Élection américaine : quelles perspectives à l'approche du scrutin ?

A trois jours de l'élection américaine, Clifford Young, directeur de notre département Public Affairs aux États-Unis partageait cette tribune sur les perspectives de cette élection inédite.

Auteur(s)
  • Clifford Young Directeur Public Affairs États-Unis, Ipsos
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Tribune de Clifford Young, Directeur Public Affairs Ipsos aux États-Unis. Découvrez la version originale.

Le décompte des voix pourrait très bien se poursuivre jusqu'à la semaine prochaine. Tout le monde parle du fait que cela ne fera que retarder la concession d'un côté. Je pense cependant que la nuit du 3 novembre sera plus claire que ce que la plupart des gens pensent.

En tant que professionnel des études, le plus grand défi n'est pas de faire une prédiction mais de communiquer la certitude (ou l'incertitude) que l'on a sur cette estimation. À mon avis, notre défaut collectif en 2016 n'est pas le sondage en tant qu'outil scientifique, mais plutôt notre interprétation des signaux.  En fin de compte, nous n'avons pas pu intégrer ces signaux et ajuster notre jugement sur le résultat.

Pour dire les choses simplement, les signaux étaient mitigés. Notre modèle suggérait une victoire de Donald Trump, et non d'Hillary Clinton, et les sondages se resserraient dans les principaux swing states tout au long du mois d'octobre. De tels signaux auraient dû nous alerter. Ils ne l'ont pas fait.

Cela nous amène à 2020 : que va-t-il se passer ?

Dans mes notes hebdomadaires, j'ai constamment souligné que les sondages et le contexte favorisaient Joe Biden. Mais Donald Trump, en tant que président sortant avec des taux d'approbation relativement élevés dans les swing states, n'est pas en reste. Les signaux sont pour le moins mitigés. Ces contradictions sont toutefois moins fortes qu'en 2016, mais elles demeurent néanmoins.

Qu'en dis-je ? Joe Biden a plus de chances de gagner que Donald Trump.  Il y a même une chance non nulle de voir Biden exploser. Cela dit, il y a encore de l'espoir pour Trump, ne serait-ce qu'une lueur.

Vous trouverez ci-dessous les résultats des sondages les plus pertinents de la semaine :

  1. Les sondages sont plus fiables à l'approche du scrutin
    J'ai averti à plusieurs reprises de ne pas trop se fier aux sondages sur les "courses de chevaux". Mais à moins d'une semaine de la fin, nous verrons comment ils deviendront des indicateurs plus fiables à l'avenir. Voyez les données ci-dessous ! Toujours sceptique, mon credo reste "faire confiance mais vérifier !". Observez les tendances des swing states ces derniers jours 
    Polling accuracy pre election
  2. La base tient bon
    Le dernier mois de la campagne de 2016 a été marqué par un resserrement continu des sondages. Clinton s'est essoufflée alors que Trump a pris de l'avance.  Nous ne voyons pas cela cette année. Regardez les données ci-dessous : non seulement on n'observe pas de resserrement, mais Biden détient une plus grande avance que Clinton. Cette stabilité favorise Biden : c'est là un signal important.
    Polling lead Biden and Clinton
  3. Coronavirus, coronavirus, coronavirus.
    Encore une fois, tout tourne autour du coronavirus. Il a façonné nos vies et brouillé nos perspectives. Sur ce sujet, Joe Biden a toujours mené sur Donald Trump. En 2016, Donald Trump et Hillary Clinton étaient à égalité sur les questions clefs de l'emploi et de l'économie. Mais 2020 aurait pu nous apprendre une leçon importante : on ne peut pas faire campagne sur un virus. Nous verrons bien.
    Coronavirus
  4. Légitimité de la majorité bipartite
    Il y a beaucoup de doutes sur le lendemain de l'élection. Comment l'Amérique va-t-elle recoller les morceaux ? Les données ci-dessous sont au moins rassurantes avec le soutien majoritaire de celui qui gagne. Le mot-clé ici est l'acceptation, pas l'amour.
    Grudging acceptance
  5. Le joker de Trump
    S'il hésite à céder, les choses pourraient s'éterniser. Il a une majorité (même si elle est très faible) de Républicains qui le suivraient. L'attente est angoissante.
    Transition of power
Auteur(s)
  • Clifford Young Directeur Public Affairs États-Unis, Ipsos

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