs comportements, envies et attentes évoluent en fonction de facteurs multiples (dont leur génération et l’âge de la vie dans lequel elles se situent). En trois mots, la clef de succès pour leur faire éprouver plus de plaisir : sensualité, audace, sauvagerie… tout un programme !
Retrouvez les analyses et les décryptages du sondage par des spécialistes (psychanalystes, sexologues, écrivains) dans le numéro de Psychologies à paraître le 29 avril en kiosque.
I – Si les femmes expriment davantage leurs désirs sexuels, en revanche, elles ne réalisent que rarement leurs fantasmes
Si la parole féminine se libère, dans bien des cas les femmes « osent » toujours moins que les hommes…
C’est l’un des premiers grands enseignements de l’enquête. Certes, la quasi-totalité des interviewées a le sentiment que depuis ces dernières années, les femmes osent davantage exprimer leurs désirs sexuels (97%) et ce quel que soit leur âge, leur niveau d’études ou encore leur situation de famille. A priori donc, tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes. De la même façon, la grande majorité d’entre elles perçoit cette libération de la parole comme un phénomène positif (82%), même si elles estiment le plus souvent qu’il est « plutôt » positif (61% contre seulement 21% qui considèrent qu’il est « très » positif).
Le fait que leur opinion soit modérée en ce qui concerne les répercussions d’une plus grande liberté de propos pose en filigrane la question de la libération de la parole masculine. Globalement, cette dernière reste probablement plus libre que celle des femmes, même si pour une partie des femmes interrogées il y a désormais une égalité parfaite.
Ainsi, seule une courte majorité des interviewées estime que les femmes osent autant que les hommes parler de leurs fantasmes sexuels (51%) ou encore demander franchement ce dont elles ont envie au lit (50%). A l’opposé, bon nombre d’entre elles continuent de considérer que la liberté de parole est aujourd’hui plus forte chez les hommes en ce qui concerne la capacité à parler de ses fantasmes (34% contre seulement 14% qui pensent que les femmes osent plus facilement le faire) ou encore demander franchement ce dont on a envie au lit (37% contre 12% pour les femmes). Le seul sujet dont elles estiment majoritairement parler autant que les hommes (51%), voire plus qu’eux (30%), c’est de leur plaisir.
… et plus spécifiquement en ce qui concerne leurs fantasmes
C’est probablement le principal « marqueur » d’une sexualité féminine toujours moins libre que celle des hommes. En effet, seulement 43% des interviewées estiment que les femmes osent autant que les hommes réaliser leurs fantasmes sexuels, tandis que presqu’une sur deux considère que ce sont eux qui osent le plus le faire (47%).
D’ailleurs, un autre chiffre est assez éloquent : moins d’une femme sur quatre avoue qu’il lui est souvent arrivé de réaliser l’un de ses fantasmes (24%). Dans la plupart des cas elles ne l’on fait que rarement (47%), voire jamais (25%). Il est donc assez peu étonnant que moins d’une femme sur cinq avoue qu’il lui arrive de se sentir honteuse de certains de ses désirs ou de ses fantasmes (18%) puisque de toutes les façons elles passent rarement à l’action.
II – Le niveau de satisfaction sexuelle actuelle des femmes est « bon » mais assez modéré
Les femmes notent leur plaisir : 7/10 - « bon mais peut mieux faire »
Autre enseignement de l’enquête, si les femmes se montrent globalement satisfaites de la qualité de leurs relations sexuelles, les résultats montrent à plus d’un titre que certaines estiment que tout n’est pas parfait, loin s’en faut.
D’abord, la note qu’elles attribuent au plaisir qu’elles ressentent lors de leurs relations sexuelles est certes honorable mais loin d’être exceptionnelle (7/10). Moins d’une femme sur cinq attribue une note comprise entre 9 et 10 (19%), tandis qu’un tiers se montrent relativement critiques en donnant à leur plaisir sexuel une note inférieure ou égale à 6/10 (30%).
