1 conducteur français sur 5 admet ne plus être la même personne lorsqu'il est au volant
À la veille des premiers longs trajets liés aux départs en vacances, la Fondation VINCI Autoroutes pour une conduite responsable publie les résultats du Baromètre 2020 de la conduite responsable. Réalisée par Ipsos auprès de 12 400 personnes dans 11 pays européens, cette vaste enquête dresse un état des lieux des comportements et représentations des Européens au volant. Elle permet de suivre l’évolution des conduites à risque et des bonnes pratiques pour contribuer à mieux orienter les messages de prévention en France et dans les autres pays européens.
Principaux enseignements
- 1 conducteur français sur 5 (20 % ; 16 % des Européens) admet ne plus être la même personne lorsqu’il est au volant et s’estime plus nerveux, impulsif ou agressif.
- 70 % des conducteurs français (55 % des Européens) reconnaissent qu’il leur arrive d’injurier les autres conducteurs.
- 34 % « collent » délibérément le véhicule d’un conducteur qui les énerve (33 % des Européens).
- 87 % des conducteurs français (84 % à l’échelle européenne) avouent avoir déjà eu peur du comportement agressif d’un autre conducteur.
- 44 % des conducteurs français (35 % des Européens) déclarent être très stressés par les longs trajets dans un trafic dense.
- 36 % prennent le volant alors qu’ils se sentent très fatigués (34 % des Européens).
- 74 % admettent qu’il leur arrive de détourner le regard de la route plus de 2 secondes (78 % des Européens) ;
- 48 % téléphonent au volant en utilisant un système Bluetooth (50 % des Européens), alors même que celui-ci altère l’attention autant que les autres moyens de conversation ;
- 16 % ont déjà eu, ou failli avoir, un accident en raison d’un assoupissement au volant (13 % des Européens), et 10 % à cause de l’utilisation du téléphone au volant (11 % des Européens).
- 73 % des conducteurs français ne respectent pas systématiquement le « corridor de sécurité », cette barrière virtuelle intégrée au code de la route français depuis 2018, qui impose aux conducteurs de s’éloigner au maximum des intervenants ;
- 72 % des conducteurs français ne respectent pas les distances de sécurité (61 % des Européens) ;
- Pourtant, 52 % considèrent que le non-respect des distances de sécurité est l’une des principales causes d’accidents impliquant le personnel d’intervention sur autoroute (51 % des Européens).
Des comportements plus nerveux au volant, qui exacerbent les incivilités sur la route
Des conducteurs autocentrés et plus agressifs lorsqu’ils conduisent
Interrogés pour la première fois sur leur état d’esprit lorsqu’ils sont au volant, un certain nombre de conducteurs ont conscience que la voiture influe négativement sur leur comportement. Ainsi, 1 conducteur français sur 5 (20 % et 24 % des conducteurs d’Ile-de-France ; 16 % des Européens) admet ne plus être vraiment la même personne lorsqu’il est au volant et s’estime plus nerveux, impulsif ou agressif que dans la vie quotidienne.
La conduite semble également créer une distance par rapport à autrui et à son environnement puisque 17 % des conducteurs français (1 sur 4 parmi les moins de 35 ans ; et 19 % des Européens) déclarent « être dans leur bulle » lorsqu’ils sont au volant et faire moins attention aux autres. Plus d’1 Français sur 10 (12 % ; et 14 % des Européens) vont jusqu’à déclarer que sur la route « c’est chacun pour soi »
Une autosatisfaction paradoxalement généralisée parmi les conducteurs, qui admettent pourtant de nombreuses incivilités
La grande majorité des Français se montre très indulgente envers sa propre conduite, mais nettement moins envers celle des autres. Ainsi, 96 % des conducteurs français (97 % des Européens) citent au moins un adjectif positif pour se décrire au volant alors qu’ils sont 89 % (+ 4 points en 1 an ; 83 % des Européens) à citer au moins un adjectif négatif pour décrire le comportement des autres. Les conducteurs s’estiment avant tout vigilants (76 % des Français et des Européens), calmes (50 % des Français et 59 % des Européens) et courtois (respectivement 29 % et 28 %). À l’inverse, ils n’hésitent pas à qualifier la conduite des autres d’irresponsable (45 % des Français et des Européens), de dangereuse (40 % des Français et 28 % des Européens), de stressée (respectivement 35 % et 38 %) et d’agressive (33 %, +5 points en France ; et 29 % pour les Européens).
