40% des Français pensent que leur santé s'est dégradée depuis le début de la pandémie

Comment la santé globale des individus a-t-elle évolué pendant la crise du Covid-19 ? Quels sont les domaines dans lesquels leur santé a régressé et ceux où elle s’est maintenue ? A quel point les personnes ont-elles vu apparaître certains nouveaux problèmes de santé pendant l’épidémie ou subi une aggravation de pathologies ou de maladies préexistantes ? Quelle proportion d’individus a renoncé à des traitements ou à des soins durant l’épidémie ? Pour quelles raisons ? Est-ce que ces renoncements aux soins et aux consultations ont été compensés par une plus forte utilisation de la télémédecine et des applications digitales ? Autant de questions auxquelles AXA a souhaité apporter des éléments de réponse en confiant à Ipsos la réalisation d’une enquête dans 14 pays dans le monde auprès de 14 000 personnes entre le 23 février et le 19 mars 2021. Ipsos et AXA présentent ici l’analyse de la situation dans 7 pays européens emblématiques (la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Belgique et la Suisse).

Auteur(s)
  • Etienne Mercier Directeur Opinion et Santé - Public Affairs
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A l’heure actuelle, la pandémie de Covid-19 aurait fait plus de 4,5 millions de morts dans le monde. Le bilan, dressé à partir de données que les États ont rendues publiques, pourrait être en réalité bien pire selon l'Organisation mondiale de la santé. Plusieurs pays ont déjà vu l'espérance de vie de leurs habitants chuter. Les évaluations tombent les unes après les autres : elle reculerait ainsi d’1,5 ans aux États-Unis, de 4 ans en Afrique du Sud, de 2 ans en Russie, de 1,6 ans en Espagne, d’environ 0,5 ans en France, etc.  
Mais on craint désormais d’autres conséquences de l’épidémie, plus souterraines et moins visibles, qui pourraient se révéler aussi très violentes. Il est en effet probable que les phases de confinement et d’isolement mises en place dans le monde aient généré une détérioration du niveau de bien-être et de santé chez un certain nombre d’individus, notamment les malades chroniques (en termes de sommeil, de niveau d’anxiété, d’apparition de nouveaux problèmes de santé, de retard dans la prise en charge, etc.). L’onde de choc et les impacts pourraient être potentiellement graves dans les toutes prochaines années, voire dans les prochains mois. AXA a cherché à mesurer l’étendue du phénomène. 

Les chiffres-clés de l’enquête

  • 40% des Européens déclarent que leur santé s’est détériorée par rapport à avant l’épidémie (48% des Italiens, 46% des Espagnols, 43% des Britanniques, 40% des Français et des Belges, 36% des Allemands).
  • Dans le détail, près d’1 Européen sur 2 avoue que sa situation s’est dégradée dans de nombreux domaines : le niveau d’anxiété (51% au global disent qu’il s’est détérioré mais 64% en Italie, 55% en France, au Royaume-Uni, en Espagne et 51% en Belgique), l’état physique général (47% au global disent qu’il est moins bon, 52% en Italie, 50% au Royaume-Uni, 49% en Espagne et en France, 48% en Belgique) ou encore le niveau de fatigue (47% au global mais 55% en Italie, 51% au Royaume-Uni et en France, 50% en Espagne, 48% en Belgique).
  • 72% déclarent qu’il leur a été plus difficile d’avoir accès aux soins et professionnels de santé lorsqu’ils en ont eu besoin pendant l’épidémie (85% en Italie, 76% au Royaume-Uni et en Espagne, 75% en Belgique, 66% en Allemagne, 65% en France et 58% en Suisse).
  • 66% ont eu au moins un problème de santé qui est apparu ou qui s’est aggravé pendant l’épidémie, principalement des problèmes musculaires, articulaires ou osseux (31%), psychologiques (30%), digestifs (18%), dentaires 17%), neurologiques (17%), dermatologiques (15%), ophtalmologiques (14%), respiratoires (11%) ou encore cardio-vasculaires (10%).
  • 45% de ceux qui ont eu des problèmes de santé pendant l’épidémie disent avoir renoncé à des soins, des traitements ou une consultation (60% en Espagne, 53% en Italie, 42% en Allemagne et au Royaume-Uni, 40% en France, 38% en Suisse et 34% en Belgique). Au global, cette situation concerne 31% des Européens.
  • Et les outils digitaux ne sont pas vraiment venus améliorer la situation : peu de personnes ont eu plus recours aux téléconsultations avec leur médecins généralistes (7%) ou leur spécialiste (6%) qu’avant l’épidémie. C’est en France que la téléconsultation a le plus progressé (12% pour les généralistes, 11% pour les spécialistes). Le niveau d’utilisation des applications digitales de santé n’a que très légèrement progressé (9%).

