Éducation : 80% des Français souhaitent que les réseaux sociaux soient interdits aux enfants de moins de 14 ans
A la veille de la rentrée scolaire dans le primaire et le secondaire, Ipsos a interrogé les Français sur leur opinion à l’égard du système éducatif français.
L’annonce des résultats de l’enquête PISA, jugés décevants pour la France, avait conduit à l’annonce par Gabriel Attal d’un plan de grande ampleur de « choc des savoirs », largement en suspens aujourd’hui. A la veille d’une rentrée inédite sans ministre de plein exercice pour donner le cap éducatif alors qu’un changement de gouvernement devrait être rapidement annoncé, les Français se montrent inquiets pour leurs enfants.
Ipsos a sondé les Français pour connaître leur avis sur le système éducatif français. Cette année, un Français sur deux (50%) estime que le système éducatif est de mauvaise qualité. Parmi les 30 pays sondés, c’est en France que l’on considère le plus que la qualité du système éducatif s’est dégradée avec 73% des Français contre 47% en moyenne globale. Tandis que le numérique et l'intelligence artificielle prennent une place de plus en plus importante dans le monde professionnel et constituent donc de nouveaux défis auxquels l’école est sommée de préparer les élèves, plus d'un Français sur trois (37%, +8 points par rapport à 2023) estime que les avancées technologiques auront un impact plutôt négatif que positif sur l'éducation. En outre, suite aux nombreuses critiques formulées à l’encontre des réseaux sociaux, 80% des Français pensent que l'accès aux réseaux sociaux devrait être interdit aux enfants de moins de 14 ans.
Résultats clés de l'enquête
- Un Français sur deux (50%) estime que la qualité du système éducatif français est mauvaise, un chiffre néanmoins en baisse de 2 points par rapport à 2023 (52%).
- 73% des Français estiment que la qualité du système éducatif s’est dégradée par rapport à l’époque où ils étaient élèves.
- 66% des Français considèrent que l’école prépare mal les enfants aux métiers du futur. C’est le pays européen le plus critique sur ce sujet après la Hongrie.
- 80% des Français considèrent que l’accès aux réseaux sociaux devrait être interdit aux enfants âgés de moins de 14 ans.
- 75% des Français souhaitent que les smartphones soient interdits à l’école.
- Plus d’un Français sur deux affirment que ChatGPT devrait être interdit au sein des établissements scolaires.
- Plus d’un Français sur trois (37%) pense que les avancées technologiques vont avoir un impact plus négatif que positif sur l’éducation, soit 8 points de plus qu’en 2023 (29 %).
- En matière de sécurité, l’école n’est pas vue comme un sanctuaire : seuls 27% des Français pensent qu’elle offre des espaces sécurisés contre la violence et le harcèlement.
Des Français parmi les plus sévères à l’égard de leur système éducatif et de sa dégradation
Un Français sur deux (50%) estime que la qualité du système éducatif français est mauvaise, un chiffre néanmoins en baisse de 2 points par rapport à 2023 (52%). Surtout, 73% estiment qu’il s’est dégradé par rapport à l’époque où ils étaient enfants. 66% des Français considèrent que l’école prépare mal les enfants aux métiers du futur. C’est le pays européen le plus critique sur ce sujet après la Hongrie.
Parmi les principaux défis mentionnés par les Français figurent les classes surchargées (45%), bien que cité de façon moins conséquente qu’en 2023 (53%), le manque de financements publics (31%), les problèmes de sécurité (30%), ainsi que des programmes obsolètes ou des enseignants mal préparés (27%). En matière de sécurité, l'école n'est pas perçue comme un sanctuaire : seuls 27% des Français estiment qu'elle offre des espaces sécurisés contre la violence et le harcèlement.
Les Français sont parmi les plus nombreux dans le monde (59%) à dire que la place consacrée à l'enseignement de compétences de base telles que la lecture, l'écriture et l'arithmétique est trop faible.
Les Français doutent des capacités de leur système éducatif à réduire les inégalités sociales : s’ils étaient 42 % à y croire en 2023, ils ne sont plus que 39%. Néanmoins, pour près d’un Français sur deux (49%), l’école prend en considération et accueille toutes les formes de diversité existant chez les élèves.
