Sobriété énergétique : un objectif important voire prioritaire pour 87% des citoyens de 10 pays

La notion de sobriété en matière énergétique et environnementale est majoritairement soutenue. C’est ce que révèle une nouvelle étude Ipsos dans dix grands pays, réalisée pour les Entretiens de Royaumont. Mais elle reste une préoccupation seconde, après les sujets sociaux (hausse du coût de la vie, inégalités, pauvreté) et les opinions publiques sont préoccupées par les efforts à fournir et réticentes à des mesures contraignantes que l’Etat pourrait imposer.

La sobriété énergétique et environnementale : une notion majoritairement soutenue

87% de l’opinion en moyenne dans les 10 pays étudiés, la considère comme un objectif prioritaire (44%) ou important (43%).

En France, ce chiffre atteint 91% et le soutien s’observe chez les sympathisants de tous les grands mouvements politiques et quel que soit le niveau d’études.

La crise environnementale demeure toutefois une préoccupation seconde, après les sujets sociaux

Près de six personnes sur dix considèrent la « crise sociale » comme la plus importante pour les générations futures et l’avenir de la planète.

Seuls 36% jugent la crise environnementale prioritaire.

Des inquiétudes quant aux efforts à fournir

Les opinions publiques se disent préoccupées par les efforts que la sobriété pourrait rendre nécessaires, en particulier en matière d’impact sur le niveau de vie.

Une majorité, dans tous les Etats étudiés, estime possible de concilier sobriété et maintien du bien-être des populations. Mais plusieurs pays sont divisés – dont la France, où seuls 51% considèrent faisable de conjuguer ces deux objectifs. En Allemagne, seuls 50% sont de cet avis.

Les plus positifs quant à la possibilité d’articuler sobriété et niveau de vie sont les Anglo-Saxons, les Italiens et les Argentins.

Les citoyens se disent prêts à agir personnellement

Ils se déclarent majoritairement prêts à la plupart des changements de comportement individuels favorisant la sobriété dans la consommation de ressources. Y compris sur des actions les touchant très directement et qui pourraient susciter des réticences : les trois-quarts se disent ainsi prêts à réduire le chauffage dans leur logement et 40% le font déjà et seraient prêts à le faire davantage. 

Même si les actions les plus lourdes suscitent des réticences

Plusieurs des actions auxquelles les populations se disent prêtes ne sont pas les plus impactantes pour le climat et/ou sont celles nécessitant moins d’efforts : par exemple, privilégier les produits réutilisables ou prendre des douches au lieu de bains. A l’inverse, certains gestes parmi les plus impactants sont ceux qui recueillent un soutien, certes majoritaire, mais comparativement plus faible : changements de mode de transports, réduction forte de la place de la viande dans l’alimentation

Par ailleurs, une majorité juge que c’est d’abord à l’Etat (50%) et aux entreprises (34%) d’agir. Les ménages ne viennent qu’ensuite (16%).

Les citoyens estiment en outre que la lutte contre le changement climatique doit reposer sur plusieurs leviers d’importance presque égale : la modification des comportements individuels certes (38%) mais aussi l’innovation (34%) et, dans une moindre mesure, une évolution de notre système économique (29%).

Peu de soutien pour des mesures coercitives (interdictions, taxes)

Près des trois-quarts des personnes interrogées (77% en France) estiment que, pour favoriser la sobriété énergétique et environnementale, l’Etat doit privilégier des actions incitatives, plutôt que des mesures contraignantes.

Elles attendent des pouvoirs publics en priorité des actions telles que le développement des énergies renouvelables ou la réduction du chauffage dans les bâtiments publics et les entreprises.

A l’inverse, la création ou l’augmentation d’une taxe carbone ou la réduction de l’approvisionnement des logements en électricité aux heures de forte consommation sont les mesures les moins populaires.


A propos de cette étude

Enquête réalisée en ligne, sur la plateforme Ipsos Digital, du 24 au 26 novembre 2022, auprès de 9 500 personnes dans 10 pays. 1 000 personnes dans chacun des pays suivants : Allemagne, Argentine, Australie, États-Unis, France, Italie, Japon, Pologne, Royaume-Uni. 500 personnes interrogées en Turquie. Echantillons représentatifs de personnes âgées de plus de 18 ans.

Auteur(s)

  • Stéphane Zumsteeg - Directeur Opinion et Recherche Sociale, Public Affairs
    Stéphane Zumsteeg
    Directeur du Département Opinion et Recherche Sociale, Public Affairs
  • Mathieu Gallard - Directeur d'études, Public Affairs
    Mathieu Gallard
    Directeur d'Études, Public Affairs
  • Pierre Gaudin
    Directeur du cabinet du Directeur général, Ipsos

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