Loi Garot : où en est l'application des mesures anti-gaspillage ?

Ipsos et Comerso révèlent que les grandes surfaces alimentaires ont intégré - deux ans après la mise en place de la loi Garot - les pratiques anti-gaspillage dans leur stratégie et dans la gestion du cycle de vie de leurs produits. Des difficultés subsistent cependant pour certaines enseignes. Faute de temps, de moyens ou d’expertise, ces acteurs de la distribution n‘hésitent pas à s’appuyer sur un écosystème de partenaires spécialisés pour progresser.

Une loi qui a transformé les pratiques et dynamisé les engagements durables

L’étude Ipsos commandée par Comerso révèle que 63% des acteurs de ce marché avaient déjà mis en place des actions anti-gaspillage avant la Loi Garot. Néanmoins, 35% d’entre eux déclarent que cette loi les a incités à prendre des initiatives et à aller plus loin dans les dispositifs. Ces derniers consistent à la fois en la mise en place d’actions en amont (sensibilisation, formation du personnel et évolution des pratiques) et à l’utilisation en aval du stickage et de la valorisation pour minimiser les invendus.
Depuis l’entrée en vigueur de la loi, 100% des responsables de magasins interrogés ont mis en place au moins une action anti-gaspillage (5,4 actions en moyenne par magasin). Parmi les initiatives phares sont citées des mesures pour accélérer les ventes de produits à dates courtes, ainsi que la valorisation des invendus et des déchets. Pour 87% des magasins, stickage et don aux associations sont envisagés comme complémentaires pour atteindre leurs objectifs anti-gaspillage.

En amont : Optimisation de la gestion des stocks

Des actions de sensibilisation et de meilleure gestion des stocks

98% des magasins mettent en place des actions pour favoriser une meilleure gestion des stocks et 69% mettent en place un recentrage des assortiments. Par ailleurs, la sensibilisation est prise très au sérieux : 52% magasins organisent des formations anti-gaspi pour leurs employés et 32% font appel à un coach spécialisé dans ce domaine. 37% des grandes surfaces alimentaires ont même choisi de mener des actions de sensibilisation en direction des clients. 39% pratiquent l’utilisation et la transformation des produits et 26% la vente assistée sur les fruits et légumes.

En aval : accélération des ventes à dates courtes et valorisation des invendus et des déchets

L’accélération des ventes de produits à dates courtes : une pratique généralisée via le stickage

Le stickage de produits à date courte est pratiqué par 92% des magasins. Pour 66% d’entre eux, cette pratique date de plus de trois ans, c’est-à-dire avant l’entrée en vigueur de la loi. La majorité des responsables déclare le faire pour des raisons financières : 98% pour minimiser la casse et 74% pour sauvegarder une partie des marges. 99% du stickage concerne les rayons frais. Les clients en bénéficient car, en moyenne, les remises se situent le plus souvent entre -30% et -40%.

Stickage : plus fréquent mais manque de temps pour le suivi - une pratique trop chronophage

La problématique principale réside dans le temps qu’il nécessite : 66% des responsables de magasins souhaitent qu’il prenne moins de temps aux équipes. Il est vécu comme complexe et chronophage. Ceci explique probablement pourquoi 38% des magasins ne suivent pas régulièrement les ventes stickage et que 11% ne les suivent pas du tout. Une autre problématique réside dans la difficulté de gérer les produits stickés non vendus : 34% d’entre eux sont jetés et donc non valorisés. Face à ces difficultés, certains magasins choisissent d’être accompagnés par des partenaires externes.

Le don aux associations : une pratique généralisée et désormais institutionnalisée

93% des magasins pratiquent le don aux associations et interagissent en moyenne avec 2,1 associations. 45% d’entre eux sont collectés chaque jour et 64% donnent depuis plus de 3 ans. La majorité des acteurs de la grande distribution (94%) met en avant la dimension sociale du don (en externe et en interne). Une grande partie d’entre eux (79%) s’est investie dans cette démarche pour des raisons financières (économie fiscale et coût de traitement des déchets). Date limite de fraîcheur oblige, le rayon frais est le premier concerné par ces dons (96%), l’alimentaire ambiant vient ensuite (92%) puis les fruits et légumes (79%). En matière de logistique, 84% des denrées sont collectées par les associations elles-mêmes et 16% par des sociétés externes.

Une fréquence de collecte qui reste perfectible

55% des magasins ne donnent pas tous les jours et 20% des collectes se fait sans camion frigorifique. 27% ne donnent qu’une partie des produits frais et uniquement 33% des produits frais métiers. Par ailleurs, 26% des magasins ne savent pas si leurs associations sont agrées RIG ou RUP et la même proportion trouve compliqué de récupérer des attestations fiscales ou ne les récupèrent pas. Enfin, les magasins qui n’effectuent pas de dons évoquent l’argument de la responsabilité en cas de problème sanitaire, administratif et fiscal. Le développement d’un écosystème de partenaires spécialisés et certifiés constitue une voie pour assurer aux non donateurs une prestation clef en main et totalement sécurisée, et apporter aux faibles donateurs des solutions d’optimisation et de sécurisation.

Une valorisation croissante des déchets… mais encore très insuffisante

L’objectif des magasins est de diminuer au maximum les déchets, mais il reste toujours une part incompressible. 60% d’entre eux déclarent avoir mis en place un tri bio-déchets. Il s’agit sans surprise des hypermarchés qui se doivent d’être en adéquation avec le cadre légal en vigueur. 10% des magasins seulement pratiquent la valorisation des bio-déchets par des filières spécifiques. Des progrès doivent donc encore être réalisés. Là encore, le développement d’un écosystème de partenaires au service de cette approche durable (logisticiens, spécialistes de la collecte et de la méthanisation, agriculteurs…) permettra aux magasins d’aller plus loin.
 

Baromètre 2018 de la valorisation des invendus en grande distribution

 

En savoir +

Fiche technique :
Etude menée sur la base d’un fichier de contacts regroupant 6 000 enseignes de supermarchés / hypermarchés / drive - 164 directeurs / directrices d’hypermarchés / supermarchés en France – Par téléphone, du jeudi 7 au vendredi 15 décembre 2017. 

Auteur(s)

  • Clarisse de Maupeou
    Clarisse de Maupeou
    Directrice de département - Social Intelligence Analytics

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