Baromètre 2025 de la précarité en France : une pauvreté toujours élevée malgré une légère amélioration

Le Baromètre de la pauvreté et de la précarité menée par Ipsos BVA pour le Secours populaire dresse en 2025 un portrait social toujours préoccupant. Si l'inflation ralentit et que certains indicateurs s'améliorent, de nombreux Français — notamment les plus jeunes et les plus modestes — continuent de faire face à des privations et redoutent un avenir plus difficile encore pour les générations futures.

La précarité demeure une réalité vécue et observée par de nombreux Français

Un Français sur cinq déclare être aujourd’hui dans une situation précaire. Une proportion très préoccupante malgré une légère embellie cette année (- 4 points par rapport à 2024), dans un contexte de ralentissement de l’inflation. La part des Français qui déclarent être dans une bonne situation est quant à elle relativement stable et dans une proportion réduite (18%, +2 points), la majorité des répondants (62%) déclarant que leur situation est équilibrée mais qu’ils doivent faire attention. 

La première cause de la précarité est avant tout l’insuffisance des revenus, cités par 72% des personnes déclarant être dans une situation précaire.
Quand on regarde un peu plus en détail, on observe que seul un Français sur deux parvient aujourd’hui à mettre de l’argent de côté (52%). Une proportion certes en progression (+3 points) mais la majeure partie de ces personnes (47% des Français) déclarent ne parvenir qu’à mettre un peu d’argent de côté contre seulement 5% qui en mettent beaucoup. 

15% des Français déclarent par ailleurs rencontrer des difficultés pour boucler leur budget. Pour ces derniers, la précarité est un élément qui les touche au quotidien. 84% d’entre eux déclarent qu’ils passent beaucoup de temps à calculer leurs dépenses et 74% se sentent tristes, déprimés ou désespérés en pensant à leur situation financière tandis que plus d’un sur deux (54%) ressent de la honte à cause de ces difficultés.

Autre signe d’une situation qui demeure inquiétante malgré une amélioration cette année : la proportion de Français actifs qui déclarent que les revenus issus de leur activité professionnelle ne leur permettent pas de faire face à l’ensemble de leurs dépenses se situe à 30% (-8 points cette année). Si la situation semble s’améliorer, il demeure très préoccupant que près d’un actif sur trois ne puisse pas subvenir à ses besoins avec les revenus de son travail.

La précarité reste par ailleurs une réalité observée par de nombreux Français : 57% déclarent connaitre une personne aujourd’hui en situation de pauvreté, que ce soit parmi leur famille (22%) ou parmi leurs amis ou leurs connaissance (35%). Au-delà des personnes qu’ils connaissent, une majorité de Français déclarent qu’il y a des personnes en situation de précarité dans leur quartier, sur leur lieu de travail ou encore dans leur entourage. Un répondant sur cinq (19%) déclare même que cela concerne beaucoup de personnes dans son quartier.

Les Français sont par ailleurs un certain nombre à déclarer qu’il existe un risque qu’ils se retrouvent dans une situation de précarité au cours des prochains mois. Si cette proportion est en baisse (-6 points) elle concerne toujours plus d’un Français sur trois (34%).

Un seuil de précarité perçu différemment selon les situations

Interrogés sur le seuil en dessous duquel ils considèrent qu’une personne vivant seule peut être considérée comme pauvre, les Français le situent à 1 315€ net par mois. Un seuil supérieur de 100€ à celui de l’INSEE, ce qui démontre que les Français ont tendance à considérer comme pauvres davantage de personnes que celles concernées par le seuil de pauvreté officiel. 

La perception de ce seuil varie en fonction de la situation des répondants, et notamment de leurs revenus. Ainsi, les personnes dont le revenu mensuel net du foyer se situe en dessous de 1400€ considèrent qu’une personne seule peut être considérée comme pauvre en moyenne en dessous de 1 229€ net par mois, contre 1 374€ pour les personnes dont le revenu mensuel net du foyer dépasse 4 000€. 

Des situations de privation qui reste la norme pour une partie importante des Français

A l’image d’autres indicateurs, on note une légère amélioration sur le front des difficultés rencontrées. Sur chacune des situations, on note une baisse de la proportion des Français rencontrant des difficultés par rapport à 2024, dans un contexte de ralentissement de l’inflation. Cependant, cette baisse ne doit pas masquer l’importance des difficultés toujours rencontrées par de nombreux Français. 31% (-1 point) des Français ont déjà renoncé à se soigner malgré un problème de santé et 24% (-5 points) ont déjà sauté un repas alors qu’ils avaient faim.

Sur des éléments moins « essentiels » on observe toujours une proportion préoccupante de Français rencontrant des difficultés. Ainsi, une majorité de Français (60%, -3 points par rapport à 2024) a déjà dû renoncer à ses sorties du fait de sa situation financière et 56% (-3 points) ont dû restreindre leurs déplacements.

Au-delà des situations de privation, les Français rencontrent des difficultés financières pour réaliser de nombreuses choses, comme partir en vacances au moins une fois par an (49%) ou encore payer leurs dépenses d’énergie (39%) ou se procurer une alimentation saine leur permettant de faire trois repas par jour (31%). 

