L'âge de départ à la retraite
Alors que la campagne présidentielle semble désormais bien lancée, un tiers des Français (34%) estime que « la question de l’âge de départ à la retraite doit être un sujet prioritaire » à cette occasion, et 60% pensent que cet enjeu, s’il n’est pas prioritaire, n’en est pas moins « important ». Quels sont les ressorts de cette préoccupation ?
A PRIORI, DE FORTES RÉTICENCES ENVERS UN NOUVEAU RECUL DE L’ÂGE DE DÉPART À LA RETRAITE...
Interrogés sur l’âge auquel il leur semble « raisonnable » de partir à la retraite, les Français répondent en moyenne 61 ans et demi, et 52% jugent même qu’il est préférable de s’arrêter avant 62 ans. L’âge légal actuel de départ à la retraite est donc déjà trop élevé pour une majorité des sondés. Sans surprise, les plus enclins à souhaiter un départ à la retraite précoce se recrutent parmi les sympathisants de gauche, mais aussi au sein des catégories populaires et chez les moins de 55 ans, dont la grande majorité est en activité. En revanche, les 30% des sondés qui estiment qu’il est raisonnable de partir à la retraite au-delà de l’âge légal actuel de 62 ans sont plus âgés, appartiennent aux catégories moyennes et supérieures et s’identifient davantage aux partis de droite gouvernementale.
« S’il le fallait vraiment », les Français seraient toutefois prêts à travailler jusqu’à 63 ans en moyenne, soit seulement un an de plus que l’âge légal actuellement en vigueur. Mais si 41% des personnes interrogées accepteraient de partir à la retraite à 65 ans, voire même plus tard, 49% refusent catégoriquement d’envisager un départ après 62 ans. Là encore, clivages générationnels, sociaux et politiques se superposent sur cette question.
... MAIS LES CRAINTES LARGEMENT EXPRIMÉES ENVERS LE MONTANT DES PENSIONS POURRAIENT RENDRE CE RECUL PLUS ACCEPTABLE
Les Français souhaitent donc partir à la retraite plus tôt que ce qu’envisage François Fillon dans son programme. Pour autant, le candidat à l’élection présidentielle pourrait bénéficier d’un atout afin rendre acceptable une réforme allant dans ce sens. En effet, les inquiétudes des sondés concernant le moment de leur départ à la retraite portent avant tout sur le montant de leur pension (63%), bien plus que sur le fait de la prendre « à un âge trop avancé » (30%), la crainte de s’ennuyer étant marginale (7%). Sans surprise, cette inquiétude financière concerne encore davantage les ménages modestes (72%), les seniors en activité (70%), mais aussi les femmes (67%), plus souvent concernées par les carrières hachées et faisant souvent face à des situations familiales monoparentales aggravées par des inégalités salariales persistantes.
De fait, les deux raisons qui pourraient le plus inciter les Français à retarder leur départ à la retraite sont le fait de vouloir « augmenter le montant de leur retraite » (45%) ou de « conserver plus longtemps leur salaire » (28%), deux motivations financières qui sont particulièrement citées dans les milieux populaires. En revanche, le fait de conserver « une activité professionnelle que vous aimez » (15%) ou « une vie sociale plus riche » (4%) sont reléguées au second plan, même si ces raisons sont un peu plus évoquées au sein des catégories aisées.
Ces vives préoccupations vis-à-vis du montant des pensions sont encore aggravées par le fait que moins de quatre Français sur dix (38%) actuellement en activité ont mis de l’argent de côté en prévision de leur retraite, un chiffre qui tombe même à 25% au sein des ménages les plus modestes. Pour une part importante des sondés, les pensions pourraient donc être la seule ressource disponible une fois parti à la retraite.
UN SYSTÈME QUI DOIT RESTER LE MÊME POUR TOUS LES FRANÇAIS... À QUELQUES EXCEPTIONS PRÊT
Interrogés pour savoir si les personnes exerçant divers métiers devraient partir à la retraite plus tôt, plus tard, ou au même âge que l’ensemble des Français, les sondés se montrent attachés à l’universalité de la réglementation. Ainsi, la moitié d’entre eux souhaitent que les ouvriers (50%) ou les agriculteurs (51%) prennent leur retraite au même âge que le reste de la population, un chiffre qui monte jusqu’à 60% pour les policiers et les médecins, et 62% pour les enseignants.
Au-delà de ce cadre général auquel les Français se montrent attachés, certaines professions bénéficient néanmoins d’une certaine mansuétude : près d’un Français sur deux (48%) se montre favorable à ce que les ouvriers partent à la retraite plus tôt que la moyenne, et encore 43% pour les agriculteurs. Au contraire, une partie non-négligeable des sondés estime que ceux exerçant certaines professions perçues comme à la fois plus rémunératrices et moins difficiles physiquement devraient partir à la retraite plus tardivement que la moyenne, notamment les chefs d’entreprises (41%) et les médecins (30%).
Cette ambivalence entre le souhait que les mêmes règles s’appliquent à tous et la nécessité que certaines professions bénéficient d’avantages dus aux particularités du métier se retrouve dans la perception des régimes spéciaux. Certes, 45% des sondés souhaitent « supprimer l’ensemble des régimes spéciaux », quand seulement 16% estiment qu’il faut « maintenir les régimes spéciaux en l’état actuel », un débat qui clive sans surprise très fortement les sympathisants de droite et ceux de gauche. Toutefois, quatre Français sur dix (39%) adoptent une position intermédiaire, souhaitant « revoir les régimes spéciaux, mais seulement pour certaines professions ou entreprises ».
Fiche technique :
Enquête réalisée en ligne, du 25 au 28 novembre 2016, auprès d’un échantillon de 1 000 personnes âgées de 16 ans et plus, représentatives de la population française.