Banque et transferts d'argent : les usages des membres des diasporas africaines

En 2021, les transferts d'argent de la France vers l'Afrique ont atteint près de 9 milliards de dollars selon la Banque Mondiale. Malgré l'impact négatif de l'inflation sur les budgets des ménages français, l'envoi d'argent vers les pays d'origine reste essentiel pour la diaspora africaine. Afin de mieux comprendre leurs usages et leurs attentes, Ipsos a mené l'enquête pour Moni.

La fourniture d'une solution de transfert d'argent simple et sécurisée vers les pays d'Afrique : un atout important pour les banques

En 2021, l’ensemble des transferts effectués depuis la France vers les pays d’Afrique, selon la Banque Mondiale[1], a atteint un montant de près de 9 milliards de dollars !

Cette somme démontre la très grande importance qu’ont pris ces transferts et le marché qu’ils représentent pour les acteurs du secteur.

L’envoi d’argent vers son pays d’origine, un élément qui demeure indispensable pour les membres de la diaspora africaine

Alors que l’inflation, qui frappe depuis un an, pèse lourd sur le budget des foyers français, l’envoi d’argent vers son pays d’origine peut paraitre comme une dépense difficile à assumer pour certains. Or, si les personnes interrogées dans l’étude Ipsos pour MONI déclarent dans leur très grande majorité que l’inflation a eu un impact négatif sur le montant envoyé à leur proches en Afrique (94%, dont 73% un impact très important), elles continuent pour autant d’envoyer de l’argent tous les mois (46%) ou au moins une fois par trimestre (54%).

L’envoi d’argent à sa famille demeure donc un élément indispensable pour de nombreux membres de la diaspora, et une dépense à laquelle ils ne souhaitent pas renoncer, même dans un contexte difficile.

Des diasporas très bancarisées...

Les membres de la diaspora interrogés dans l’étude Ipsos pour MONI sont une très grande majorité (96%) à posséder aujourd’hui au moins un compte en banque. De plus, deux tiers d’entre eux (68%) possèdent des produits bancaires autre que les produits « de base » (Compte courant, carte bancaire, chéquier), et notamment des produits d’épargne (41%) ou des crédits à la consommation (23%).

Au global, 88% des personnes interrogées sont clientes d’une des banques « traditionnelles » françaises, et notamment de BNP Paribas, de la Banque Postale, de la Caisse d’épargne, du Crédit Agricole et du Crédit Mutuel.

... mais qui n'ont pas n'ont cependant pas le "réflexe banque" pour transférer de l'argent vers leur pays d'origine

Si les personnes interrogées disposent quasiment toutes d’un compte dans une banque, ils privilégient d’autres solutions pour envoyer de l’argent vers leur pays d’origine. 63% préfèrent ainsi passer par une société de transfert d’argent contre 28% seulement qui préfèrent passer par leur banque et 9% qui n’ont pas d’avis.

Les banques n’apparaissent donc pas aujourd’hui comme l’acteur privilégié pour ces transferts importants et fréquents, et ce malgré le fait que les personnes effectuant ces transferts sont clientes de ces banques !

Ce non-recours aux banques peut s’expliquer par l’absence d’offres ou bien encore par les frais bancaires importants pour ces transferts. En effet, la plupart des transferts s’effectuent aujourd’hui sur le principe du « cash only » (91% des personnes effectuant des transferts d’argent déclarent le faire), permettant aux personnes en Afrique de récupérer les sommes transférées en liquide. Les banques ne proposant pas ce genre de solutions, elles perdent la possibilité d’être au cœur de ces transferts.

Les solutions en ligne, le format privilégié

Dans un contexte de digitalisation toujours plus important des pratiques bancaires, les services en ligne sont aujourd’hui la solution privilégiée pour envoyer de l’argent vers son pays d’origine. 60% des répondants privilégient cette solution, contre 35% qui préfèrent se rendre physiquement dans une agence et 5% qui n’ont pas de préférence.

Il apparait donc clairement que les personnes envoyant de l’argent vers leur famille en Afrique utilisent déjà et attendent donc des solutions digitales pour effectuer ces transferts.

Dans ce contexte, un intérêt fort pour un service bancaire facilitant l’envoi d’argent vers son pays d’origine

Clients des banques et soucieux de maintenir leurs envois d’argent vers leurs pays d’origine, les membres de la diaspora interrogés se montrent très intéressés par la possibilité d’un service proposé par leur banque, leur permettant d’envoyer de l’argent via un support facilement accessible. 92% des répondants seraient prêts à utiliser un tel service, dont 51% qui se disent certainement prêts à le faire.

Si beaucoup de clients préfèrent aujourd’hui passer par des sociétés de transfert d’argent, cela ne signifie pas qu’ils ne seraient pas intéressés, bien au contraire ! 94% de ceux qui préfèrent aujourd’hui passer par une société de transfert d’argent seraient prêts à utiliser un service de transfert d’argent proposé par leur banque.

Les banques françaises pourraient donc proposer un service à même d’intéresser un nombre important de clients en France.

Cet intérêt pour un service de transfert d’argent peut être un argument pour les banques afin d’attirer de potentiels nouveaux clients

Clairement intéressés par la perspective d’un service proposé par leur banque, les clients membres de la diaspora seraient même prêts, dans leur très grande majorité (83%), à changer de banque pour pouvoir bénéficier de ce service. 37% seraient même tout à fait prêts à le faire.

Même les personnes qui préfèrent aujourd’hui passer par des sociétés de transfert d’argent seraient prêtes à changer de banque (85% d’entre elles) pour pouvoir bénéficier de ce service.

La possibilité de disposer d’un service de transfert d’argent, simple et sécurisé, s’avère donc un argument de choix pour les banques traditionnelles afin d’attirer à elles de nouveaux clients !


A propos de ce sondage

Enquête Ipsos pour Moni réalisée du 27 février au 6 mars 2023 auprès de 300 personnes, nées en Afrique ou ayant au moins un de leurs parents ou grands-parents nés en Afrique et qui envoient, au moins une fois par trimestre, de l’argent vers leurs pays d’origine.

[1] Estimation réalisée par la Banque Mondiale et le KNOMAD (Partenariat mondial pour le savoir sur la migration et le développement)

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