53% des travailleurs pauvres déclarent ne pas manger à leur faim
Instabilité professionnelle : quand l’emploi fragilise
Les travailleurs pauvres subissent des parcours d’emploi morcelés et instables. 21 % ont connu le chômage ces deux dernières années (contre 16 % pour l’ensemble des actifs), 20 % ont été confrontés à des difficultés familiales affectant leur emploi, et 14 % ont dû prendre un congé pour s’occuper d’un proche (contre 7 % ).
Près de 60 % ont accepté des temps partiels ou des horaires atypiques par nécessité, et 36 % cumulent plusieurs emplois. Cette précarité prolongée impacte leur santé : 80 % ont ressenti de l’anxiété ou de la nervosité au cours de l’année écoulée, 75 % se déclarent en mauvaise forme, et 45 % anticipent une détérioration de leur santé.
Le budget alimentaire, variable d’ajustement douloureuse
Le budget alimentaire est devenu une contrainte brutale : 83 % des répondants ont réduit leurs dépenses alimentaires cette année. L’alimentation, autrefois source de plaisir, devient désormais une source de stress et de privation.
Manger sous contrainte : peu de variété, peu de choix
L’alimentation des travailleurs précaires est marquée par la contrainte. 74 % consomment principalement des féculents, non pas par choix mais par obligation. 69 % estiment qu’une alimentation saine est trop coûteuse, et deux tiers déclarent ne pas pouvoir manger suffisamment de fruits, de légumes frais ou de protéines animales.
Les enfants, premiers touchés : privations et stratégies de survie
Les parents interrogés dressent un portrait préoccupant de l’alimentation de leurs enfants : 61 % ne peuvent leur offrir des aliments plaisirs, 34 % limitent leurs portions, et 27 % ne peuvent pas nourrir leurs enfants à leur faim.
Certaines stratégies s’imposent : 22 % des parents conseillent à leurs enfants de « manger le plus possible à la cantine » pour compenser les manques à la maison. Les repas des enfants sont eux aussi marqués par la répétition et la pauvreté nutritionnelle : 63 % sont essentiellement nourris de féculents, et 60 % ne mangent pas de manière variée.
Cuisiner devient un obstacle
Cuisiner au quotidien devient un défi pour de nombreux travailleurs pauvres. 36 % trouvent cela difficile. Le manque de temps ( 45 % ), la solitude ( 37 % ), la fatigue ou le manque d’équipement ( 25 % ) sont des obstacles récurrents.
Résultat : 23 % se nourrissent fréquemment de plats préparés ou de restauration rapide, un chiffre qui grimpe à 29 % chez les hommes et à 34 % chez les moins de 35 ans.
Aides alimentaires : un recours insuffisant malgré l’urgence
Malgré l’urgence de la situation, seuls 36 % des travailleurs pauvres ont recours aux aides alimentaires. Ce faible recours s’explique par le sentiment d’inéligibilité (56 %), le manque d’information (64 %), ainsi que la gêne et la honte à demander de l’aide (32 %).
Cependant, ceux qui ont eu recours aux épiceries solidaires, en ressortent satisfaits : 73 % ont mieux géré leur budget alimentaire, 69 % ont eu accès à des produits frais, 62 % ont amélioré l’équilibre de leur alimentation, et 65 % ont retrouvé de la confiance en leurs capacités à surmonter les difficultés.
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A propos d'Andès
Fondée en 2000, Andès (Association Nationale des Épiceries Solidaires) est l’un des principaux réseaux d’aide alimentaire en France. Andès est une association du Groupe SOS, organisation à but non lucratif engagée en faveur du vivre-ensemble. Depuis 40 ans, le Groupe SOS développe et unit des associations et entreprises sociales, reliées par leur engagement social et environnemental.
Présente sur tout le territoire et en Outre-mer, Andès fédère plus de 630 épiceries solidaires qui accompagnent chaque année plus de 260 000 personnes vulnérables.
Son modèle repose sur une approche innovante : permettre aux bénéficiaires de choisir librement leurs produits, à moindre coût (20 % du prix du marché), dans un cadre respectueux et non stigmatisant.
Face à l’élargissement de la précarité alimentaire, y compris parmi les actifs, Andès défend une vision inclusive de l’aide alimentaire, fondée sur le choix, la qualité nutritionnelle, et l’accès à une alimentation saine et digne pour tous.
Parce que manger à sa faim, de manière équilibrée, ne devrait jamais dépendre de la nature ou des revenus de son travail.
A propos de ce sondage
Enquête Ipsos pour Andès menée du 25 février au 4 mars 2025 auprès de 1 000 travailleurs âgés de 18 à 67 ans, en situation d’emploi précaire (CDD, contrat aidé, apprentissage ; intérim ; temps partiel subi ; indépendant) et/ou sous le seuil de pauvreté (établi par l’Insee à 60 % du niveau de vie médian de la population).