IA générative au bureau : entre enthousiasme, usages fantômes et crainte du remplacement
Au-delà des discours sur la productivité ou les risques de l’IA générative, que vivent réellement les salariés ? Greenworking et Ipsos ont mené une enquête exclusive pour explorer, de l’intérieur, les impacts concrets de cette technologie sur l’expérience collaborateur. Entre contournement des règles, nouvelles pratiques et transformation culturelle, l’IA redéfinit en profondeur les façons de travailler, de coopérer et de manager.
Et si l’impulsion venait… des salariés ?
Tandis que les débats se focalisent sur les promesses de productivité plus ou moins étayées, ou encore sur les risques liés aux usages de l’IA générative (éthique, sécurité des données, empreinte environnementale), Greenworking a choisi de donner la parole à celles et ceux qui, au quotidien dans l’entreprise, testent, explorent, adaptent leur manière de réfléchir ou de produire, en contournant parfois les règles. Et s’interrogent sur l’avenir de leur métier.
Cette enquête exclusive menée avec Ipsos propose ainsi d’éclairer les impacts de l’IA générative sur l’expérience collaborateur, vue de l’intérieur des organisations. Car au-delà de la révolution technologique, c’est bien une transformation culturelle majeure en cours : en effet, l’IA bouscule les façons de penser, de coopérer ou encore d’exercer son rôle de manager, et impose un nouveau rapport à l’expérimentation.
Cette enquête permet de mieux qualifier les usages réels mais également de comprendre les attitudes, les attentes voire les craintes et les projections quant aux impacts de l’IA générative sur le quotidien de travail.
Elle fait notamment émerger :
- Le fait que les salariés ont pris le virage de l’IA générative davantage que les entreprises, et souvent de leur propre initiative – avec des préoccupations majeures liées à l’utilisation d’IA non-homologués par leurs employeurs.
- Une ambivalence : plus on utilise l’IA générative dans son travail, plus on retire de réelles satisfactions professionnelles… et plus on est pessimistes pour le futur de son emploi.
Un usage massif des IA génératives au travail, mais peu encadré
Si seuls 36 % des salariés déclarent que leur entreprise a officiellement déployé l’IA générative - notamment dans le secteur des services et de l’industrie - deux salariés sur trois l’utilisent déjà, dont 20 % quotidiennement. Un usage souvent « clandestin », hors des outils homologués, source de risques pour les organisations.
Des usages variés et créatifs de l'IA
Les utilisateurs d’IA ont en moyenne expérimenté au moins quatre cas usages différents (rédaction, recherche, traduction, gestion de données, etc.), avec un fort appétit pour l’expérimentation, mais avec une relative méconnaissance du fonctionnement de ces outils et à ce jour des usages qui relèvent davantage d’un usage « d’IA assistant » (vs des cas d’usages spécifiques aux métiers, qui permettent d’automatiser des parties ciblées du process de production)
Le portrait-robot des usagers réguliers de l’IA générative
Les usagers réguliers sont plutôt des hommes (53 %), jeunes (46 % ont moins de 35 ans), cadres (50 %), travaillant majoritairement dans des entreprises de 250 salariés ou plus (42 %). Une dynamique générationnelle et statutaire qui souligne la nécessité d’une acculturation large à tous les niveaux.
Des utilisations trop souvent peu encadrées : une vraie prise de risque ?
Les usages de l’IA dépassent largement le cadre des outils homologués par les entreprises, même au sein des entreprises qui ont déployé l’IA générative : seuls 32% utilisent systématiquement des outils d’IA générative homologués par leur entreprise.
Des usages d’autant plus préoccupants que de très nombreux salariés n’informent ni leurs managers (ils sont seulement 55% à répondre par la positive), ni leurs clients (43%) lorsqu’ils utilisent l’IA générative dans le cadre professionnel.
Toutefois, plus les salariés utilisent des outils d’IA générative, plus ils sont transparents avec l’usage qu’ils en font.
Accompagner l'adoption de l'IA
Pourtant, les entreprises qui ont déployé l’IA générative ont activé de nombreux leviers d’accompagnement : sensibilisations, formations, test d’amélioration produits, cadre d’expérimentation, outils internes et accès à des plateformes…
Résultat : les salariés qui utilisent l’IA générative estiment avoir d’ores et déjà développé de réelles capacités d’utilisation : seraient-ils conscients des limites opérationnelles de ces outils ?
Des impacts ambivalents sur l’expérience de travail
Les salariés tirent une réelle satisfaction de leurs usages de l’IA générative (meilleure productivité, capacité à innover, amélioration des conditions de travail), mais plus ils l’utilisent, plus ils sont inquiets pour leur avenir professionnel. En effet, 73 % estiment qu’au moins une partie de leurs tâches actuelles pourraient être effectuées avec l’aide de l’IA : dès lors, le remplacement ou la disparition de certains emplois et métiers est le risque le plus redouté (38%), devant la baisse des capacités de réflexion (34%) et la dépendance à ces technologies (33%).
Au-delà du tournant technologique : une révolution culturelle
Pour Thibaut Coiffier, associé chez Greenworking : « Ce ne sont pas les entreprises qui empileront les outils d’IA qui prendront l’avantage, mais celles qui réuniront les bonnes conditions d’appropriation. Cela passe par la prise en compte des freins cognitifs, une vraie culture de l’expérimentation, et un apprentissage ancré dans le réel.
Le modèle 70-20-10 expliqué par Lombardo et Eichinger n’a jamais été autant d’actualité : 10 % de formation – technique, mais aussi éthique et critique –, 20 % d’apprentissage entre pairs, et 70 % d’usage sur le terrain. L’IA ne s’impose pas, elle se construit dans l’usage, le discernement et la coopération. Ce qui fera la différence, c’est la capacité à articuler méthode, pédagogie et accompagnement humain. »
Rapport synthétique
A propos de greenworking
Cabinet de conseil, organisme de formation et institut d’études, Greenworking est un acteur expert des nouvelles dynamiques culturelles, organisationnelles et managériales qui mettent en dynamique les collectifs de travail.
Partenaire de plus de 65 % des entreprises du CAC 40 et d’acteurs publics, Greenworking réunit une équipe pluridisciplinaire (psychologie du travail, consultants, formateurs, analystes, experts en Sciences sociales, coachs certifiés). Les Greenworkers conçoivent et déploient des dispositifs d’accompagnement autour d’expertises intégrées : QVCT, engagement, diversité et inclusion, stratégie sociale, transformation culturelle, nouveaux modes de travail (notamment IA générative), workplace, leadership & management.
Sa raison d’être : permettre à chacun de donner le meilleur de lui-même au sein d’un collectif performant et durablement engagé.
Membre du groupe européen House of HR, acteur européen de premier plan dans les services RH, Greenworking est présent dans 12 pays.
A propos de cette enquête
Enquête Ipsos pour greenworking réalisée en ligne du 5 au 16 mai 2025, auprès d’un échantillon de 1 000 salariés du privé, hors ouvriers, représentatif de la population française salariée âgée de 18 ans et plus.