Saga de l'été - Episode 7 : Cap sur la rentrée
Lancée en 2020, la communauté ConnectLive rassemble 1 500 participants venus exprimer et partager leurs points de vue durant l'été. Pour notre dernier épisode, nous avons invité nos participants à fait le point sur leur été et leur rentrée 2023.
Lancée en 2020, la Saga de l’Eté a été développée par Ipsos pour découvrir comment les Français vivent leurs vacances, d’abord pendant la crise sanitaire, ensuite lors de la première année de la guerre en Ukraine, et maintenant dans un contexte d’inflation et de ralentissement économique. Les témoignages des participants de ConnectLive©, la communauté syndiquée on line d’Ipsos composée de 1500 membres représentatifs des Français[1], nous aident à explorer leurs leur vision de ces vacances d’été 2023 et de la rentrée.
Des vacances 2023 réussies
A l’exception de ceux qui n’ont pas pu partir pour des raisons professionnelles ou des problèmes personnels, ces vacances 2023 sont sous le signe de la réussite : les Farnientistes ont réussi le pari de « profiter » avec un minimum d’efforts : « beaucoup de soleil, balades et passages dans différents restaurants pour se régaler autour de la gastronomie espagnole ». Les températures élevées ou les pluies torrentielles leur ont offert des alibis merveilleux pour en faire le moins possible : « Rien de spécial, car vacances prises au dernier moment et chaleur accablante en août ».
Les Intrépides ont su relever leurs défis, par exemple « 4880 kilomètres à moto. Un pur bonheur avec des paysages magnifiques, nos visites chez plein d'amis qui sont partis vivre dans le Sud et qu'on n’avait pas vu ou peu depuis la covid-19. Trois semaines inoubliables ». Quant aux Disponibles, ceux qui veulent « laisser une part à l'inconnu et donc à l'imprévue », ils se sont laissés guider par les opportunités : « J'ai assisté à de nombreux concerts, dont certains proposés sur une péniche voguant sur le Canal du Midi, et Bernard Lavilliers est venu pour un concert à Narbonne ».
Les hausses de prix ont impacté la plupart des pratiques des participants, notamment ceux qui n’ont ni résidence secondaire, ni famille ou amis pour les recevoir, et qui doivent donc payer leur hébergement ; ils se sont orientés de préférence vers les campings ou les logements les moins chers pour diminuer ce poste de dépense. Ils ont également réduit leur fréquentation de restaurants, leurs achats hors domicile (« Nous n’avons pas fréquenté les glaciers, mais acheté des glaces chez les hypers »), et « fait plus attention à leur budget vu l'inflation en ayant recours à des marques-distributeurs ». Pour certains, c’est l’opportunisme des commerçants qui rend « tout inaccessible. Pendant les vacances et avec les touristes, les magasins en profitent, cessent toutes réductions et promos, et augmentent les prix. C'est honteux pour les résidents et pour les vacanciers ».
En réaction, les Fourmis redoublent de prudence : « J’ai géré mon budget qui était de 60€ par jour et on l'a respecté car je suis très vigilante, surtout en ce moment », en particulier quand la famille s’est élargie : « le budget est difficile à gérer, car passer de deux à cinq à table, ça fait des frais ». De plus en plus de Français épargnent pour « avoir les finances au vert pendant les vacances et avant cette période, ce n'est pas la carte bancaire qui participe au réchauffement de la planète ! ». Les rares Cigales continuent de se faire plaisir : « Je n'ai jamais de budget, ça gâcherait les vacances, il suffit d'être raisonnable », mais on sent quand même que les multiples augmentations, dont celle des carburants (le litre de gazole est passé de 1,7062 début juillet à 1,8933 fin août, celui du SP98 de 1,8967 à 2,0144), pèsent de plus en plus sur la majorité des Français : « La calculette est sortie, même hors vacances, pour toutes les courses. Toutes les dépenses sont reportées pour contrôler le budget. C'était déjà plus ou moins le cas depuis quelques années, mais c'est devenu un impératif depuis quelques mois ».
Mais une Rentrée qui encourage au pessimisme.
La combinaison de hausses de prix dans tous les domaines de la vie quotidienne est d’autant plus insupportable qu’elle concerne les éléments les plus basiques de la Pyramide de Maslow, se loger, se déplacer, se nourrir, se chauffer, etc. Elle a trois conséquences majeures :
- Sur le plan social, aggraver les inégalités et créer une frustration menaçante : « D’un côté, on paye sans répit en cherchant toujours les bons plans pour économiser, et de l’autre, il y a ceux qui se baladent avec des jets skis ou des 4X4 flambants neufs, ça fait rager. Je suis préoccupé par l'état de déliquescence de notre pays ». Il ne semble y avoir aucune issue avec « les contraintes qui viennent du gouvernement, de la région, du département, de la communauté des communes, de la municipalité... Tout est préoccupant, ils ne savent pas quoi inventer pour nous pourrir l'existence ! ».
- Sur le plan personnel, aller à l’encontre de l’estime de soi avec la perspective de renoncements (« les vêtements seront mis en suspens, ce sera le juste nécessaire, utiliser la voiture le moins possible et les divertissements se réduiront à peau de chagrin... ») qui engendrent crainte de déclassement (« Je suis dépitée, j'économise sur tout, même les bouts de chandelles s'il le faut »), lassitude ( « On fait plus attention à la nourriture, on va moins au restaurant, on essaie d'être attentif à l'électricité à la maison, sans parler du carburant pour la voiture. Bref, c’est fatigant... ») et dépression : « je me sens anéantie , démunie , on a beau faire super-attention on y arrive plus ».
- Sur le plan de la consommation, continuer les arbitrages subis (« Je réduis tous les achats qui ne sont pas primordiaux ») ou actifs (« Je diminue certains produits alimentaires – charcuterie, biscuits, chocolat – ce qui bénéficie à ma santé »), en passant par « plus de fait maison », jusqu’au boycott : « Même si j'en ai les moyens, je n'achète pas certains fruits et légumes bio car leurs prix sont excessifs ».
Dans tous les cas, l’idée que nous sommes entrés dans une situation de Polycrises (des crises simultanées et qui se potentialisent) se diffuse et devient de plus en plus concrète avec « l'inflation, l'instabilité géopolitique du monde, notre pays qui s'enfonce dans la dette », « la délinquance et les violences urbaines », « la guerre qui fait rage dans certains pays du monde », « le dérèglement climatique ». Le sentiment qu’il n’existe pas de solution politique (« le parlement se bouffe le nez ») amplifie celui d’une inertie contre-productive : « Rien n’avance ». On notera aussi que « penser à rechercher un job d'appoint afin d'améliorer ma petite retraite » ou « faire des heures supplémentaires » ne sont plus des tabous mais des solutions envisagées sans plaisir face aux problèmes de pouvoir d’achat.
En réaction, le cercle intime devient l’antidote à sacraliser : « J’espère que tout se passera bien pour mes enfants et de mon côté, je retrouve les collègues donc tout va bien » et à protéger : « J’ai peur que ma fille ne tienne pas le coup du rythme de la rentrée ».
Retrouvez tous les épisodes de
notre saga de l'été
Episode 1 - Le secret des vacances
Episode 2 - Les vacances en 2040
Episode 3 - Le surtourisme
Episode 4 - Vacances avec ou sans enfants ?
Episode 5 - Les occupations de vacances
Episode 6 - Les rencontres en vacances
Episode 7 - Cap sur la rentrée
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[1] Sexe, âge, CSP, région.