Les femmes peuvent-elles vraiment tout avoir ?
A l’occasion du Forum ELLE Active! visant à promouvoir le travail des femmes, une étude exclusive d’Ipsos France décrypte les inégalités persistantes entre hommes et femmes au travail comme dans la sphère domestique.
Un consensus : une femme active serait une femme épanouie
Au-delà de l’indépendance qui caractérise la femme active pour 79% des femmes de 20 à 30 ans, l’activité est perçue pour une majorité de femmes, tous âges confondus, comme source d’épanouissement (à 34% contre 15% à propos des femmes au foyer) mais aussi comme signe de modernité (42% contre 3%). Par ailleurs, c’est auprès des mères actives de 30 à 40 ans que « l’auto-déclaration » d’épanouissement est la plus unanime (75%). Ressenti réel ou adhésion au modèle dominant ?
Réussir sa vie ? Pour les hommes, se réaliser dans le travail et gagner de l’argent. Pour les femmes, s’épanouir et concilier le bonheur des autres
Au-delà des deux composantes jugées essentielles tant par les hommes que par les femmes pour réussir sa vie – pouvoir subvenir à ses besoins et être en bonne santé – la réussite passe avant tout, pour les femmes, par le bonheur des autres. Elles placent ainsi en 3ème position le bien être de leur couple (VS « avoir un emploi » pour les hommes) et à la 5ème position celui de leurs enfants (VS « bien gagner ma vie » pour les hommes).
« Tout avoir », une équation vécue selon les uns ou les autres tantôt comme une utopie, tantôt comme une construction… en tous les cas, vécue comme difficile pour 92% des femmes.
La conciliation vie professionnelle / vie familiale repose encore majoritairement sur les seules femmes. De ce fait, elles sont les seules à être pénalisées à l’embauche et dans la suite de leur carrière par la parentalité, vrai point d’achoppement.
Dans un contexte où la précarité frappe toujours plus durement les femmes - 72% des travailleurs pauvres étaient des femmes en 2012* - l’étude confirme la persistance des discriminations à l’égard des femmes au travail. A l’embauche tout d’abord, lors de laquelle 36% des hommes estiment normal de privilégier leurs pairs. Mais aussi à l’annonce d’une grossesse, pour laquelle, un quart des femmes témoignent de réactions négatives de la part de leur employeur. Ces « marqueurs » semblent influer sur leur projection puisqu’une majorité d’entre elles (61%) pensent ne jamais pouvoir entrer dans la hiérarchie.
La sphère domestique, quant à elle, ne fait pas figure de refuge, même si les hommes ne partagent pas toujours le constat : 60% d’entre eux déclarent ainsi partager les tâches avec leur conjointe contre seulement 29% des femmes de 30 à 40 ans. Enfin, lorsqu’il s’agit de prendre le relais si un enfant est malade, les pères sont les derniers à répondre à l’appel (11%) derrière les grands parents (19%) et les mères actives de 30 à 40 ans (55%).
C’est bien la parentalité qui reste, plus que jamais, le point de basculement face aux enjeux et aux aspirations de la vie professionnelle : les femmes considèrent ainsi, pour la moitié d’entre elles, qu’avoir des enfants est un facteur pénalisant pour la vie professionnelle (quand seules 7% le voient comme pénalisant pour les hommes). 20% d’entre elles déclarent d’ailleurs avoir déjà renoncé à une grossesse sur le court ou le long terme au profit de leur emploi. C’est un regret reconnu par plus d’un tiers d’entre elles.
« Pour la deuxième année consécutive, l’étude Ipsos pour ELLE Active! dresse un portrait encore sombre de la condition des femmes au travail. Réussir sur les deux fronts (privé et professionnel) est certes vécu comme un épanouissement, mais obtenu au prix d’accommodements et de renoncements spécifiquement féminins. La femme française, mère et active, dont nous sommes si fiers, resterait donc l’unique variable d’ajustement des équilibres familiaux », conclue Dominique Lévy-Saragossi, Directrice Générale Ipsos France.
Lire l’interview de Dominique Levy
Fiche technique :
Ipsos a mené une enquête online entre le 25 février et le 4 mars 2013 sur 4 échantillons disctincts : 500 femmes de 18 à 60 ans, 200 hommes de 18 à 60 ans, 200 femmes de 20-30 ans qui travaillent depuis au moins un an, Bac +3, sans enfant, 200 mères de 30-40 ans qui travaillent depuis au moins 5 ans.
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