À six mois des élections européennes, les Français portent un regard ambivalent sur l’Union Européenne et l’Euro

À l'occasion de la 20ème journée du livre d’économie, Ipsos / Sopra Steria et Lire la Société ont interrogé les Français sur leur rapport à l’Europe et à l’Euro à six mois des élections européennes et 18 ans après la mise en place de la monnaie unique en France.

Une Europe qui reste avant tout culturelle

Interrogés sur les éléments qui font de l’Europe un ensemble spécifique par rapport aux autres régions économiquement développées du monde (Amérique du nord, Asie du sud-est), les Français citent avant tout « l’accent mis sur certaines valeurs » comme l’opposition à la peine de mort ou le droit à l’avortement (33%), « l’histoire » (26%) et « la culture (littérature, musique, peinture, etc.) » (22%) devant des éléments plus politiques et économiques (protection sociale, paix, faible place de la religion, etc.). Cette proximité culturelle jouant un rôle prioritaire, il n’est pas surprenant que les Français se sentent proches dans leurs valeurs et leurs modes de vie des habitants des pays limitrophes (Belgique 80%, Espagne 72%, Italie 66%, Allemagne 66%) avec lesquels ils partagent une histoire et une culture plus proche que par rapport à des pays plus éloignés (Suède 43%, Grèce 32%, Pologne 21%, Hongrie 19%).

L’Euro, une monnaie qui pèse sur le pouvoir d’achat mais dont les Français ne veulent pas sortir

Les Français conservent un souvenir mitigé du passage à l’Euro : 41% estiment qu’il s’est mal passé pour eux-mêmes ou leurs proches et 47% pour le pays dans son ensemble. Le constat actuel est aussi assez négatif : s’ils estiment que la mise en place de l’Euro a permis d’améliorer les possibilités de se déplacer et de faire du tourisme en Europe (78%), une très large majorité juge aussi que les conséquences ont été négatives en matière de pouvoir d’achat (75%) ou de hausse des prix (82%).

Pour autant, seule une minorité (33%) est favorable à la sortie de la France de la zone Euro et au retour au Franc, et la part des Français qui jugent ce scénario « probable » ou « certain » au cours des 10 prochaines années est encore plus faible (23%).

Une inquiétude envers la montée des partis europhobes qui va de pair avec de profondes réserves à propos du fédéralisme européen

A six mois des élections européennes, une majorité de Français (56%) se dit inquiète de la montée « de partis remettent profondément en cause le fonctionnement actuel de l’Union européenne (RN et FI en France, AfD en Allemagne, Ligue en Italie, etc. », contre 25% qui se disent satisfaits d’une telle évolution (dont 60% chez les sympathisants RN et 53% à la FI). Mais cette inquiétude envers l’euroscepticisme voire l’europhobie croissante n’empêche pas l’opinion de s’opposer au fédéralisme européen : seuls 25% des Français souhaitent que dans les années à venir, on donne « plus de pouvoirs aux institutions de l’Union Européenne » contre 45% qui préfèreraient que l’on donne « plus de pouvoirs aux Etats membres ».

Fiche technique : enquête Ipsos/Sopra-Steria menée du 21 au 25 novembre 2018 auprès de 1057 personnes constituant un échantillon national représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

Auteur(s)

  • Brice Teinturier, Directeur Général Délégué France, Ipsos
    Brice Teinturier
    Directeur Général Délégué France, Ipsos (@BriceTeinturier)
  • Mathieu Gallard - Directeur d'études, Public Affairs
    Mathieu Gallard
    Directeur d'Études, Public Affairs

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