Saga de l'Été 2025 - Épisode 3 : Partir, sans retour ?

Comme leur étymologie l’indique, « vacances » et « esprit libre » sont étroitement associés. Ce temps suspendu en été, après une période de travail et avant la rentrée, pour la plupart à la recherche du soleil et du plein air, est propice à exercer cette liberté : les uns y voient des opportunités pour être hyperactifs, les autres pour un farniente bien mérité. Mais est-ce l’occasion de faire repousser ses limites ? Les participants de ConnectLive , la communauté on line d’Ipsos, nous partagent leur avis sur la question.

Les Risqueurs, identifiés comme représentants d'une première attitude, sont de ceux qui ont envie de se dépasser avec la promesse de sensations fortes en sautant en parachute (le plus cité) ou à l'élastique, en faisant du parapente ou de la plongée sous-marine, ou en découvrant les sports mécaniques (automobile, moto, etc.). Ils veulent lancer un défi à leur force mentale et à leur résistance physique pour découvrir de nouvelles émotions mais restent au sol à cause de peurs qui se comprennent parfaitement (vertige, crainte d’accident, d’évanouissement, de perte de contrôle) : « Il y a tout une symbolique derrière ce saut et cette pulsion de lâcher prise, de se jeter dans le vide, de ne pas contrôler, et je ne sais pas si j'en suis capable ».

Saga de l'été Ipsos bva


La deuxième, avec les Déconnecteurs, consiste à sortir des contraintes et du cadre connu, à rompre avec les automatismes de la vie urbaine ou familiale. L’imprévu, la spontanéité, l’absence de planification sont souvent associés à un sentiment de liberté profonde qui permet de se couper des routines, là encore pour se découvrir dans des contextes complètement différents. Des programmes comme Rendez-vous en terre inconnue et J'irai dormir chez vous représentent des sources d’inspiration, voire d’admiration, qui créent le désir d’expériences équivalentes et que certains participants sont heureux d’avoir vécu : « On dormait parfois chez des gens qu’on ne connaissait pas, d'autres fois en pleine nature. Ce qui rendait ça spécial, c'était le côté imprévisible », « J’ai pu vivre un périple un peu fou avec un voyage en voiture de Paris à Agadir au Maroc. Un voyage pour un pays inconnu, très loin de me quotidien. Une expérience très particulière avec la traversée de la France, de l’Espagne et du Maroc. Des paysages, des rencontres, et un dépaysement total ».

Plus le sentiment de déconnexion avec les banalités quotidiennes est fort, plus on éprouve la puissance du ressourcement dans l’univers et le vivant : « J’ai adoré voyager au Canada. La splendeur de la nature m’a époustouflé. C’était des grands espaces de verdure. J’ai ressenti un regain d’énergie, un second souffle. Et les Canadiens sont tellement accueillants ». Cette reconnexion peut se produire dans des lieux hors norme (île de Pâques, treck dans la jungle thaïlandaise, voyage en Transsibérien, « silence absolu des forêts boréales où l'on entendait parfois juste le souffle du vent ou le cri d'un élan au loin ») ou des circonstances simples mais marquantes (nuit sous la voûte céleste, bivouac dans les Pyrénées, road trip improvisé).

La troisième caractérise les Audacieux. Ils rêvent de « rejoindre Istanbul à pied en dormant chaque nuit sous les étoiles ou chez l’habitant », « partir avec juste un sac à dos », « faire un pèlerinage », « rouler tout droit sans destination précise avec un camping-car », etc. Pour autant, l’écart entre céder à ce désir de liberté et freins (état de santé, responsabilités familiales, ressources financières, craintes d’accident ou d’agression, âge…) apparaît comme un enjeu central : plusieurs femmes mentionnent explicitement la peur de voyager seules quand d’autres participants, plus nostalgiques, évoquent ces expériences comme appartenant au passé, à une jeunesse révolue où l’on osait davantage. Au-delà de l’exotisme géographique, c’est la forme du voyage qui le rend exceptionnel avec trois piliers : prendre son temps, improviser, rencontrer.   

Ces trois profils partagent un point commun, qu’ils ne mettent pas en pratique, mais qui reste un non-dit extrême, changer radicalement de vie : « Mon rêve serait de quitter mon travail et d’aller m'occuper d’animaux, mais je n'ose pas », « Quitter mon mari, lol », « Quitter mon boulot et partir vivre en bord de mer tellement j’en ai marre de cette routine et de ce patron », « Pourquoi pas tout quitter et vivre dans un autre pays, une autre culture ! », « Tout plaquer et partir avec mon sac à dos et mon chien ». La réalité complique ce désir : « Si je n'avais pas mes garçons, mon envie serait de tout quitter et de recommencer une autre vie, ailleurs, au bout du monde ».

Quel que soit le profil aussi, le thème des rencontres improbables, inattendues, presque inespérées, traverse de très nombreux témoignages et participe pleinement de l’aventure : c’est souvent l’autre, dans sa générosité ou sa différence, qui métamorphose l’expérience en souvenir inoubliable, que ce soit pour vivre un moment de réconfort (« Un pêcheur m'a invité à partager son feu et son saumon fumé et une famille m'a offert un toit pour la nuit après une pluie glaciale ») ou de convivialité spontanée : « Lors d'un voyage pour retrouver ma cousine en Espagne, j'avais une escale de plusieurs heures entre deux avions... J'y ai fait la rencontre d'une équipe de pompiers de Barcelone et nous avons passé la journée ensemble. C'était aussi insolite qu'hors du temps ! Un super souvenir, très joyeux ».

 Se perdre fait partie des conditions pour des situations ou des rencontres imprévues : « On ne savait plus où on était dans une petite route de Dordogne et on est tombé par hasard sur un minuscule camping au-dessus de Beynac où on a été les seuls pendant deux jours. Ce fut une sensation d'aventure extraordinaire ». Autre bénéfice de l’égarement, les découvertes : « À Dubaï, nous nous sommes perdus lors d’une sortie mais le lieu et l’endroit où on se trouvait était magique, bien mieux que celui où l’on devait aller ».

Se perdre, à condition de synchronicités favorables et d’un happy end, ouvre la porte vers l’insolite le plus complet : « Lors d'un périple au Portugal, nous nous sommes perdus. Et voilà que la Guarda Nacional est passée, nous a escorté sur la bonne route, et nous a proposé de passer la nuit dans une caserne ! Nous avons partagé notre repas avec les gendarmes et nous avons passé la meilleure soirée que l'on puisse imaginer ».

Ce sont – à proprement parler – des expériences qui relèvent du Surréalisme, au sens d’immersion dans un monde devenu onirique où les coïncidences et le hasard réorientent la perception. Pour cela, il faudrait « s’embarquer dans un voyage sans date de retour. Vivre jour après jour sans avoir l'impératif de revenir, ce qui est l'unique attache qui m'empêche de déconnecter complètement lors de mes voyages ». Il ne s’agit alors plus de vacances, mais de l’exploration de deux inconnus, le monde et soi-même.


Retrouvez tous les épisodes de
notre saga de l'été

Épisode 1 - Un irrésistible désir de vacances
Épisode 2 - « J’y fus » : le top de l'expérience
Épisode 3 - Partir, sans retour ?

Pour en savoir plus sur les communautés Ipsos, contactez Charbel Farhat via le formulaire en bas de page


A propos de cette étude 

Communauté engagée de 1 500 membres, disponible 24h/24 et représentative de la population française.

Auteur(s)

  • Yves Bardon
    Yves Bardon
    Directeur du programme Flair, Ipsos Knowledge Centre

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