1 Français sur 2 pense que la pandémie a exacerbé les discriminations ethniques

A l’occasion de la journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale, Ipsos dévoile les résultats de sa nouvelle étude Global Advisor, réalisée en France et dans 26 pays à travers le monde. En parallèle de la crise sanitaire, les sujets d’identité, d’égalité des chances, de « vivre ensemble », restent toujours d’actualité. L’étude révèle ainsi que les Français sont majoritaires à percevoir des discriminations liées à l’origine ethnique dans l’accès au logement (70%) à l’emploi (69%) ou encore de l’éducation (63%) dans le pays. L’occasion d’interroger également les Français sur leur propre vécu en matière de discrimination : ainsi près d’un Français sur quatre (24%) déclare avoir déjà fait l’expérience de discrimination liée à son origine.

CHIFFRES ET ENSEIGNEMENTS CLÉS DE L’ÉTUDE :

  • 7 Français sur 10 estiment que les critères d’origine influencent les possibilités d’accès au logement
  • 69% des Français interrogés estiment de même qu’ils conditionnent l’accès à l’emploi et 63% qu’ils déterminent l’accès à l’éducation
  • Près d’un quart (24%) des Français interrogés déclare avoir fait l’expérience personnelle de situations dans lesquelles ils considèrent que leur origine a été un obstacle.
  • Plus de la moitié (52%) des Français (n°2 après l’Espagne) pense que la pandémie a exacerbé les discriminations – d’emploi, d’éducation, de logement ou encore de services sociaux - liées aux origines ethniques.
  • Avec le Japon et la Belgique, la France est l’un des trois pays où l’écart entre la perception du poids de ces discriminations et l’expérience concrète des interviewés est le plus grand.

L’accès au logement, nerf de la guerre

La crise a-t-elle accentué la discrimination liée aux origines ethniques ? La nouvelle étude Ipsos Global Advisor révèle que 65% des répondants français estiment que les critères d’origine influencent réellement les possibilités d’accès à des fondamentaux, tels que le logement, l’emploi ou encore l’éducation. Au niveau mondial, la part s’élève à 60% des interviewés.

Sur la question de l’accès au logement, 70% des interrogés en France - soit 10 points de plus que la moyenne globale - pensent que les critères de race, d’appartenance ethnique ou d’origine nationale jouent un rôle.

Près d’un quart des Français (23%) déclarent en avoir fait eux-mêmes l’expérience (contre 35% au niveau mondial). A noter que sur ce point, la France figurant dans les quatre derniers pays du classement, loin derrière l’Inde qui arrive premier avec 65%.

L’emploi et l’éducation aussi impactés par les discriminations

Sur le front de l’emploi, 69% des Français estiment que les critères ethniques peuvent conditionner son accès (4 points de plus que la moyenne mondiale) et 24% des Français déclarent avoir déjà dû subir ces discriminations dans leur vie professionnelle. A noter que plus de la moitié des Français (56%) ont déclaré quant à eux ne s’être jamais sentis discriminés au travail en raison de leurs origines ethniques.

Concernant l’éducation, 63% des Français interrogés estiment que la race, l'appartenance ethnique ou le pays d’origine déterminent l’accès à l’éducation, tandis que 22% des Français affirment en avoir fait l’expérience personnelle.

Enfin, si la crise sanitaire a exacerbé certaines inégalités sociales, rendant l’accès aux aides sociales essentiel voire vital en France, 6 Français sur 10 (57%) considèrent n’avoir jamais ressenti de discrimination liée à leurs origines ethniques lorsqu’ils ont voulu y avoir recours – un taux bien supérieur à la moyenne mondiale (33%).

« L’étude révèle que plus des 2/3 des Français estiment a priori que les critères d’origine influencent réellement les possibilités d’accès à des fondamentaux : logement, emploi, éducation… Elle montre aussi que près d’un quart des enquêtés déclare avoir fait eux-mêmes l’expérience de situations dans lesquelles ils estiment que leur origine a été un obstacle. Ce qui peut être rassurant, malgré ce sentiment largement partagé que l’origine est déterminante dans la vie des gens, c’est que La France est l’un des trois pays avec le Japon et la Belgique où l’écart entre perception et expérience des interviewés est le plus grand. » souligne Yves Bardon, directeur du Programme Ipsos Flair.

Le Coronavirus a creusé les écarts

Sur le front des discriminations, la pandémie n’a pas amélioré les choses : 46% des sondés à l’échelle mondiale estiment que les événements survenus dans le monde au cours de l'année écoulée ont accru les différences d'opportunités et d'accès au logement, à l'éducation, à l'emploi et/ou aux services sociaux dans leur pays. A contrario, 43% pensent que les événements n'ont eu aucun impact sur les différences et 12% qui estiment même qu’ils ont diminué ces dernières.

Dans le détail, 52% des Français (2e pays après l’Espagne à 63%) voient dans les événements de 2020 des facteurs d’aggravation des discriminations, 40% ne trouvent pas qu’ils aient eu un impact à leur égard et 9% considèrent que ces inégalités ont perdu du terrain.


Fiche technique : étude menée sur la plateforme Global Advisor d’Ipsos auprès de 20 020 adultes entre 18 et 74 ans dans 27 pays.

Auteur(s)

  • Yves Bardon
    Yves Bardon
    Directeur du programme Flair, Ipsos Knowledge Centre

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