Si la proportion de Français rencontrant ces difficultés est importante, elle est d’autant plus préoccupante quand on observe les résultats auprès des Français ayant les revenus les moins élevés. Parmi les Français dont le revenu mensuel net du foyer est inférieur à 1 400€ par mois, 70% rencontrent des difficultés pour partir en vacances au moins une fois par an, 57% pour payer leurs dépenses d’énergie et 49% pour se procurer une alimentation saine leur permettant de faire 3 repas par jour.  

Un pessimisme important pour les futures générations

Les Français affichent un pessimisme important concernant les risques de pauvreté pour leurs enfants. 59% d’entre eux estiment que les risques sont plus élevés pour la génération suivante. Ce pessimisme est encore plus marqué pour les parents d’enfants de moins de 18 ans (67%). 

Au-delà du risque de pauvreté, les Français affichent un sentiment de dégradation des conditions d’accès à de nombreux services essentiels. Ainsi, ils ont de plus en plus le sentiment d’être confrontés à cette dégradation par rapport à la génération de leurs parents (59% estiment avoir plus difficilement accès à un emploi stable, 50% à des services de santé et 46% à un logement décent). Mais surtout ils ont le sentiment que la situation va être encore plus difficile pour les futures générations. 73% des Français estiment ainsi que les prochaines générations auront plus difficilement accès à un emploi stable et 70% à des services de santé. 

Face à une situation sociale qui demeure préoccupante, les Français maintiennent leur niveau d’engagement

La situation sociale de nombreux Français reste mitigée voire inquiétante en 2025. Or, face à ce constat, les Français conservent un niveau d’engagement important, et stable cette année. Ainsi, 76% déclarent aider financièrement leurs proches, ou être prêts à le faire, une proportion en hausse de 2 points par rapport à 2024. De même 61% (stable) font ou seraient prêts à faire des dons alimentaires ou matériels à une association de solidarité et 48% (stable) à consacrer du temps bénévolement à une association de solidarité. Cette stabilité dans l’engagement montre que les Français ne cèdent pas à une lassitude dans la solidarité dans un contexte de crises à répétition et de difficultés sociales. 

Focus jeunes : une situation sociale difficile, couplée à une angoisse pour l’avenir

Le Secours Populaire a choisi de réaliser un focus en cette année 2025 sur la situation des jeunes de moins de 35 ans en France. Le premier élément saillant de ce focus est que les jeunes français témoignent d’une perception plutôt négative de l’avenir. Quand on leur demande les sentiments qu’ils éprouvent le plus fréquemment en pensant à leur situation actuelle et à leur avenir, 86% citent des éléments négatifs, l’élément le plus cité étant notamment l’angoisse (cité par un jeune sur deux), tandis que près d’un jeune sur quatre (22%) cite même le désespoir. Si 36% des jeunes se disent confiants et 19% enthousiastes, on voit que les sentiments négatifs sont largement plus partagés. 

Au-delà de leur perception de l’avenir, les jeunes rencontrent des difficultés dans le présent. Un jeune sur deux se dit mécontent de son niveau de vie et on observe qu’une proportion inquiétante des jeunes rencontre des difficultés financières pour accéder à certains biens. 56% déclarent ainsi rencontrer des difficultés pour accéder à des biens ou des activités culturelles et de loisir tandis que près d’un sur deux peine à acheter des vêtements convenables (49%) ou à se procurer une alimentation saine et équilibrée (48%). Plus d’un jeune sur trois (38%) a même dû déjà demander une aide financière à des proches parce qu’il allait basculer dans la précarité.

Malgré ces difficultés vécues, les jeunes français sont prêts à s’engager. 75% ont déjà ou seraient prêts à signer une pétition et 73% à faire un don matériel à une association. Un jeune sur deux (52%) est déjà engagé, ou pourrait s’engager dans une association de solidarité. Cette proportion est moins importante pour l’engagement dans un syndicat (30%) ou dans un parti ou une association politique (29%). 

Parmi les jeunes prêts à s’engager dans une association, un parti politique ou un syndicat, la plupart (64%) le font ou seraient prêts à le faire seulement de manière ponctuelle, en fonction du temps dont ils disposent tandis que 30% le font ou le ferait de manière régulière mais sans prendre de responsabilité et seuls 6% le font ou le feraient en prenant des responsabilités au sein de la structure.

Ce qu'il faut retenir

Cette nouvelle vague du baromètre de la pauvreté et de la précarité brosse un tableau en demi-teinte. Si la situation s’améliore sur de nombreux indicateurs, dans un contexte de ralentissement d’une inflation qui aura été très forte ces dernières années, la proportion de Français rencontrant des difficultés demeurent à un niveau très élevé et nécessite une vigilance toujours constante sur ce sujet.

Rapport complet

A propos du Secours Populaire

Secours PopulaireNé en 1945, le Secours populaire est une association à but non lucratif, reconnue d’utilité publique et déclarée Grande cause nationale. Celle-ci est habilitée à recevoir des dons, des legs et des donations. L’association s'est donnée pour mission d’agir contre la pauvreté et l'exclusion en France et dans le monde et de promouvoir la solidarité et ses valeurs. Elle rassemble des personnes de toutes opinions, conditions et origines qui souhaitent faire vivre la solidarité.

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A propos de cette enquête

Enquête Ipsos bva pour le Secours Populaire menée du 26 au 28 mai 2025 auprès de 1 000 personnes constituant un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthodologie détaillée disponible dans le rapport d'étude.

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