Saga de l'été 2025 - Épisode 2 : « J’y fus » : le top de l'expérience
Le Festival d’Avignon a connu un taux de fréquentation sans précédent depuis 2016 avec un taux de fréquentation exceptionnel (98%) et la vente de plus de 1,6 million de billets. Les Vieilles Charrues ont vu 220 000 entrées payantes, 9 000 de plus qu’en 2024 ; quant au Hellfest, l’édition 2025 a rassemblé 280 000 spectateurs en quatre jours, 40 000 de plus que l’année dernière. On n’oubliera pas les Francofolies de La Rochelle avec 150 000 festivaliers et quatre soirées sur cinq à guichet fermé. Si tous les Festivals ne sont pas logés à la même enseigne, ils font partie intégrante du paysage de l’été, captivent leurs afficionados mais restent indifférents aux réfractaires. ConnectLive, la communauté on line d’Ipsos, permet de voir comment ils se situent dans les loisirs des Français et au-delà, de comprendre leurs attentes de « divertissement ».
Les festivals, une communion et une découverte
Cette année plus encore, le mot prend tout son sens, tel que Pascal l’a popularisé, une stratégie d'évitement pour oublier l'ennui et l'angoisse qui définissent la condition humaine : « Les hommes n'ayant pu guérir la mort, la misère, l'ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n'y point penser ».

La recherche d’émotions positives (joie, excitation, rire...), l’envie de se couper des tâches mentales fatigantes (self-contrôle, soumission à l’autorité, etc.) et de partager des expériences fusionnelles dans l’anonymat libératoire d’une foule, expliquent le succès de tous ces moments festifs qui culminent en été.
Pour les Afficionados, l’été est en effet un catalyseur de liberté sociale, sensorielle et émotionnelle, une parenthèse de reconnexion à soi, aux autres et au plaisir sous toutes ses formes, où la pression des codes du quotidien le reste de l’année se relâche. Ils sélectionnent donc les Festival en fonction des promesses d’émotions qu’ils y associent selon « les artistes qui vont être présents, la qualité des concerts, l'ambiance au top, la fête qu’on va faire entre potes dans un cadre différent ».
Au-delà des têtes d'affiche, des découvertes musicales et de la diversité des interprètes (par opposition au spectacle d’un artiste en particulier), l'esprit de communauté est un ressort puissant : « C'est l'occasion de passer du temps avec des amis qu'on voit peu le reste de l'année et d'échanger avec plein de gens ».
Les Afficionados voient les festivals comme des parenthèses enchantées propices aux rencontres et au partage : « J'attends ça toute l'année, c'est mon grand moment, peu importe le prix, la boue ou la chaleur ! » ; ils constituent un ancrage, une expérience « quasi sacrée » et ritualisée à renouveler chaque année. Ils représentent aussi une opportunité de socialisation dans un contexte où l’on a l’esprit libre, ouvert, disponible (En été, je suis plus détendu, plus souriant, et donc plus enclin à parler à des inconnus).
Pour les Réfractaires et les Indifférents, les Festivals concentrent tout ce qu’ils n’aiment pas : la foule, la promiscuité, le bruit, une communion dans l’hystérie, l’inconfort : « Dormir en tente c'est sympa deux-trois jours, mais une semaine avec des toilettes immondes et des douches froides, non merci ! ». S'y ajoutent des craintes liées à la sécurité, en particulier pour les femmes, propres à ces grands rassemblements parfois électriques : « Il y a trop de monde et parfois des mecs bourrés agressifs, c’est trop risqué ». Réfractaires et Indifférents semblent oublier les festivals d’art lyrique, les concerts de musique classique ou de jazz, qui n’ont rien d’une bacchanale endiablée…
L’aspect financier n’est pas étranger à leurs réticences. D’un côté, parce qu’ils insistent sur « des tarifs devenus exorbitants, surtout quand on ajoute le séjour et la nourriture » et de l’autre, parce qu’ils ne voient pas où est le rapport qualité/prix quand on combine tous les frais et toutes les contraintes : « Je suis peut-être trop vieux mais tout ce tintouin, très peu pour moi, je préfère un bon concert tranquille à l'Olympia », « C'est beaucoup trop loin et cher ».
On ne sera pas surpris de voir un écart générationnel entre Afficionados et Réfractaires : les premiers sont souvent plus jeunes et prêts à braver tous les obstacles pour vivre leur passion quand les seconds ne parviennent pas à concilier la fête avec leur attention au triptyque prix-confort-sécurité ; ils préfèrent d’autres divertissements : marchés, bals de village, concerts en plein air, visites, etc.
Le cinéma, un engouement à optimiser
Par comparaison à l'expérience – parfois cathartique, fusionnelle et même à ses frissons d'interdit quand on pense aux techno events ou aux rave parties illégales – que représentent les festivals, celle offerte par le cinéma apparaît moins riche d’émotions et de rencontres possibles. Si certains apprécient de profiter de la fraîcheur des salles obscures quand la chaleur devient étouffante, beaucoup préfèrent les mettre entre parenthèses pour se tourner vers les activités de plein air propres à l’été : « Je ne vais pas m'enfermer au cinéma, je garde ça pour la rentrée », « Je regarde moins de films en été, car je suis plus dehors à profiter du beau temps, nager, bronzer, prendre un verre, etc. »
Là encore, la question du prix des places est très vite évoquée (« je n'y vais jamais, c'est trop cher »), la programmation estivale est souvent jugée peu variée et trop axée sur les blockbusters américains : « Beaucoup trop de grosses productions US et de dessins animés qui ne sont pas forcément au goût de tout le monde ». On notera que le streaming s’est imposé comme une alternative pratique et économique (« Le streaming, c'est pour la maison, quand je travaille en été comme pour les autres saisons. Les grands écrans sont beaucoup plus abordables qu’avant, on ne perd pas tant que ça en émotions »)
Si elles sont « gratuites ou pas chères », les projections en plein air sont appréciées pour leurs dimensions conviviales et dépaysantes : « Un film en plein air dans un espace grandiose, château, domaine, oui, ça m'attire assez ». La magie des projections sous les étoiles compte aussi dans le plaisir de l’expérience « Je profite de la séance de ciné de plein air organisé dans ma ville. Un film culte divertissant au milieu de la verdure et sous la voûte étoilée, fantastique ! ». On y retrouve l’attente d’une opportunité de socialisation, de partage, de rencontres, liée à la détente de l’été.
"J'y fus"
Festivals ou cinéma, visite immersive ou découvertes, toutes ces activités ont trois points communs.
Leur valeur ajoutée expérientielle, autrement dit leur capacité à stimuler un maximum de sens et d'émotions ; leur potentiel à être repris dans les réseaux sociaux, ce qui n'est pas publié et liké dans Instagram, TikTok ou autres, n'existant pas ; enfin et surtout, le sentiment d'avoir participé à quelque chose d'exclusif. Ce que synthétise la formule lapidaire « J'y fus » qui signe fièrement telle ou telle photo ou vidéo d’un concert ou d’un spectacle : digne de Jules César , elle distingue, à tous les titres, ceux qui étaient présents à un évènement d'exception et qui rend unique.
Retrouvez tous les épisodes de
notre saga de l'été
Épisode 1 - Un irrésistible désir de vacances
Épisode 2 - « J’y fus » : le top de l'expérience
Épisode 3 - Partir, sans retour ?
Épisode 4 - Un été en demi-teinte
Épisode 5 - Quel serait l'animal de compagnie idéal ?
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A propos de cette étude
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