L'état de la démocratie en 2024

Dans un climat de mécontentement croissant envers la démocratie, Ipsos, dévoile les résultats de son étude « L'État de la Démocratie » réalisée du 13 au 27 septembre, via l’Ipsos KnowledgePanel®. Cette enquête offre une analyse approfondie des perceptions démocratiques dans huit pays occidentaux, mettant en lumière des disparités significatives et une forte demande de réformes systémiques.

Auteur(s)
  • Mathieu Gallard Directeur d'Études, Public Affairs
  • Cristina Tudose Directrice Knowledge Panel Europe, Ipsos
  • Chris Jackson Senior VP Public Affairs, Ipsos aux USA
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Le soutien aux principes de la démocratie s'accompagne d'une volonté affirmée de réformer le système pour le rendre plus proche des besoins des individus et plus représentatif. Les citoyens se déclarent prêts à s'engager activement, politiquement et socialement, pour initier les changements nécessaires. Bien que le scepticisme envers le fonctionnement actuel de la démocratie soit répandu, les instances locales sont perçues plus positivement, avec des citoyens se sentant mieux représentés à ce niveau.

Un mécontentement vis-à-vis du système démocratique

Malgré une amélioration modeste, les citoyens continuent d'être majoritairement insatisfaits de la façon dont la démocratie fonctionne dans leur pays. Une majorité significative des répondants considère que son fonctionnement s'est détérioré au cours des dernières années, avec les Français en tête, 74% d'entre eux affirmant que la situation s'est dégradée depuis cinq ans (+ 1 point vs 2023).

L’insatisfaction des Français quant au fonctionnement démocratique des institutions du pays continue de croître et atteint 55% cette année (+ 4 points vs 2023). La Suède se distingue comme la seule nation où la majorité (68%) de ses habitants est satisfaite du fonctionnement démocratique du pays. En revanche, ce sentiment n'est partagé que par 18% de la population en Croatie. La Pologne a vu une nette amélioration de cette perception après le changement politique de l'automne 2023.


 

Les citoyens de la plupart des pays démocratiques se montrent mécontents vis-à-vis de l’action de leurs dirigeants politiques et plus largement du fonctionnement des institutions. Pour autant, on ne constate pas de rejet du principe démocratique en lui-même, bien au contraire : les citoyens veulent tout simplement des changements pour mieux se faire entendre et pour avoir des politiques publiques correspondant mieux à leurs souhaits.

Mathieu Gallard
Directeur d'études, Ipsos France

L’échelon local perçu étant comme le plus cohérent et efficace pour exercer la démocratie

La satisfaction est plus élevée au niveau local ou régional, mais elle diminue nettement au niveau national ou supra-national. Une grande majorité de Français (71%) se sentent bien représentés par les institutions de leur ville ou village, suivis par les Hollandais à 64%. Le niveau régional est également perçu comme représentatif par environ 57% des Hollandais et 54% des Français partageant ce sentiment. De même, les instances locales sont jugées comme apportant plus de résultats concrets aux citoyens, notamment en France (58%) et en Pologne (52%).

Bien que souvent perçue comme technocratique et distante des préoccupations des citoyens européens, l'Union européenne se place devant les gouvernements nationaux et est jugée satisfaisante en termes de représentativité par 1 personne sur 2 en France, en Pologne et aux Pays-Bas.

L’OTAN et l’Union européenne sont perçus comme des défenseurs de la démocratie

Le public considère l'Union Européenne et l'OTAN comme les défenseurs les plus efficaces de la démocratie, bénéficiant d'un soutien croissant dans la majorité des pays par rapport à l'année précédente. En 2024, la Pologne (57%, +11 points vs 2023) et la Suède (49%, +11 points vs 2023), étant géographiquement proches de la Russie, ont une opinion de l’OTAN particulièrement favorable. En revanche, la perception du rôle de l'Alliance atlantique est plus nuancée dans le sud de l'Europe, notamment en Espagne (21% en 2024, stable vs 2023) et en Italie (18% en 2024, - 1 point vs 2023).

L'Union européenne est également perçue comme efficace dans la défense de la démocratie dans la majorité des pays sondés, avec une forte augmentation par rapport à 2023 en Pologne (45% en 2024, + 20 points), en Suède (47% en 2024, +10 points) et en France (32% en 2024, +12 points).

Le fossé entre les citoyens et les élites continue de se creuser

Les citoyens ressentent un important fossé entre eux et leurs dirigeants politiques, avec la conviction que le système démocratique favorise principalement les élites économiques et politiques à leur détriment. Ce sentiment est particulièrement marqué en France (57%), en Italie (60%) et en Croatie (77%), où il est fortement partagé par la population.

Une diversité dans l'engagement citoyen envers la démocratie et un souhait croissant pour des réformes radicales

Dans plusieurs pays, une majorité de citoyens exprime un désir manifeste de transformation radicale du système politique comme en Croatie (70%), en Pologne (63%), en France (56%) et en Italie (56%). En revanche, les opinions sont plus divisées aux États-Unis, en Espagne, aux Pays-Bas et en Suède, où une partie notable de la population préfère des réformes institutionnelles progressives ou limitées.

Si les citoyens expriment un certain scepticisme envers le fonctionnement de la démocratie, ils demeurent actifs sur le plan politique et social, tant au niveau national que local. Dans l'ensemble des pays, une part importante de la population s'engage dans des activités autres que le vote telles que :

  • Signer des pétitions (31,6% en moyenne)
  • Boycotter des produits (27,9 % en moyenne)
  • Exprimer des opinions politiques sur les médias sociaux (16,5% en moyenne)
  • Participer à des manifestations (10,3% en moyenne)

Des Européens majoritairement favorables à l’Union mais appelant à un changement de son fonctionnement

Dans les pays de l'Union européenne participant à l'étude, l'UE est généralement perçue de manière positive. Ce sentiment est particulièrement fort en Pologne et en Suède, où plus de la moitié des citoyens partagent des opinions favorables.

Bien que les avis sur l'Union européenne soient généralement favorables, une part importante de citoyens estime qu'elle doit réviser son mode de fonctionnement. En moyenne, près de 46% des personnes interrogées partagent cette opinion, avec les Italiens en tête à à 53%, suivis des Français à 49%. Ce sentiment est fortement partagé dans tous les pays sondés. En parallèle, seule une petite fraction des citoyens est fermement opposée à l'Union européenne, même si elle venait à changer son mode de fonctionnement à l'avenir.


A propos de ce sondage

Enquête réalisée du 13 au 27 septembre 2024 auprès de 7608 personnes en utilisant le KnowledgePanel®, le panel probabiliste d'Ipsos en Croatie, France, Italie, Pays-Bas, Pologne, Espagne, Suède, et aux États-Unis.

L'enquête était basée sur des échantillons représentatifs au niveau national des personnes âgées de 18 ans et plus. Elle a été menée dans la langue officielle de chaque pays européen et en anglais aux États-Unis. Deux courriels de rappel ont été envoyés pour cette étude. Aucune information sur le sujet de l’enquête n'a été envoyée aux panélistes avant le lancement du terrain.

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Auteur(s)
  • Mathieu Gallard Directeur d'Études, Public Affairs
  • Cristina Tudose Directrice Knowledge Panel Europe, Ipsos
  • Chris Jackson Senior VP Public Affairs, Ipsos aux USA

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