39% des Français pensent qu'on en demande trop aux hommes pour soutenir l'égalité de genre
A l'occasion de la Journée internationale des Droits des Femmes, Ipsos en France dévoile les résultats de son étude annuelle réalisée dans 31 pays, dont la France, interrogeant la vision de la parité de chaque citoyen dans son pays. Alors que les droits des femmes progressent avec le vote favorable du Sénat pour l’inscription de l’IVG dans la Constitution, l’étude Global Advisor International Women’s Day d’Ipsos s’intéresse aux évolutions perçues en termes de droits et d’égalité de genre en France.
Chiffres clés
- 63% des Français estiment que les femmes n’atteindront pas l’égalité des genres sans l’implication des hommes
- 43% de la population considère que la France en a « déjà assez fait assez » pour la parité
- Deux Français sur 10 (20%) jugent qu’un homme au foyer n’est « pas vraiment un homme »
- 46% des Français trouvent que les femmes sont moins bien traitées que les hommes dans leur travail
- 34% des Français estiment que le traitement médiatique est plus mauvais pour les femmes que pour les hommes. 40% des Français ont le même sentiment pour les réseaux sociaux
Egalité femmes-hommes : des progrès, mais pas de triomphalisme
En France, la proportion de ceux qui pensent qu’il en a déjà été fait assez en matière d’égalité femmes-hommes progresse de façon spectaculaire, passant de 27% en 2019, à 43% cette année.
Le nombre de personnes qui se disent féministes passe timidement de 33% en 2019 à 39% en 2023 à l’échelle mondiale des pays interrogés par Ipsos dans son étude Global Advisor International Women’s day. En France, le score a progressé de 11 points, passant de 32% à 43%.
Sans surprise, dans le monde, les femmes se déclarent en général plus féministes (45%) que les hommes ne le font (32%).
Relativement investis même s’ils ne se considèrent pas tous féministes, les Français sont en revanche plus nombreux (63%) à être d'accord pour dire que les femmes n'atteindront pas l'égalité si les hommes ne s’impliquent pas pour soutenir les droits des femmes. Néanmoins, le sujet de l’égalité femmes-hommes reste sensible, 27% des Français disent même être inquiets des conséquences de leur engagement s’ils militent en sa faveur. Cette inquiétude, qui risque de freiner la prise d’initiatives des hommes pour l’égalité des genres, est donc partagée par plus d’un Français sur 4, l’un des chiffres les plus hauts en Europe.
La demande d’implication pour la parité serait-elle devenue une contrainte en France ? 39% de la population pense en effet qu’on en demande trop aux hommes pour soutenir l'égalité des sexes, après 21% en 2019. Les différences générationnelles sont manifestes dans le monde, entre 62% des jeunes de la Gen Z (12 à 27 ans) et 63% des Millennials masculins (28 à 44 ans) qui estiment que l’on attend trop d’eux, contre 58% dans la Gen X (45 à 59 ans) et 50% chez les Baby-Boomers (60 à 79 ans). 37% des interviewés considèrent même que nous sommes allés si loin dans la promotion de l'égalité des femmes en France que nous discriminons les hommes, mais avec une différence marquée entre les hommes (46%) et les femmes (29%).
En parallèle de ces constats, les stéréotypes restent ancrés en France, 20% des Français allant encore jusqu’à dire qu’un homme qui reste à la maison pour s'occuper de ses enfants n’est plus « un homme ».
L’exercice des responsabilités : des perceptions encore inégalitaires
Si les femmes ont longuement subi des préjugés sur leurs compétences professionnelles à cause de leur genre, et le subissent même parfois encore, les mentalités progressent. Elles sont peu à peu reconnues dans leurs responsabilités au même titre que les hommes. Sur le plan politique par exemple, si 58% des Français déclarent ne pas avoir de préférence entre un homme ou une femme en cas d’élection, 24% déclarent tout de même préférer que ce soit une femme (vs. 15% un homme).
Dans certains métiers, longtemps considérés comme « masculins », les femmes se démarquent et sont aujourd’hui jugées aussi efficaces que les hommes : pour la défense nationale (pour 46% des Français), dans la lutte contre la criminalité (43%), ou encore dans l’aide aux moins-favorisés (41%). En ce qui concerne les dépenses publiques, 16% estiment que des leaders politiques femmes dépenseraient l’argent des contribuables à bon escient, contre 4% pour les politiciens hommes, mais pour 37%, les deux seraient aussi efficaces. Côté management, 60% en France, pensent que les hommes et les femmes chefs d'entreprise sont tout aussi doués pour créer une entreprise financièrement prospère et innovante.
Pourtant, certaines choses restent à améliorer en faveur de l’égalité femmes-hommes, leur traitement médiatique, par exemple, n’est pas neutre : 34% en France estiment qu’il est plus mauvais pour les femmes que pour les hommes. En ce qui concerne les réseaux sociaux, 40% des Français ont le même sentiment vs. 28% à l’échelle mondiale. Au travail également, leur situation n’est pas parfaite non plus : 32% dans le monde et 46% en France jugent que les femmes sont moins bien traitées que les hommes dans leur métier.
« Deux principaux enseignements sont à retenir de ce Global Advisor : les jeunes générations ne sont pas toujours les plus progressistes et les différences de points de vue selon les genres sont à prendre en compte dans l’analyse de ces résultats. De quoi alimenter les fractures… » - ajoute Mathilde Guinaudeau, Leader du groupe Gender Balance Network chez Ipsos en France.
Les médias et la publicité ont-ils un rôle à jouer pour atteindre l'égalité des genres ?
76% des consommateurs sont d'accord pour dire que la publicité a le pouvoir de façonner notre vision de la société. Pourtant, seules 5% des publicités testées mettent en scène des femmes dans des situations rupturistes quand 53% présentent les femmes dans des rôles traditionnels.
Grâce à une méthodologie Innovante, les experts Ipsos Creative Excellence ont analysé 450 publicités en France pour dresser un état des lieux de la représentation des femmes dans les campagnes publicitaires. Retrouvez cette analyse ici.
Découvrez les résultats internationaux
A propos de cette enquête
Enquête menée dans 31 pays par Ipsos sur sa plateforme en ligne Global Advisor et, en Inde, sur sa plateforme IndiaBus, entre le vendredi 22 décembre 2023 et le vendredi 5 janvier 2024. Pour cette enquête, Ipsos a interrogé au total 24 269 adultes âgés de 18 ans et plus en Inde, de 18 à 74 ans au Canada, en République d'Irlande, en Malaisie, en Nouvelle-Zélande, en Afrique du Sud, en Turquie et aux États-Unis, de 20 à 74 ans en Thaïlande, de 21 à 74 ans en Indonésie et à Singapour, et de 16 à 74 ans dans tous les autres pays.