Baromètre 2025 de la fuite des cerveaux
Les chiffres clés à retenir
▶︎ Près d’un milliard d’euros : c’est le coût annuel pour l’État du départ à l’étranger de près de 15 000 jeunes diplômés très qualifiés formés en France.
▶︎ 57% des talents interrogés envisagent une expatriation dans les trois prochaines années, dont 21% sérieusement.
▶︎ 84% des jeunes diplômés citent au moins un avantage lié à l’écosystème national comme raison d’attractivité professionnelle de la France.
▶︎ 86% des talents français estiment que la revalorisation de leurs rémunérations est la mesure prioritaire pour les convaincre de rester.
▶︎ 70% des talents estiment que la France est en déclin, 74% se disent inquiets quant à la situation économique et 81 % inquiets de la situation politique.
Une hémorragie des talents silencieuse et continue
Le baromètre publié par la Fédération Syntec et Ipsos bva met en lumière une réalité préoccupante : l’expatriation croissante de jeunes diplômés français parmi les plus qualifiés, qui représente un risque structurel pour l’innovation et la compétitivité. Chaque année, 10% des jeunes diplômés issus d’écoles d’ingénieurs et 15% des jeunes diplômés issus d’écoles de management choisissent de s’expatrier. Une tendance stable en proportion des effectifs des écoles concernées, mais en nette hausse en volume (+23% en dix ans). En outre, le niveau d’expatriation est d’autant plus élevé que les profils sont plus qualifiés (19% en 2024 pour l’École polytechnique et 17,4% pour Centrale Supelec en 2022). Le financement public de la formation des futurs expatriés en classes préparatoires puis en écoles représente près d’un milliard d’euros par an.
Dans l’enquête réalisée par Ipsos bva auprès d’une population de 1000 actifs et étudiants diplômés Bac +5 et plus, 57% envisagent une expatriation dans les trois prochaines années, dont 21% sérieusement. Le Canada (29%), la Suisse (22%), les États-Unis (17%) et l’Allemagne (16%) sont les principales destinations visées.
Malgré les atouts de l’écosystème français, des freins persistent et conduisent à l’expatriation
Notre pays dispose d’atouts indéniables pour attirer et retenir les talents hautement qualifiés. 73% des talents interrogés ont une bonne image de leur environnement professionnel, chiffre qui monte à 81% chez les ingénieurs. 84% des répondants citent au moins un avantage lié à l’écosystème français comme raison d’attractivité : la protection sociale (48%), les congés payés (46%), la protection de l’emploi (38%) ou encore le cadre de vie (38%).
Cependant, il existe dans notre pays des freins majeurs et structurels à l’attractivité et à la rétention des talents. La fiscalité est perçue comme un fardeau par près de la moitié des répondants. Les rémunérations nettes sont jugées insuffisantes (44% des répondants) et le marché du travail trop rigide (32%).
De plus, un climat d’inquiétude générale domine : 70% des talents estiment que la France est en déclin, 74% s’inquiètent de la situation économique et 81% de la situation politique. Ces perceptions négatives accentuent le risque de « détalentisation » du pays.
A propos de la Fédération Syntec
La Fédération Syntec est la principale organisation professionnelle de la branche des bureaux d’études techniques, cabinets d’ingénieurs-conseils et sociétés de conseils. Elle regroupe plus de 120 000 entreprises en France, dont 81% de PME/TPE, représentant 1,4 million de salariés et enregistre la création en moyenne de 50 000 emplois nets par an. La Fédération couvre cinq grands secteurs représentant près de 8% du PIB français : numérique, ingénierie, conseil, événementiel et formation professionnelle.
A propos de cette enquête
Le baromètre combine une analyse des données disponibles sur l’expatriation des jeunes diplômés, une enquête quantitative menée du 13 au 23 juin 2025 auprès de 1008 personnes résidant en France (Bac+5 et plus), incluant 802 actifs (cadres supérieurs et chefs d’entreprises) et 206 étudiants, et une enquête qualitative réalisée à partir de 25 entretiens en ligne auprès d’étudiants et d’actifs hautement qualifiés. Méthodologie complète disponible dans le rapport complet.