204 € par mois : le budget moyen des Français pour se déplacer
Transdev et Ipsos publient les résultats d’une enquête de grande ampleur réalisée du 15 au 29 juillet 2019. 10 148 personnes ont répondu, constituant un échantillon représentatif de la population de France métropolitaine âgée de 18 ans et plus. Elle dresse un panorama d’une ampleur inédite. Quels sont les différents moyens de mobilités utilisés par les Français au quotidien en fonction des types de déplacements du quotidien ? Combien de temps passent-ils dans les transports ? Quels budgets y consacrent-ils ? A quel point sont-ils aujourd’hui prisonniers de la voiture ? Pour quels types de déplacements ? Dans quelle zone géographique ? Quelle proportion de Français pourrait aujourd’hui se passer de la voiture ? Quels sont les leviers et les freins pour que les Français basculent vers une plus forte utilisation des transports en commun ? A quelle distance de leur logement doivent être situées les différentes infrastructures de transport pour qu’ils soient susceptibles de plus les utiliser ? Comment souhaiteraient-ils réorganiser l’offre de mobilité sur leur territoire ?
Les Français passent du temps dans leurs déplacements au quotidien et ils le vivent plutôt bien ….
En moyenne, les Français mettent 35 minutes pour rejoindre leur lieu de travail ou d’études (1h10 aller-retour) mais aussi 19 mn pour aller faire leurs grosses courses alimentaires (38 mn aller-retour), 17 mn pour aller faire des activités sportives ou pour aller chez leur médecin (34 minutes aller-retour) mais aussi 13 minutes pour réaliser des démarches administratives ou aller à La Poste. Ils consacrent donc un temps important aux déplacements pour leurs besoins du quotidien.
Les trois quarts des Français sont satisfaits du temps qu’ils consacrent à ces trajets (75%). Le temps n’est pas leur principal problème : beaucoup se déplacent en voiture et ont appris à en profiter. Seuls ceux qui expriment un mécontentement plus fort que les autres sont les Franciliens (37% d’insatisfaits), ceux qui mettent entre 31mn et 1h00 pour aller au travail (45%) et surtout ceux qui passent plus d’1 heure dans les transports pour rejoindre leur boulot (54%). Au-delà d’1h10 A/R passée par jour pour aller travailler, le temps devient un irritant du quotidien, sauf pour ceux qui transforment ce temps en temps utile.
…en revanche, ils sont beaucoup plus mécontents du budget qu’ils y consacrent.
En moyenne, les Français dépensent 204 € par mois pour se déplacer. L’analyse des différents postes de dépenses (dont l’addition ne peut pas être égale à 204 € car si certains Français n’utilisent qu’un seul mode de déplacement, beaucoup en utilisent plusieurs, qui peuvent différer suivant les destinations), montre que c’est la voiture qui reste le plus gros poste de dépense : 106 € en moyenne pour la maintenance, 88 € en moyenne d’essence, 31 € de péage et 19€ de coût de stationnement. Surtout, Pour tous ceux qui ne peuvent se déplacer qu’en voiture, ces coûts sont aujourd’hui en grande partie incompressibles. En moyenne, le coût des transports en commun ne représente que 40 €/mois. Toutefois, seul 1 Français sur 4 a conscience que lorsqu’il achète un titre de transport, il ne paye en réalité qu’environ 25% du coût réel. Les autres pensent qu’ils en payent la moitié (réponse donnée par 46% des personnes interrogées), voire les ¾ (21%) ou la totalité (8%).
Des coûts de déplacement qui grimpent dans le périurbain et dans le rural. En moyenne, les habitants des zones rurales dépensent 215 € et ceux vivant dans les zones périurbaines doivent s’acquitter de 223 €, soit 44€ de plus en moyenne que ceux vivant dans les centres urbains. Il s’agit d’un coût individuel. Pour un foyer de deux, voire de trois ou quatre personnes, le coût est forcément plus élevé et donc plus difficile à supporter.
Des coûts très élevés pour les Français les plus modestes. Au sein des foyers les plus fragiles (moins de 1250€ net mensuel par mois), le coût individuel de la mobilité est très fort : 150€ en moyenne. Il grimpe même à 183€ en moyenne chez les classes moyennes inférieures, celles disposant d’un revenu compris entre 1250€ et 2000€ : un budget très conséquent.
