Professionnels de santé et patients : une vision décalée sur l'intelligence artificielle et la santé de demain
Que pensent les professionnels de santé et les patients de l’arrivée de l’intelligence artificielle dans les soins ? Quelle vision ont-ils de la santé de demain ? L’étude Ipsos réalisée pour la MACSF révèle des décalages de perception entre patients et professionnels de santé. Ainsi, les patients surestiment l’usage actuel de l’intelligence artificielle dans les pratiques médicales. De leur côté, les professionnels de santé sous-estiment l'importance que les patients accordent à la sécurité de leurs données personnelles. Et concernant le rôle des investissements des GAFAM dans la santé, les patients se révèlent moins informés et moins méfiants que les professionnels. Mais globalement, face à l'arrivée des nouvelles technologies, les patients et les professionnels partagent la même crainte de déshumanisation de leurs relations dans l’avenir.
Dans le prolongement de l’étude sur « Le médecin du futur » réalisée en 2018, la MACSF a demandé à Ipsos d’interroger cette année, à la fois des professionnels de santé et des patients, sur leur vision respective de l’intelligence artificielle et des nouvelles technologies dans la santé.
Les patients surestiment la place actuelle de l’IA dans la pratique médicale
L’étude MACSF- Ipsos montre que, sur la perception de l’intelligence artificielle dans la santé, il existe un décalage entre les patients et les professionnels. Le grand public estime que l’intelligence artificielle fait déjà partie des pratiques médicales actuelles. Près de la moitié des personnes interrogées (46%) estime en effet que l’imagerie médicale automatisée est utilisée souvent (45%) ou rarement (46%) par les professionnels de santé. Alors que seulement 4% des professionnels interrogés déclarent avoir utilisé cette technologie.
Un décalage de perception est également constaté concernant les algorithmes d’aide à la décision dans le domaine de la santé : plus de 8 patients sur 10 pensent qu’ils sont déjà utilisés, soit rarement (69%), soit souvent (18%). Pourtant, seulement 5% des professionnels déclarent les avoir utilisés.
L’IA dans la santé comporte-t-elle plus de risque que de bénéfices ? Sur cette question, les professionnels de santé et les patients ne sont pas en décalage mais partagent une certaine ambivalence. D’un côté, ils manifestent de l'inquiétude et sont très peu nombreux (17%) à estimer que le recours à l’IA dans la santé ne comporte aucun risque. Ils expriment aussi une crainte de déshumanisation de la relation (44% des professionnels de santé et 30% des patients). Mais d’un autre côté, ils sont convaincus que le recours à l’intelligence artificielle dans la santé présente quand même des bénéfices parmi lesquels les professionnels (38%) comme les patients (36%) citent en premier lieu une meilleure fiabilité des soins.
Les professionnels de santé sous-estiment l'importance que les patients accordent à la sécurité de leurs données personnelles de santé
Au sujet des données personnelles aussi, le décalage entre patients et professionnels de santé apparaît clairement dans les résultats de l’étude. Les professionnels de santé sous-estiment l'importance de la sécurité des données personnelles de santé pour les patients : 94% des patients déclarent que la sécurité de leurs données personnelles de santé est importante pour eux, dont 58% très importante. Alors que 73% des professionnels de santé dans leur ensemble, pensent que les patients y accordent de l’importance, soit un écart de 20 points.
Parmi les professionnels, les pharmaciens semblent cependant beaucoup plus sensibilisés au sujet, car 88% d’entre eux estiment que les patients y accordent de l’importance et 53% pensent même que les patients accordent une importance très grande à la sécurité de leurs données personnelles.
Les patients ont bien plus confiance dans leurs praticiens pour la gestion des données médicales, que dans les logiciels ou dispositifs de transfert d’information. Cette défiance du grand public se retrouve sur le dossier médical partagé (DMP), dispositif de partage des données créé par le gouvernement. Le DMP semble apprécié par les professionnels de santé dont les deux tiers déclarent y voir une optimisation de la prise en charge, contre seulement 44% des patients. Cela explique peut- être pourquoi, très peu de professionnels de santé ont spontanément parlé du DMP à leurs patients, à l’exception des pharmaciens dont la moitié l’a fait.
Les patients (65%) et, dans une moindre mesure, les professionnels de santé (50%) manifestent en tout cas une méfiance vis-à-vis des applications de santé et des objets connectés, dont le nombre tend pourtant à se multiplier.
Les patients moins informés et moins méfiants sur le rôle des GAFAM dans la santé
Très actifs comme investisseurs dans les innovations en matière de santé, le rôle des GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) n’est pourtant connu que par un tiers du grand public (34%) contre 64% des professionnels ; parmi eux, les pharmaciens sont les plus nombreux à se dire informés (88%) et les chirurgiens-dentistes les moins nombreux (55%).
Ce décalage d’information peut expliquer la divergence d’appréciation des professionnels de santé qui sont 62% à estimer que les investissements des GAFAM dans le champ de la santé n’apporteront aucun bénéfice, alors que seulement 44% des patients interrogés sont du même avis.
Un écart comparable se constate aussi sur l’appréciation du principal risque que représentent les investissements des GAFAM : pour 48% des professionnels ce risque réside dans la baisse de la sécurité des données personnelles alors que seulement 28% des patients sont du même avis. La remise en cause du système de santé français n’est cité comme principal risque que par 16% des patients comme des professionnels.
Les patients et les professionnels craignent une détérioration de leurs relations dans l’avenir
Interrogés sur l’évolution de leurs relations dans le futur, les patients (47%) comme les soignants (34%) expriment une crainte commune de détérioration et citent la déshumanisation et la distanciation comme en étant la première cause.
Les patients donnent ensuite, comme deuxième cause, la diminution du nombre de médecins alors que les professionnels redoutent davantage une marchandisation de la santé et une baisse de respect à leur égard.
À propos de la MACSFPremier assureur des professionnels de santé, la MACSF (Mutuelle d’assurance du corps de santé français) est, depuis plus de 80 ans, au service de toutes les personnes exerçant une profession de santé en France. Elle emploie 1 500 collaborateurs et réalise un chiffre d’affaires de plus de 2 milliards d’euros. Fidèle à sa vocation de mutuelle professionnelle d'assurance, la MACSF assure les risques de la vie privée et professionnelle de plus d’un million de sociétaires et clients. |