Saga de l'été - Episode 1 : Oserez-vous oser?
Lancée le 9 Juillet 2021, la communauté Connect Live rassemble 1 500 participants venus exprimer et partager leurs points de vue. Nous leur avons demandé ce que la crise de la Covid-19 avait le plus transformé chez eux : ont-ils osé de nouveaux projets ? Ont-ils profondément modifié leur rapport à eux-mêmes, aux autres ? Ont-ils abaissé de barrières qui faisaient obstacle à leur épanouissement ?
Quand on leur demande ce que la crise de la covid-19 a le plus transformé chez eux, de nombreux Français nous répondent, via la communauté on line d’Ipsos ConnectLive, qu’elle a changé leur vision d’eux-mêmes et de leur environnement.
A la peur du virus, de la contamination et de la mort égrenée depuis mars 2020, ont répondu la conscience de la valeur du temps qui passe et la volonté de mieux profiter de la vie en général ; elles se sont traduites par la fin d’un certain nombre de complexes : s’imposer des contraintes sans vraie raison, voir des gens que l’on n’aime pas, faire des choses sans envie.
Résultat, si un mot devait résumer une nouvelle attitude des Français, ce serait « Trier ».
La crise a notamment été un révélateur de qualité relationnelle, d’où un premier tri entre ceux qui se sont intéressés à eux, notamment à leur santé et à leur quotidien en temps de confinement, et les autres. Autres tris ? Entre ce qui a de la valeur et le reste, ce qui intéresse ou pas.
C’est donc sans complexe, « parce qu’on n’a qu’une vie », que les Français assument cette approche sélective, souvent au nom de la recherche d’authenticité et de cohérence : « La crise sanitaire m'as appris à aimer la solitude et a complétement changé mes rapports avec les gens », « J'ai décidé de couper contact avec tous les gens qui sont toxiques, famille ou amis », « J’ai répondu non à l’invitation de mariage de ma filleule, je n’aime pas ces grandes réunions hypocrites. Maintenant mon oncle ne me parle plus, mais ça ne me gêne pas ».
Certains ont fait des choix vécus comme autant de libérations : s’exprimer en toute franchise, quitte à bouleverser les routines (« J’ai osé dire ses quatre vérités à mon mari sur sa famille toxique que j'ai supportée pendant vingt ans. Je suis bien mieux dans ma peau depuis que je ne les vois plus = Ouf ! ») ou arrêter de se soumettre par estime de soi (« J'ai osé me respecter assez pour pouvoir (enfin) mettre des limites et des barrières dans mes relations avec autrui »).
Le divorce est évidemment le stade ultime dans cette logique : « J'ai osé dire non à trente ans de vie commune, vingt-cinq ans de mariage ! Trente ans de harcèlement, STOP ! J’étais heureuse de n'avoir pas été confinée, travaillant en ehpad, mais Monsieur était en télé travail, donc c’était maintenant ou jamais. Je suis très heureuse d'être séparée et d'avoir déménagé ».
A l’inverse, l’épée de Damoclès du temps a pu accélérer des étapes de vie essentielles : « On a fait un bébé pour être sûrs que les personnes fragiles de notre entourage puissent connaître leurs petit enfants / arrière-petits-enfants », « Sans la crise, je n’aurais pas emménagé de suite avec mon compagnon, cela m’a fait sauter le pas avec mon compagnon et c’est une bonne chose ».
Décider de déménager, de quitter Paris ou une grande ville pour retrouver ses racines ou au contraire aménager son intérieur pour le personnaliser autant que possible et investir dans tout ce qui va améliorer son cadre de vie sont aussi des manières de « profiter », avec un égoïsme tranquille, de la vie : « J'ai enfin une maison terminée et décorée à mon goût. Et je n'y invite que les personnes qui me font vraiment plaisir à voir ».
Ce nouvel hédonisme revient à s’assumer, indépendamment du regard d’autrui (« J'ai pris du poids pendant ce confinement, et je ne me suis pas pris la tête, je n'ai pas perdu et j'ai acheté des vêtements avec la taille au-dessus. Aucun stress, et j’accepte pleinement mon poids, et bizarrement je me sens plus jolie ! »), à passer à l’acte (« Je me suis fait faire un tatouage ») et à se lancer dans la cuisine (« Je n'aurai jamais osé cuisiner autant de plats inconnus »), dans l’écriture (« Sans le confinement, je ne me serais jamais mise à mon premier roman ! »), dans le bricolage (« J’ai osé commencer des travaux dans ma nouvelle maison alors que je ne sais pas faire grand-chose. Bien sûr il y a eu des erreurs, mais j’ai aimé sauter le pas ! »), voire dans la navigation (« Je passe mon permis bateau mer et fluvial à cinquante-cinq ans »).
Hantise du temps et désir de se libérer des contraintes ont pu conduire certains à une demande de retraite anticipée en toute conscience de son impact sur leur niveau de vie : « Je serai donc retraitée à cinquante-trois ans, avec mon salaire divisé par trois. Jamais je n'aurai pensé pouvoir faire cela, la vie me faisait trop peur, manquer d'argent, devenir dépendante et ne pas avoir suffisamment pour me gérer, mais je suis en train de chercher à déménager de la grande ville vers la campagne ».
Parce qu’elle a montré le caractère éphémère de la vie, la portée de la crise est aussi philosophique en remettant la mort au centre d’une société qui ne voulait plus en entendre parler, une bonne raison de finir avec Montaigne qui nous le rappelait dans les années 1580 : « Tu ne meurs pas de ce que tu es malade ; tu meurs de ce que tu es vivant ».

Retrouvez tous les épisodes de
notre saga de l'été
Episode 2 - Eté 2021 : restrictions, balades et apéros !
Episode 3 - Le tourisme spatial, ultime tentation ?
Episode 4 - Quelle place pour le rêve ?
Episode 5 - "Et si..?" ou les enchantements de l’oisiveté
Episode 6 - Embarquement pour un voyage à travers le temps