Nul doute que si les femmes expriment une satisfaction sexuelle certes bonne mais aussi modérée, c’est en partie en raison de leur moindre capacité à « oser » demander non seulement à ce que leurs fantasmes soient exaucés mais aussi tout simplement, à prendre l’initiative de l’acte sexuel (seules 53% reconnaissent le faire souvent).
Fréquence des rapports sexuels : et si les hommes souffraient aussi du syndrome de la migraine ?
Aujourd’hui, une femme sur deux déclare faire l’amour au moins une fois par semaine (51% dont 4% au moins une fois par jour, 27% entre deux et cinq fois par semaine et 20% une fois par semaine). 14% affirme le faire moins d’une fois par mois et seule une femme sur dix dit ne jamais avoir de relations sexuelles (11%). Par ailleurs, si une majorité de femmes dit être satisfaite de la fréquence de ses relations sexuelles (62%), seule une minorité déclare que c’est « tout à fait le cas » (19%), la plupart d’entre elles se disent simplement « plutôt » satisfaites (43%).
D’ailleurs, idéalement, presqu’une femme sur deux aimerait avoir des relations sexuelles plus fréquentes qu’aujourd’hui (47%). Seulement 6% avouent qu’elles préféreraient faire l’amour moins souvent (contre 46% qui se montrent satisfaites de la fréquence actuelle de leurs relations sexuelles).
L’enquête apporte des éléments d’explication : en effet, seulement une femme sur deux déclare qu’elle prend souvent l’initiative de l’acte sexuel (53%). Les autres ne le font que rarement, voire jamais (44%). C’est donc une forme d’autocensure que de nombreuses femmes s’appliquent à elles-mêmes en laissant encore (trop) souvent l’initiative aux hommes. Là encore, l’âge est un facteur clivant : les plus jeunes prennent plus fréquemment les choses en main que les plus âgées (69% des 18-24 ans).
III – Les attitudes, les comportements et les attentes de la génération des moins de 25 ans : une révolution en marche ?
Des pratiques sexuelles bien plus libérées et appréciées par les 18-24 ans : cunnilingus, fellation, 69…
En matière de sexualité, on sait depuis toujours qu’il y a des effets d’âge et que les comportements et les perceptions varient beaucoup en fonction de la génération à laquelle on appartient et de l’âge de la vie dans lequel on se situe (jeune célibataire, en couple avec ou sans enfant, jeune retraitée, etc.). En effet, la génération des 18-24 ans (et dans une moindre mesure celle des 25-34 ans) détonne fortement par rapport aux autres.
Le fait est que cette génération de jeunes, tout comme celle des 25-34 ans, exprime un engouement beaucoup plus fort pour des pratiques que les générations plus âgées n’apprécient peu, voire pas du tout. Ainsi, la grande majorité des 18-24 ans dit apprécier le cunnilingus (63% contre 52% au global), la pratique de la fellation (58% contre 47% au global) ou encore du 69 (54% contre 48% au global). Dans une moindre mesure, une femme de moins de 25 ans sur trois dit aussi apprécier de se masturber devant l’autre (30% contre 24% au global). Seule limite, la sodomie que 37% des 18-24 ans n’ont jamais pratiquée et que 51% n’apprécient pas.
Dans le même temps, les femmes de 18-24 ans n’acceptent pas plus que les autres de se plier à des pratiques sexuelles qu’elles n’apprécient pas, comme faire l’amour alors qu’elles n’en ont pas envie (67% le font rarement ou jamais contre 66% au global). De même, la majorité d’entre elles avoue souvent demander franchement ce dont elles ont envie au lit (54% contre seulement 44% au global). Si les jeunes femmes prisent ces pratiques sexuelles, c’est probablement d’abord parce qu’elles les apprécient et donc pour « se » faire plaisir.
