Une majorité de Français considère les milieux sportifs comme étant homophobes
A l’occasion du forum de rentrée des association sportives LGBT+ qui se tiendra les 9 et 10 septembre 2023 à la Halle des Blancs Manteaux dans Paris en présence de la Ministre des Sports, Mme Amélie Oudéa-Castéra, Ipsos et la Fédération Sportive LGBT+ souhaite rappeler et diffuser largement les résultats de l’enquête menée en 2022 sur les LGBTphobies dans le sport.
L’homophobie et la transphobie : des fléaux bien présents en France aujourd’hui
Selon les trois quarts des Français (et même plus de 8 personnes LGBT+ sur 10), l’homophobie est répandue en France. Près de 10 ans après l’adoption du Mariage pour Tous, ce chiffre est extrêmement haut. Quant à la transphobie, elle est répandue pour deux tiers des Français dans leur ensemble (et 79% des LGBT+). Un score élevé, mais légèrement moins que celui observé s’agissant de l’homophobie. Cela pourrait en partie s’expliquer par le fait que la transidentité, et la transphobie par extension, sont des sujets dont on ne parle que depuis peu dans les médias.
Néanmoins, ce n’est pas parce que ces comportements sont répandus qu’ils sont tolérés ou acceptés. Ainsi, l’homophobie est grave pour 8 Français sur 10 (et même très grave pour 42% d’entre eux), et la transphobie est grave pour 78% des sondés (37% considèrent qu’il s’agit même d’un problème très grave).
Le milieu sportif : un milieu tout aussi homophobe et transphobe que la société d’une façon générale
Tout compte fait, la société d’une façon générale est jugée homophobe par 80% des personnes interrogées (84% auprès de l’échantillon LGBT+) – score identique au sujet de la transphobie. Les milieux sportifs professionnel et amateur ne sont pas préservés puisque respectivement 77% et 75% des Français les perçoivent comme étant homophobes. A noter : les répondants LGBT+ en sont convaincus plus fortement que l’ensemble de la population.
Les sports d’équipe sont les sports où l’homophobie et/ou la transphobie sont les plus fortes selon une majorité relative de Français (40%, dont en premier le football, loin devant le rugby, en seconde position). Un quart des personnes pratiquant un sport d’équipe estiment d’ailleurs que les mots « pédés » et « enculés » criés par certains supporters dans les stades sont une expression populaire sans conséquence (26%, contre 18% des Français) – le reste trouve qu’il s’agit d’une expression à éviter voire à interdire ou sanctionner.
L’homosexualité et la transidentité dans le milieu sportif ne sont pas bien acceptées, et les attitudes discriminatoires à ce sujet sont importantes
En apprenant l’homosexualité ou la transidentité d’un nouveau venu, environ un pratiquant d’un sport collectif ou en fédération sur deux signale que les gens avec qui ils pratiquent auraient une réaction (moqueries ou blagues, rejet voire, dans une moindre mesure, violence). Ces réactions seraient inacceptables pour 47% des sondés… toutefois elles seraient « inadéquates mais compréhensibles » pour 39% d’entre eux et « normales » pour 14%. L’homosexualité dans le sport est donc dérangeante pour de nombreux sportifs.
L’expérience des Français témoigne même d’attitudes particulièrement inquiétantes dans le milieu sportif. En effet, 40% ont déjà été témoins ou visés par une insulte homophobe telle que « pédé » ou « gouinasse ». Un chiffre qui monte à 67% auprès de la communauté LGBT+ ; trois répondants LGBT+ sur dix indiquent même avoir été visés personnellement par de telles insultes (une moitié en a été témoin). Un quart (26%) ont aussi rapporté avoir vu ou vécu une agression verbale à ce sujet ; 60% auprès des LGBT+. Une agression qui est devenue physique pour 16% des répondants et même 44% des répondants LGBT+. Des chiffres inquiétants, d’autant plus que les expériences de situations homophobes et/ou transphobes portent à conséquences pour les personnes issues de la communauté LGBT+ : à la suite de ces agressions, 29% ont décidé de cacher leur orientation sexuelle et 15% ont arrêté le sport.
Au global, 46% des Français ont déjà été témoins d’un comportement homophobe ou transphobe dans le milieu sportif.
73% des personnes se définissant comme LGBT+ en ont déjà été témoins. 52% d’entre elles déclarent même avoir déjà été visés personnellement par un tel comportement, plus particulièrement les personnes pratiquant un sport d’équipe (67%).
En écho avec ces résultats, les répondants LGBT+ ne sont qu’une courte majorité (55%) à avoir fait leur coming-out auprès de leur entourage sportif alors qu’ils sont plus nombreux à l’avoir fait auprès de leurs amis (72%), de leur famille (59%) ou bien de leurs collègues (59%).
Enfin, enseignement positif de ce sondage : dans près des deux-tiers des cas, les personnes qui ont été témoin d’une situation homophobe ou transphobe disent être intervenues. Pour autant, seule une minorité de Français (30%) indique savoir où s’adresser s’ils étaient témoins ou victimes d’un acte homophobe ou transphobe (53% chez les personnes LGBT+).
Il est nécessaire et urgent de lutter contre l’homophobie et la transphobie dans le sport
Moins d’un Français sur deux a le sentiment que « des choses sont faites pour lutter contre les LGBTphobies (expression de haine envers les personnes homosexuelles, bisexuelles ou transgenres) dans le sport » (48%). Une proportion qui monte à plus d’une personne sur deux au sein de la communauté LGBT+ (56%). En réponse à cela, plus de trois quarts des répondants souhaitent que l’on « aille plus loin dans la lutte contre les LGBTphobies dans le sport » (78%).
Enfin, d’une manière générale, pour la quasi-totalité des Français (91%) « tout doit être fait pour que chacun puisse pratiquer son activité sportive librement et sereinement quelle que soit son identité ou sa sexualité ».
A propos de ce sondage
Enquête menée en ligne du 24 au 29 juin 2022 auprès de deux échantillons : un échantillon de 1500 Français représentatif de la population âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas appliquée au sexe, à l’âge, à la profession de la personne interrogée, à la région et à la catégorie d’agglomération), et un échantillon de 500 personnes LGBT+[1]
[1] Personnes se définissant autrement qu’hétérosexuel(le)s ou autrement que cisgenres ou se définissant comme non binaires