La santé de 4 Européens sur 10 s’est détériorée durant la période de la pandémie

A priori, la situation pourrait paraître plutôt positive puisque 64% des Européens estiment être en bonne santé (10% « très » bonne et 54% « assez » bonne). Mais il faut relativiser ce chiffre. D’abord, la situation diffère d’un pays à l’autre au sein même du continent européen. Si 80% des Suisses se déclarent en bonne santé, seulement 50% des Italiens disent l’être aussi. Ensuite, a contrario, plus d’1 Européen sur 3 estime que sa santé est « moyenne » (29%) ou « mauvaise » (6%). C’est préoccupant.

Surtout, 40% des Européens estiment que leur santé s’est détériorée depuis le début de l’épidémie (contre 43% qui disent qu’elle n’a pas changé, 16% qu’elle s’est améliorée et 1% qui n’ont pas souhaité répondre). Là encore les Italiens semblent les plus touchés par cette détérioration (48%), devant les Espagnols (46%), les Britanniques (43%), les Français et les Belges (40%), les Allemands (36%) et les Suisses (seulement 29%).

Dans le détail, près d’1 Européen sur 2 avoue que sa situation s’est dégradée dans de nombreux domaines : le niveau d’anxiété (51% au global disent qu’il s’est détérioré mais 64% en Italie, 55% en France, au Royaume-Uni, en Espagne et 51% en Belgique), l’état physique général (47% au global disent qu’il est moins bon, 52% en Italie, 50% au Royaume-Uni, 49% en Espagne et en France, 48% en Belgique) ou encore le niveau de fatigue (47% au global mais 55% en Italie, 51% au Royaume-Uni et en France, 50% en Espagne, 48% en Belgique). Le poids est aussi un sujet sur lequel la situation s’est détériorée pour beaucoup (43% des Européens) : le problème touche presqu’1 Italien et 1 britanniques sur 2 (48% dans les deux pays).

Les ¾ des Européens déclarent qu’il leur a été plus difficile pendant l’épidémie d’accéder à une prise en charge par des professionnels de santé

72% d’entre eux avouent avoir eu plus difficilement accès aux soins et aux professionnels de santé. Le phénomène est majoritaire dans tous les pays mais plus fort encore une fois en Italie (85%), en Espagne (76%) et au Royaume-Uni (76%). Pour ces pays, déjà fortement touchés par l’épidémie de Covid-19, c’est la double peine puisque l’accès aux prises en charge médicale est aussi devenu plus problématique. Mais les autres pays ont aussi été très touchés par ce phénomène : c’est le cas de la Belgique (75%), de l’Allemagne (66%), de la France (65%) et de la Suisse (58%).

Les difficultés rencontrées ne s’arrêtent pas là. La majorité des Européens interrogés estiment que depuis le début de l’épidémie, il leur a été plus difficile de suivre et contrôler l’évolution de leur état de santé (57%), de savoir quoi faire face aux problèmes de santé qu’ils rencontrent (57%) ou encore de trouver des réponses aux questions qu’ils se posent sur leur état de santé (56%).

2 Européens sur 3 ont rencontré des problèmes de santé durant l’épidémie et 1 sur 3 déclare que tous n’ont pas fait l’objet d’une prise en charge médicale, le plus souvent pour des raisons « subies »  

66% ont eu au moins un problème de santé qui est apparu ou qui s’est aggravé pendant l’épidémie, principalement des problèmes musculaires, articulaires ou osseux (31%), psychologiques (30%), digestifs (18%), dentaires (17%), neurologiques (17%), dermatologiques (15%), ophtalmologiques (14%), respiratoires (11%) ou encore cardio-vasculaires (10%).

Au global, 45% des personnes qui ont rencontré ces problèmes de santé, déclarent avoir renoncé à des soins, des traitements ou une consultation pour qu’ils soient pris en charge (au global, ce problème toucherait 31% de l’ensemble des personnes interrogées). Là encore, la situation diffère d’un pays à l’autre. La majorité des Espagnols et des Italiens touchés par des problèmes de santé, déclare avoir renoncé à une prise en charge (respectivement 60% et 53%). Mais dans les autres pays, beaucoup sont aussi concernés : 34% en Belgique, 38% en Suisse, 40% en France, 42% en Allemagne et au Royaume-Uni.