…mais aussi des limites : l’échangisme, le sadomasochisme ou encore l’infidélité
Surtout, cette jeune génération, certes plus libérée et plus exigeante, ne semble pas être en recherche du plaisir à tout prix et chercher à en repousser les limites toujours plus loin. Elle se montre presqu’autant réfractaire que les autres à l’amour à plusieurs (74% contre 81% au global), au sadomasochisme (89% contre 91% pour l’ensemble) ou encore à l’échangisme (92% contre 91% pour l’ensemble) ou à la possibilité d’avoir une relation homosexuelle (72% contre 78% au global). Pour ce qui est de prendre un amant, l’idée les séduit moins que leurs aînées (74% disent « moi, jamais »). Avec l’âge, l’idée semble faire son chemin chez une partie de la population féminine : 40% des femmes de 35 ans et plus l’ont déjà fait ou souhaiteraient en prendre un.
Des exigences plus importantes, un niveau de satisfaction plus élevé
Par rapport à leurs aînées, le code a changé. Les femmes de 18 à 24 ans ont beau faire plus souvent l’amour que leurs aînées (13% déclarent le faire au moins une fois par jour et 66% au moins une fois par semaine), elles ne se montrent pas plus satisfaites que la moyenne de la fréquence à laquelle elles ont des relations sexuelles (62%, comme au global) et souhaiteraient même en avoir un peu plus souvent (61% contre 47% pour l’ensemble).
Pour le coup, ce problème leur pose probablement moins de soucis car contrairement à leurs aînées, elles n’hésitent pas à prendre l’initiative de l’acte sexuel (69% contre 53% pour l’ensemble), notamment pour réaliser leurs fantasmes (36% le font souvent contre 24% pour l’ensemble).
Elles affichent aussi des niveaux de satisfaction sexuelle un peu plus élevé avec une note moyenne de 7,4/10. 77% d’entre elles donnent une note égale ou supérieure à 7 en ce qui concerne la qualité de leur plaisir.
IV – Les pratiques de domination se diffusent largement alors même que le stéréotype de l’homme dominant dans les relations sexuelles est remis en question
A priori, les femmes refusent désormais la domination masculine dans leurs rapports sexuels
Dans ce domaine, les femmes semblent prendre de plus en plus souvent plaisir à mettre à mal l’image traditionnelle de l’homme dominateur et de la femme dominée dans les rapports sexuels. Pour la plus grande partie d’entre elles, l’acte sexuel ne saurait être perçu comme un rapport dominant/dominé puisque seulement un tiers des femmes apprécie d’être dominé pendant l’amour (33%) et qu’une sur quatre aime dominer l’autre (26%).
D’ailleurs, cette tendance au refus de la domination se retrouve dans les préférences avouées en termes de positions sexuelles. La grande majorité des femmes avoue aussi bien apprécier être sous leur partenaire pendant l’amour (76%) que sur lui (68%), même si on note toutefois un différentiel.
Sur ce point, il subsiste aujourd’hui une légère différence d’appréciation (de 8 points) qui est plus le fait des femmes les plus âgées. Ces dernières, probablement plus traditionnelles, apprécient moins cette position de domination que les plus jeunes (55% pour les 60 ans et plus contre 79% pour les 18-24 ans).
Un refus qui n’empêche pas une diffusion massive des comportements dominé/dominant chez les plus jeunes mais avec une interchangeabilité des rôles qui neutralise tout rapport de domination masculine
Mais là encore, les jeunes femmes, surtout les plus jeunes 18-24 ans mais aussi dans une moindre mesure les 25-34 ans se démarquent désormais fortement de leurs aînées en introduisant justement dans leurs relations sexuelles des rapports de domination (que leurs aînées semblent plus fréquemment refuser) mais avec une réelle interchangeabilité des rôles entre les partenaires. Il ne s’agit plus d’être dominée ou de dominer mais bien d’enrichir sa vie sexuelle par la mise en place de rapports de domination certes, mais qui s’inversent au fil des rapports sexuels.