Les foyers les plus modestes en termes de revenus mais aussi les habitants les plus éloignés des centres-villes sont les plus insatisfaits. Près de 4 Français sur 10 se disent mécontents de leur budget mobilité (39%) et plus spécifiquement les revenus modestes (43%), les familles de 4 personnes et plus (45%), les utilisateurs de la voiture (46%). Le niveau de mécontentement est aussi plus élevé chez les Français habitant en zone périurbaine (47%) et dans le rural (43%).
La dépendance à l’automobile reste quasi-totale dans de nombreux territoires. Les habitudes sont bien ancrées.
La voiture individuelle, loin devant les transports en commun, le covoiturage, ou encore l’autopartage. La prééminence de la voiture individuelle reste aujourd’hui encore totale puisque près de 9 Français sur 10 l’utilisent régulièrement pour se déplacer (87%). Elle est, devant la marche à pied (75%), le mode de déplacement le plus régulièrement utilisé. Elle arrive loin devant les transports en commun, quels qu’ils soient : bus, métro, train, tramway, etc. (31%). Par ailleurs, aujourd’hui encore, rares sont ceux qui utilisent régulièrement le covoiturage (5%) et l’autopartage (2%) .
Même en centre urbain, l’usage de la voiture reste très fréquent pour aller au travail. L’automobile est le mode de déplacement le plus utilisé pour se rendre au travail, que ce soit en centre urbain (43% l’utilisent régulièrement contre 33% pour les transports en commun), en petite couronne (55% la voiture contre 27% les transports en commun) et en périurbain (77% la voiture, 10% les transports en commun).
Une incapacité à se passer de la voiture pour la plupart des trajets. La grande majorité des Français déclare qu’il leur serait impossible de faire autrement que de prendre leur voiture pour faire des grosses courses alimentaires (74%) ou encore aller à leur travail (65%). Même sur les destinations dîtes de proximité, pour beaucoup, se passer de la voiture leur est impossible. C’est le cas pour aller chez le médecin (68% des Français ne pourraient y aller autrement qu’en voiture), aller à la pharmacie (68%) ou encore à La Poste (60%).
Le deux-roues non motorisé entre dans les habitudes de déplacement des Français. Les deux-roues non motorisés comme les vélos ou les trottinettes sont régulièrement utilisés par 1 Français sur 8 (12% au global et même 16% des moins de 35 ans). Par ailleurs, 3% roulent régulièrement aujourd’hui en véhicule électrique type vélo, trottinette, ou encore overboard, etc. C’est presqu’autant qu’en covoiturage et plus qu’en autopartage.
Des Français prêts à changer leurs habitudes sous certaines conditions :
Une plus forte proximité des infrastructures de transports en commun et notamment d’un arrêt de bus ou de car. Pour qu’ils puissent plus prendre les transports en commun, les Français déclarent qu’il leur faudrait en moyenne un arrêt de bus ou de car à 8 mn de chez eux, un arrêt de tramway à 14 mn et une gare à 16 mn. Ils souhaiteraient aussi une station d’autopartage à 20 mn et de covoiturage à 15 mn de chez eux.
Une offre de transport en commun plus accessible et plus confortable. Une partie assez importante de la population déclare qu’elle serait prête à plus souvent utiliser d’autres moyens de transports que sa voiture si la fréquence des transports en commun était plus élevée (24% disent qu’ils prendraient « certainement » moins leur voiture), mais aussi si on leur proposait un titre de transport unique pour aller à un endroit en utilisant des moyens de transports différents (23%) ou encore si l’on modernisait les transports en commun là où ils habitent, avec plus de confort, de places assises ou de wi-fi (19%).
Le train est encore un mode de transport associé aux longues distances. Leur perception reste mitigée. 76% des Français estiment que le train est un mode de transport plus utile pour des trajets plus longs que les leurs. 51% considèrent que la fréquence des trains est satisfaisante. Moins d’1 Français sur 2 estime que les gares sont suffisamment proches (46%), que les retards sont assez peu fréquents (44%) et que le prix des billets est acceptable (41%). Par ailleurs, 75% estiment que l’ouverture à la concurrence des transports ferroviaires régionaux est une bonne chose.