85% des Français habitant dans un immeuble s'y sentent bien, l'exode urbain n'est pas pour demain
Ipsos dévoile les résultats de l’Observatoire Plurience du Bien-Être dans les Immeubles" pour l'association Plurience, qui souligne la satisfaction des Français habitant en immeuble. Les prédictions de 2021 d'un exode urbain massif sont lointaines. L'attrait des immeubles pour leur tranquillité, leur proximité avec les commodités et la qualité de vie qu'ils offrent semble persister.
Pendant la crise sanitaire, il n’était question que de ces Français qui, voulant s’échapper de leur appartement en ville, faisaient l’acquisition de longères et autres types de constructions bucoliques où ils pourraient s’épanouir loin de leur immeuble grâce au télétravail. Il est vrai que l’Insee a dénombré 283.000 personnes qui ont quitté l'Île-de-France pour une autre région métropolitaine ou le littoral en 2021, +25% par comparaison à 2019, essentiellement des retraités et des cadres ; en octobre 2021 selon l'Apec, 70 % des cadres franciliens[1] déclaraient vouloir travailler dans une autre région.
Aujourd’hui, le bilan est beaucoup plus contrasté, comme le montrent Coline Bouvart et Olivier Bouba-Olga pour France-Stratégies dans leur analyse Exode urbain : une mise au vert timide[2]. En croisant inscriptions scolaires et données sur le marché de l’immobilier, il apparaît que, loin de l’exode urbain prophétisé en 2021, il s’agit plus d’un « desserrement des cœurs de métropoles au profit de leurs couronnes ou de territoires plus lointains ». Alors, comment les Français qui vivent en immeuble perçoivent-ils leur situation actuelle ?
Pour répondre à cette problématique, Ipsos a reconduit « L’Observatoire Plurience[3] du Bien-Être dans les Immeubles ». Ses résultats démontrent que les Français qui vivent dans un immeuble sont satisfaits de leur lieu d’habitation, 85% déclarant s’y sentir bien. Quand on leur demande pourquoi, ils l’expliquent par sa tranquillité et sa proximité avec les lieux du quotidien (commerces, écoles, transports en commun) et les espaces verts (jardins ou parcs). Les caractéristiques de l’immeuble (entretien, propreté, nombre d’appartements…) comptent aussi, de même que les relations avec le voisinage et l’appartement lui-même (superficie, présence d’un balcon/extérieur, agencement). On notera également que, même s’il reste une source de bien-être plus secondaire, le niveau de sécurité perçu gagne en importance (+4 points en comparaison avec la dernière mesure).
Le nombre de personnes qui déclarent se sentir bien dans leur immeuble est remarquablement stable : 84% en 2019, 83% au cœur de la crise sanitaire, 85% en 2021, 86% en 2022 et à nouveau 85% en 2024. Toutefois, la proportion de personnes s’y sentant « tout à fait bien » est en recul : 39% (-5 points). Les propriétaires sont plus enclins à se dire bien dans leur lieu d’habitation que les locataires, 93% contre 81%. De manière générale, les personnes qui résident dans des immeubles gérés en copropriété (le régime qui prédomine aujourd’hui en France avec 70%) semblent également plus satisfaits.
Des marges d’optimisation existent, sur le plan des problèmes structurels (isolation en n°1 dans le contexte de la hausse des coûts de l’énergie, amélioration des équipements et des services en n°2, sécurité en n°3) et conjoncturels (voisinage et nuisances sonores essentiellement). Comme en 2022, pour plus de la moitié des habitants en immeuble (53%), la rénovation énergétique est une priorité ; sur cette base, 62% considèrent qu’elle permet de réaliser des économies d’énergie, bien loin avant de représenter un acte écologique (26%). Parmi ceux pour qui la rénovation énergétique n'est pas une priorité (33%), 42% considèrent que le coût restant à leur charge est un obstacle majeur pour réaliser des travaux. Un résultat en augmentation de +8 points par rapport à 2022.
Pour conclure, l’étude met en lumière la qualité des relations entre les habitants d’immeuble et leur gestionnaire ou syndic de copropriété : 73% des interrogés s’en disant satisfaits (dont 25% jugeant même ces relations « très satisfaisantes »). Un résultat lui-même stable dans la durée : 74% en 2022, 75% en 2021, 71% en 2020.
Moralité, l’exode urbain n’est pas pour demain.
[1] 54 % de l'ensemble des cadres en France
[2] https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs-2023-na122-exode-urbain-juin.pdf