Dis-moi ce que tu manges…
Alors que l’on observe d’importantes mutations dans les modes de consommation des Français, qu’en est-il plus précisément de leurs habitudes alimentaires ? Quelles valeurs rattachent-ils à ce moment symbolique qu’est le repas ? Et comment envisagent-ils d’évoluer dans les années à venir ? Consciente de la portée de ces interrogations, INTERBEV (Interprofession Elevage et Viande) a souhaité approfondir le sujet. C’est pourquoi, elle a confié à Ipsos la réalisation d’une étude intitulée « Les attitudes et tendances alimentaires des Français », dont voici les principaux enseignements.
Le repas des Français : naturellement équilibré et source de plaisir
L’étude Ipsos souligne en premier lieu que les Français consomment tous les types d’aliments, et ce, en quantités raisonnables, ce qui leur permet d’avoir un régime équilibré. En ce qui concerne la viande (boeuf, veau, agneau et porc), ils en mangent un peu plus de 3 fois par semaine, en parfaite cohérence avec les recommandations des instances de santé publique. En revanche, ils surévaluent fortement la consommation de viande de leurs compatriotes, en la situant au double de la réalité.
En moyenne, les Français indiquent manger… |
De la viande un peu plus de 3 fois par semaine De la volaille un peu plus de 2 fois par semaine Du poisson un peu moins de 2 fois par semaine Des oeufs environ 2 fois par semaine Des fruits quasiment 1 fois par jour Des légumes quasiment 1 fois par jour Des féculents un peu plus de 5 fois par semaine |
Côté perception, pour les Français, l’alimentation est avant tout une source de plaisir (55%) et synonyme de bonne santé (49%). D’ailleurs, si leurs critères de choix s’avèrent nombreux, ils illustrent parfaitement ces deux notions phares. En effet, ils déclarent accorder plus d'importance depuis ces 5 dernières années à la qualité des aliments qu’ils achètent (83%), à leur impact sur la santé (77%), à l’origine de ces produits (76%), à l’équilibre alimentaire (76%), à la variété dans l’assiette (72%) ou encore au respect de la planète et de la biodiversité (61%).
L’étude aborde également un aspect plus culturel : l’importance des repas. Ainsi, elle montre que, dans leur grande majorité (85%), les Français cuisinent régulièrement leurs repas eux-mêmes avec des produits non transformés. Pour eux, il s’agit d’un moment de partage et de convivialité (65%), auquel ils sont très attachés. De plus, nombre d’entre eux sont persuadés que leur alimentation actuelle concilie plusieurs de leurs exigences : se faire vraiment plaisir (82%), avoir tous les apports nutritifs essentiels (77%), préserver leur santé et leur bien-être (76%) ou encore respecter l’environnement (58%).
Les Français, omnivores éclairés… Et flexitariens sans le savoir ?
L’étude IPSOS est formelle : les Français sont des omnivores et entendent le rester.
Actuellement, 96% des personnes interrogées déclarent manger de tout, y compris de la viande et du poisson. Les résultats montrent également que le rapport des Français entretenu avec leur alimentation évolue depuis un certain nombre d’années. Ils s’intéressent beaucoup à ce sujet, s’inquiètent des conséquences de leurs comportements et modes de consommation, prennent conscience de l’impact de leur alimentation sur leur santé : en bref, ils se montrent plus responsables.
Les principales valeurs à transmettre aux plus jeunes |
Manger équilibré à 50%
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D’ailleurs, les Français sont très attentifs à ce qu’ils inculquent à leurs enfants. Ainsi, pour une majorité d’entre-eux les valeurs prioritaires à transmettre aux générations futures sont l’équilibre alimentaire et la consommation de produits de qualité, issus de filières durables.
Finalement, les Français ne seraient-ils pas des flexitariens qui s’ignorent ? En effet, 65% d’entre eux n’ont jamais entendu parler de flexitarisme.
INTERBEV a interrogé des experts qui se sont déjà exprimés sur ce mouvement émergeant. Selon eux, le flexitarien pourrait se définir comme l’omnivore du XXIe siècle c’est-à-dire un consommateur éclairé, qui mange de tout, en quantité raisonnée et en privilégiant la qualité.
LE FLEXITARISME : paroles d’experts
Francis WOLFF, philosophe : « On pourrait donner plusieurs définitions du flexitarisme, que certains rapprochent volontiers du végétarisme. Dans une acception plus large qui concerne la consommation de viande, cette tendance consiste à consommer des produits de qualité, de façon éclairée et raisonnable. »
Raphaël GRUMAN, nutritionniste : « J’observe des évolutions dans nos modes de vie, comme la volonté croissante de protéger l’environnement, d’améliorer son bien-être, notamment en s’intéressant à l’origine des aliments ou à leurs méthodes de production. En réalité, il faut se fier au bon sens et préférer les produits bruts qu’on prépare soi-même. »
Eric BIRLOUEZ, sociologue : « Ma conviction, c’est que le flexitarisme est l’avenir de la viande dans les pays riches : nous pouvons concilier modération, qualité et plaisir, en accord avec les nouvelles aspirations sociétales… comme certains de nos concitoyens le font déjà. »
Jean-Louis PEYRAUD, scientifique (INRA) : « Consommer différemment implique de produire autrement, en mettant toujours plus en valeur des pratiques respectueuses d’un système tourné vers l’agroécologie. En l’occurrence, ce choix se traduit déjà dans les orientations que prennent les filières ou encore les États Généraux de l’Alimentation. »
Frédéric DENHEZ, écrivain et journaliste : « Aujourd’hui, on se distingue plutôt en privilégiant la qualité à la quantité et cette dimension culturelle me semble très importante. Acheter de la viande de qualité, c’est aussi favoriser les exploitations respectueuses de l’animal, de la nature, ainsi que des producteurs. Et cela a un prix. »
Jean-Michel LECERF, médecin : « Le flexitarisme ? Il s’agit de désigner des personnes ne consommant pas de viande midi et soir chaque jour et mangeant de temps en temps des menus végétariens, ce qui est le cas d’une grande majorité de Français ! C’est ce qu’on appelait auparavant le régime semi-végétarien, mais on pourrait tout aussi bien le qualifier de semi-carnivore ou de flexi-carnivore. »
Point commun de ces différents témoignages : une quête du « Manger mieux », qui est pleinement partagée par la filière française Elevage et Viande, dont les professionnels sont d’ailleurs engagés dans un modèle de production responsable et durable, ce que reconnaissent déjà les Français. En effet, l’étude Ipsos révèle que ces derniers ont une bonne image de la filière. Ils apprécient, entre autres, le savoir-faire des éleveurs qui garantit des produits de qualité (84%), les contrôles sanitaires rigoureux effectués des lieux de production jusqu’aux points de vente (74%), ainsi que toute l’attention portée au bien-être animal (63%).
Fiche technique : Sondage réalisé en ligne par Ipsos pour INTERBEV du 18 au 22 janvier 2019 sur un échantillon de 1 066 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas (sexe, âge, profession, catégorie d’agglomération et région).
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