Pourtant, la prévalence des incivilités sur les routes françaises et européennes interroge sur la complaisance qui prévaut chez les conducteurs à l’égard d’eux-mêmes :
- 70 % des conducteurs français reconnaissent injurier les autres conducteurs (55 % des Européens);
- 56 % (- 3 points par rapport à 2019) klaxonnent de façon intempestive les conducteurs qui les énervent (51 % des Européens) ;
- 34 % collent délibérément le véhicule des conducteurs qui les énervent (33 % des Européens) ;
- 27 % doublent par la droite sur l’autoroute (- 4 points ; et 34 % des Européens) ;
- 18 % descendent de leur véhicule pour s’expliquer (20 % des Européens).
Ces incivilités génèrent un climat de fortes tensions sur la route, dans lequel 87 % des conducteurs français (84 % à l’échelle européenne) avouent avoir déjà eu peur du comportement agressif d’un autre conducteur, bien qu’ils ne soient que 6 % à se définir comme agressifs lorsqu’ils conduisent (3 % des Européens)
Somnolence et inattention : des pratiques dangereuses, particulièrement dans un contexte de longs trajets et de trafic dense
Une certaine conscience du risque de somnolence mais des comportements inadaptés pour le prévenir
Contrairement à leurs homologues européens, les conducteurs français sont conscients que la somnolence tue sur autoroute : 39 % des Français la placent en 1ère position des principales causes d’accidents mortels (contre 20 % des Européens). Ils sont 16 % en France (+ 3 points ; et 13 % en Europe) à avoir déjà eu, ou failli avoir, un accident en raison d’un assoupissement. Par ailleurs, 34 % des Français déclarent avoir déjà eu l’impression de s’être assoupis durant quelques secondes au volant (27 % des Européens) et 28 % à avoir déjà empiété sur la bande d’arrêt d’urgence ou sur le bas-côté de la route à cause d’un moment d’inattention ou d’assoupissement (18 % des Européens).
En contradiction avec ce constat, 28 % des conducteurs français (+5 points) et européens, estiment qu’il est possible de continuer à conduire même en état de fatigue. Résultat en baisse par rapport à l’année dernière, mais toujours très inquiétant, 38 % des conducteurs français (- 5 points ; et 39 % des Européens, - 4 points) déclarent conduire aussi bien ou même mieux lorsqu’ils sont fatigués (un chiffre qui atteint même 45 % parmi les conducteurs franciliens !).
Cette contradiction entre conscience et sous-estimation du risque se traduit par des prises de risque, toujours trop importantes, notamment à l’occasion des longs trajets. Ainsi,
- 83 % des conducteurs français se couchent plus tard ou se lèvent plus tôt que d’habitude avant un long trajet (82 % des Européens) ;
- 68 % (- 6 points par rapport à 2019) finissent leurs préparatifs tard dans la soirée avant le départ (77 % des Européens) ;
- 68 % partent de nuit (67 % des Européens) alors même que 50 % des Français (et 42 % des Européens) se déclarent stressés par les longs trajets de nuit.
Ces pratiques sont d’autant plus dangereuses que les recommandations portant sur la fréquence des pauses (toutes les 2 heures) ne sont pas respectées : les Français conduisent en moyenne 2h52 avant de s’arrêter (3h06 pour les Européens). Globalement, cette durée se réduit en Europe (- 13 min) à l’exception de la France (+ 3 min). Malgré tout, quelques bons réflexes méritent d’être encouragés :
- 82 % des conducteurs français programment leurs horaires de départ en fonction des heures où ils se savent moins fatigués (85 % des Européens) ;
- 80 % décalent le moment de leur départ lorsqu’ils sont fatigués (77 % des Européens) ;
- 75 % changent de conducteur au cours du trajet (71 % des Européens) ;
- 63 % s’arrêtent au cours du trajet pour faire une sieste (59 % des Européens) - pratique la plus efficace pour prévenir le risque d’endormissement au volant.