Ainsi, si une majorité des 18-24 ans apprécie d’être dominée (70% contre 33% au global), beaucoup aiment aussi dominer l’autre (56% contre 26% pour l’ensemble) même si c’est moins fréquent. De la même façon, parmi les plus jeunes (les 18-24 ans), presqu’une femme sur deux avoue autant apprécier être attachée pendant l’amour, qu’attacher son partenaire (respectivement 44% et 43%). Le même phénomène se retrouve en ce qui concerne la fessée. Si la plupart des femmes disent ne pas apprécier ou ne jamais avoir essayé cette pratique sexuelle, il n’en va pas de même des plus jeunes (18-24 ans) qui aiment presqu’autant être fessées (36% contre 13% pour l’ensemble) que donner une fessée à l’autre (31% contre 10% pour l’ensemble).
Le jeu : un aphrodisiaque pour la majorité des jeunes femmes
Là encore, il convient de rappeler encore une fois à quel point les « Françaises » ne vivent pas aujourd’hui une sexualité uniforme ou homogène. Par ailleurs, cette enquête nous apprend à quel point il faut se méfier des raccourcis trop rapides. Ainsi, alors qu’on aurait pu a priori penser que le jeu était une pratique plus fréquemment utilisée par des femmes plus mûres, souhaitant justement renforcer leur désir ou leur libido en introduisant des moyens plus à même de pimenter leurs relations sexuelles. Ce n’est pas le cas. Ainsi, dans leur globalité, rares sont les femmes qui procèdent à des jeux de restriction sensorielle. Seule une femme sur cinq apprécie d’avoir les yeux bandés ou de bander les yeux de son partenaire pendant qu’elle fait l’amour (19%). Ce n’est pas tant qu’elles n’aiment pas le faire (ainsi seulement 37% disent ne pas aimer avoir les yeux bandés), c’est aussi qu’elles n’ont jamais essayé (39%).
Mais dans là encore, les femmes les plus jeunes (18-24 ans) avouent des pratiques et des goûts très différents. Au contraire de leurs aînées, la majorité d’entre elles apprécient l’amour à l’aveugle (46%) ou de bander les yeux de leur partenaire (54%).
Si les Françaises aiment les jeux, elles n’apprécient pas massivement les jouets. Seulement, une femme sur quatre dit apprécier l’utilisation d’un sex-toy (27%). Pour le coup, ce ne sont pas les plus jeunes qui se montrent les plus fans mais celles qui sont un peu plus âgées, les 25-34 ans (41%).
V – Que veulent les femmes ?
Des attentes très diversifiées et très variables en fonction des âges de la vie
Les résultats de l’enquête sont là encore assez surprenants car les réponses des femmes ne se focalisent pas sur un, deux ou trois points susceptibles d’accroître la qualité de leur plaisir sexuel. Leurs demandes sont très variées et diversifiées.
Elles auraient d’abord besoin de plus de confiance en elles (31%), de tendresse (28%), de préliminaires (28%), de sensualité (25%), d’attentions (24%), d’audace (18%), d’imagination (18%) mais aussi de délicatesse (17%). Là encore, l’âge est un critère clivant.
Les femmes plus âgées et notamment les 60 ans et plus, se montrent plus en attente de tendresse (36%), de préliminaires (34%) ou encore d’attentions (28%). Elles souffrent probablement plus d’une certaine routine sexuelle et peut-être pour certaines d’un manque d’égard de la part de leurs conjoints.
Les plus jeunes (les 18-24 ans) se distinguent des autres femmes sur un certain nombre de besoins. Elles sont celles qui déclarent le plus avoir besoin de plus de confiance en elles-mêmes (41%), mais aussi de plus de sensualité (28%), d’audace (25%), d’imagination (22%), voire de sauvagerie (22%).