Les raisons invoquées sont très diverses : seuls 1/3 des européens l’expliquent par le fait qu’ils ont pu se débrouiller autrement, en ayant recours à l’automédication par exemple (36%). Les autres semblent avoir subi ce manque de prise en charge médicale, soit par peur de contracter le virus en allant à une consultation (37%), soit parce que leur médecin ne donnait pas de consultation (35%), soit plus rarement parce qu’ils ont rencontré des difficultés financières (15%).

La prise en charge des malades chroniques européens semble avoir été particulièrement impactée pendant l’épidémie

Plus d’1 patient sur 3 souffrant de pathologies chroniques (cancer, diabète, maladies cardiovasculaires, etc.) considère que la situation concernant ses problèmes de santé est moins bonne depuis le début de l’épidémie (35%), c’est encore plus le cas en Italie et au Royaume-Uni (41%) mais le phénomène se retrouve aussi en France (33%), en Belgique (34%) ou encore en Allemagne (37%).

Près de 8 patients sur 10 ont eu au moins un problème de santé qui est apparu ou qui s’est aggravé pendant l’épidémie (78%). Près d’1 sur 2 estime que sa santé est moins bonne par rapport à avant l’épidémie (47%). La majorité des patients concernés par l’apparition ou l’aggravation de ces problèmes de santé déclare ne pas avoir renoncé à des soins, des traitements ou une consultation pour qu’ils soient pris en charge (52%).

Les problèmes rencontrés dans la prise en charge médicale des problèmes de santé n’ont pas véritablement pu être corrigés par un recours plus accru à la téléconsultation et aux outils digitaux. La Chine apparaît comme un modèle à suivre

On aurait pu espérer que les difficultés rencontrées pour avoir accès aux soins et aux professionnels de santé soient en partie compensées par un plus large recours à la téléconsultation et aux outils digitaux. Cela l’a été mais pas autant qu’on aurait pu le souhaiter. Rares sont les Européens qui disent avoir eu plus recours pendant l’épidémie à des téléconsultations avec leur médecin généraliste (7%) ou spécialiste (6%). Les Français font partie de ceux qui l’ont plus fait qu’avant (12% avec leur médecin généraliste et 11% avec leur spécialiste) ainsi que les Britanniques (respectivement 10% et 8%).

Les applications digitales de santé et de bien-être sur smartphone n’ont pas non plus fait l’objet d’une utilisation beaucoup plus importante durant l’épidémie (seulement 9% déclarent en avoir plus téléchargé qu’avant, 21% autant qu’avant, 6% moins, tandis que 64% disent n’en avoir jamais téléchargé).

Les habitants des pays européens sont aux antipodes des comportements et attitudes des Chinois. Ces derniers sont ceux qui déclarent le plus que s’ils ont renoncé à des soins, consultations ou traitements, c’est parce qu’ils se sont soignés plus souvent autrement, notamment par l’automédication (51% contre 36% pour les Européens). Ils font partie de ceux qui disent le plus avec les Américains avoir eu plus recours à la téléconsultation avec leur médecin généraliste (14% pour les Chinois et 26% pour les Américains) mais aussi avoir téléchargé des applications sur leur smartphone (20% pour les Chinois et 17% pour les Américains).

AXA

 

A propos d'AXA
Le Groupe AXA est un leader mondial de l’assurance et de la gestion d’actifs, avec 153 000 collaborateurs au service de 105 millions de clients dans 54 pays. En 2020, le chiffre d’affaires IFRS s’est élevé à 96,7 milliards d’euros et le résultat opérationnel à 4,3 milliards d’euros. Au 31 décembre 2020, les actifs sous gestion d’AXA s’élevaient à 1 032 milliards d’euros.

Fiche technique : enquête réalisée par Ipsos pour AXA dans 14 pays auprès d'échantillons représentatifs de la population âgée de 18 ans et plus de chaque pays. Les interviews ont eu lieu de du 23 février au 19 mars 2021.Les interviews ont été réalisées en ligne via Ipsos Access Panel. La représentativité des échantillons a été assurée par la mise en place de la méthode des quotas appliquée au sexe, à l'âge, à la profession, à la région et à la catégorie d’agglomération.
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