Un rejet global des dirigeants politiques, mais de fortes variations entre les pays

Le rejet des élites politiques au pouvoir atteint des niveaux très élevés. Ainsi, une nette majorité des citoyens interrogés dans 24 pays souhaite que le dirigeant de l’Exécutif national « soit remplacé par quelqu’un d’autre » (62%). 

Auteur(s)
  • Stéphane Zumsteeg Directeur du Département Opinion et Recherche Sociale, Public Affairs
  • Mathieu Gallard Directeur d'Études, Public Affairs
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Un niveau de rejet qui atteint jusqu’à 88% pour le président sud-africain Jacob Zuma et 82% pour le chef d’État du Mexique Enrique Peña Nieto, les deux hommes étant notamment englués dans des scandales de corruption. Globalement, c’est plus de la moitié des citoyens qui porte des jugements très négatifs sur leurs leaders : 59% estiment qu’ils ont « des intentions cachées » (65% en France) et 54% pensent qu’ils sont au pouvoir « uniquement pour des raisons d’ego » (65% en France). 

DES FRANÇAIS PARTICULIÈREMENT SÉVÈRES

Par rapport à leurs voisins européens, les Français se montrent particulièrement sévères. Seuls 28% d’entre eux estiment que le gouvernement « mène une bonne politique pour le pays », dont 4% seulement d’enthousiastes qui pensent qu’il mène « une très bonne politique ». De tels chiffres mettent la France au dernier rang du classement des 24 pays testés, à égalité avec l’Afrique du Sud. Si les Espagnols (31%) et les Italiens (33%) ont une perception à peine plus positive de leurs gouvernements respectifs, la confiance est nettement plus élevée au Royaume-Uni (43%), en Allemagne (47%) ou encore en Suède (49%). Rappelons toutefois que le terrain de l’étude s’est déroulé du 20 mai au 3 juin 2016, soit avant le référendum sur le Brexit au Royaume-Uni et les élections législatives en Espagne.

UN CONTEXTE ÉCONOMIQUE QUI JOUE INCONTESTABLEMENT SUR L’OPINION DES CITOYENS ENVERS LES DIRIGEANTS POLITIQUES

Ainsi, la moyenne des 24 pays interrogés montre que les personnes avec un faible niveau de revenu ne sont que 42% à juger que leur gouvernement national « mène une bonne politique pour le pays », contre 50% parmi ceux qui disposent d’un revenu élevé. De plus, les pays dans lesquels une importante proportion de la population juge positivement la situation économique sont aussi ceux qui ont l’opinion la plus positive sur leurs responsables politiques (cf. tableau). Le rejet massif de l’Exécutif s’explique mieux au vu de la perception de la situation économique qui reste très négative en France, avec seulement 13% de jugements positifs.

Malgré ce contexte de défiance généralisée, plusieurs pays se distinguent par des opinions nettement plus positives envers les dirigeants politiques : il s’agit notamment de la Russie, du Canada et de l’Argentine (cf. tableau). Toutefois, les ressorts expliquant ces particularismes sont différents d’un pays à l’autre. 

Au Canada et en Argentine, ces bons jugements s’expliquent avant tout par des alternances politiques récentes, marquées par l’arrivée au pouvoir de Justin Trudeau en novembre 2015 et de Mauricio Macri en décembre 2015, qui bénéficient du traditionnel « état de grâce ». La cote de popularité de Justin Trudeau est de 62% selon un sondage Ipsos réalisé du 20 au 24 mai ; celle de Mauricio Macri atteint 56% selon une enquête Poliarquia Consultores menée du 2 au 15 juin.

En Russie, le jugement positif envers les dirigeants s’appuie essentiellement sur la très forte popularité personnelle de Vladimir Poutine, crédité de 80% d’opinions positives selon une enquête du Centre Levada de mai 2016. Les autres responsables politiques ne bénéficient pas d’une confiance aussi massive (la cote de popularité du Premier ministre Dimitri Medvedev atteint 54%).

Auteur(s)
  • Stéphane Zumsteeg Directeur du Département Opinion et Recherche Sociale, Public Affairs
  • Mathieu Gallard Directeur d'Études, Public Affairs

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