Des Français très largement critiques concernant l'impact des nouvelles technologies sur l'enseignement
Alors que l’actualité questionne fréquemment l’usage grandissant des smartphones et des nouvelles technologies au sein des établissements scolaires et leur impact sur l’éducation, les Français sont largement critiques à l’égard de l’impact des progrès technologiques, intelligence artificielle comprise, sur le futur de l'éducation.
Cette année, la France est parmi les 30 pays sondés le pays qui croit le moins en l’impact positif de la technologie sur l’éducation. Seuls 14% des Français pensent que l’impact des progrès technologiques sur l’éducation seront plus positifs que négatifs, un score en recul par rapport à 2023 (22%), tandis que, parallèlement, 37% jugent qu’ils seront plus négatifs que positifs (après 29% en 2023).
Une écrasante majorité des Français (80%) considère que l’accès aux réseaux sociaux devrait être interdit aux enfants âgés de moins de 14 ans (avec un consensus générationnel : 82% des GenZ et 84% des Baby-Boomers). Dans la même veine, ce sont trois quarts des sondés qui souhaitent que les smartphones soient interdits à l’école. Enfin plus d’un Français sur deux (51%) affirment que ChatGPT devrait être interdit au sein des établissements scolaires.
Entre apprentissage des savoirs fondamentaux et développement de l'esprit critique, le rôle des enseignants selon les Français
La vision des Français reste très classique quant aux missions des enseignants avec 82% qui attendent d’eux l’apprentissage aux élèves les bases de l'écriture, de la lecture et de l'arithmétique. 59% des Français jugent par ailleurs qu’on ne donne pas assez de place à ces enseignements de base. La seconde mission essentielle selon les Français (72%) est d’offrir aux élèves l’accompagnement nécessaire quant à leur orientation professionnelle.
Les conceptions scandinaves ou anglo-saxonnes de l’éducation, à l’apogée des méthodes dans les années 70/80 en France, suscitent encore l’intérêt ! 62% des Français estiment que les programmes donnent trop peu de place à l’encouragement de l’esprit critique, 60% à la curiosité ou aux sciences de la communication et de l’organisation, 58% à la créativité. Le bien-être des étudiants semble aussi trop peu pris en compte pour 52% des Français, idem pour l’encouragement aux pratiques collaboratives entre les élèves. Par opposition, seuls 13% des personnes interrogées estiment que le rôle des enseignants est de transmettre les bonnes manières et la politesse.
Vers un nouveau paradoxe français ?
Les Français sont parmi les plus prudents concernant l'utilisation de l'intelligence artificielle (IA) dans le système éducatif. Parallèlement, 41% estiment que l'Éducation nationale prépare bien les étudiants à leur avenir professionnel. En somme, malgré leur prudence vis-à-vis de l'IA à l'école, les Français expriment un désir de voir une pédagogie plus alignée avec les besoins des entreprises, lesquels évoluent constamment grâce à l'IA. En effet, à la question « le programme scolaire dans votre pays prépare-t-il correctement les élèves à leurs futures carrières ? » seuls 28% des Français (en avant-dernière position des 30 pays sondés) répondent par la positive contre 44% dans le monde.
Si l'IA est réellement une révolution technologique, comment imaginer qu'elle soit absente de la pédagogie en France, alors que la plupart des pays, notamment ceux en développement, la voient comme un formidable accélérateur de connaissances et de compétences ?
A propos de cette enquête
Enquête réalisée par Ipsos au cours de laquelle 23 754 personnes ont été interrogées en ligne dans les pays suivants entre le 21 juin et le 5 juillet 2024. Des quotas ont été fixés pour assurer la représentativité et les données ont été pondérées selon le profil démographique connu de chaque pays.
L'échantillon se compose d'environ 2 000 individus au Japon, 1 500 en Allemagne et au Brésil, et 1 000 individus en Australie, au Canada, en France, en Grande-Bretagne, en Italie, en Espagne et aux États-Unis, ainsi que 500 individus en Argentine, en Belgique, au Chili, en Colombie, en Hongrie, en Indonésie, en Irlande, en Malaisie, au Mexique, aux Pays-Bas, au Pérou, en Pologne, en Roumanie, à Singapour, en Afrique du Sud, en Corée du Sud, en Suède, en Thaïlande et en Turquie. L'échantillon en Inde se compose d'environ 2 200 individus, dont environ 1 800 ont été interrogés en face à face et 400 en ligne.