Des conducteurs très déconnectés de la route
Les conducteurs sont bien conscients des dangers de l’inattention : 46 % des Français (et 53 % des Européens) l’identifient parmi les principales causes d’accidents mortels sur les routes en général. Ils sont d’ailleurs 1 sur 10 en France (et 11 % en Europe) à avoir déjà eu, ou failli avoir, un accident à cause de l’utilisation du téléphone au volant.
Pourtant, ils ne parviennent pas à se défaire de ces comportements particulièrement dangereux liés aux distracteurs :
- 48 % des conducteurs français déclarent téléphoner en conduisant avec un système de conversation Bluetooth avec haut-parleur intégré (50 % des Européens) - une pratique tout aussi dangereuse en termes d’inattention que les autres moyens de conversation téléphonique ;
- 41 % paramètrent leur GPS pendant qu’ils conduisent (jusqu’à 52 % en Ile-de-France ; et 44 % des Européens) ;
- 27 % envoient et/ou lisent des SMS ou des mails en conduisant (23 % des Européens) ;
- 24 % signalent aux autres conducteurs des événements via une application tout en conduisant (19 % des Européens) ;
- 17 % téléphonent en conduisant sans kit mains libres (25 % des Européens) ;
- 5 % regardent même des films ou des vidéos sur smartphone ou tablette en conduisant (6 % des Européens).
Un ensemble de prises de risque qui, associé au stress des longs trajets, peut générer plus d’anxiété et d’accidents
Près de 70 % des conducteurs français se déclarent stressés par un long trajet avec un trafic dense (dont 44 % très stressés ; 60 % des Européens dont 35 % très stressés) alors qu’ils ne sont que 14 % à l’être pour leurs trajets domicile-travail en voiture (18 % pour les Européens).
Cet état vient s’ajouter à un certain nombre d’infractions ou de prises de risques délibérées, incompatibles avec une conduite apaisée et sûre. Ainsi,
- 91 % des conducteurs français dépassent de quelques kilomètres/heure la limitation de vitesse (88 % des Européens) ;
- 74 % des conducteurs français admettent détourner le regard de la route plus de 2 secondes (78 % des Européens) ;
- 57 % oublient de mettre leur clignotant pour doubler ou changer de direction (53 % des Européens);
- 14 % admettent conduire en étant au-dessus de la limite d’alcool autorisée sans pour autant en ressentir les effets (9 % des Européens) ;
- 13 % déclarent prendre le volant en ayant consommé des médicaments susceptibles d’altérer leur vigilance (8 % des Européens) ;
- 3 % des conducteurs français et européens prennent la route en ayant fumé du cannabis ou consommé des drogues.
Fiche technique : enquête Ipsos pour la Fondation VINCI Autoroutes pour une conduite responsable menée du 28 février au 24 mars 2020 auprès de 12 400 Européens âgés de 16 ans et plus, dont minimum 1000 personnes dans chacun des 11 pays sondés.
En France, l'enquête a été menée auprès de 2 400 personnes personnes âgées de 16 ans et plus, dont minimum 200 personnes dans chacune des 12 régions administratives sondées (hors Corse).
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À propos de la Fondation d’entreprise VINCI Autoroutes pour une conduite responsableCréée en février 2011, la Fondation VINCI Autoroutes pour une conduite responsable est à la fois un laboratoire, un observatoire et un outil d’information dédié à l’évolution des comportements. D’abord investie dans le domaine de la lutte contre l’insécurité routière, elle a pour mission de promouvoir la conduite responsable sur la route (« bien conduire ») et a élargi en 2018 son champ d’action aux domaines de l’environnement et de l’éducation (« bien se conduire »).Parmi ses actions :
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