1er tour présidentielle 2017 : sociologie de l'électorat
PROFIL DES ABSTENTIONNISTES
C’est une habitude, les abstentionnistes ont une nouvelle fois été particulièrement nombreux chez les jeunes et les moins favorisés. Près de 30% des moins de 35 ans (29% chez les 18-24 ans, 28% des 25-34 ans) ne se sont pas déplacés pour ce 1er tour de la Présidentielle 2017, pour comparativement 16% chez les 60-69 ans et 12% chez les électeurs de plus de 70 ans. En termes de catégories socioprofessionnelles, on recense également 29% d’abstentionnistes chez les employés et les ouvriers, pour 21% chez les cadres et 22% chez les professions intermédiaires. L’abstention a également dépassé les 25% sur l’ensemble des salariés et des personnes au chômage. Il faut se tourner vers les retraités pour trouver une participation sensiblement plus forte, de 87% contre 13% d’abstention.
Sur ce scrutin, on relève que la participation évolue presque linéairement avec le niveau de revenus du foyer : on est à 70% chez les électeurs dont le niveau de revenu du foyer est inférieur à 1250€ par mois, 76% dans la tranche 1250€-2000€, 80% dans la tranche de 2000 à 3000€, 84% au sein des foyers qui disposent d’un revenu mensuel supérieur à 3000€. 28% de ceux qui déclarent « s’en sortir très difficilement avec les revenus du ménage » ne sont pas allés voter, contre 18% chez ceux qui déclarent s’en sortir « facilement ».
En termes de proximité partisane, la participation a été la plus forte chez les proches d’En Marche (88%) et des Républicains (89%), pour 83% chez les sympathisants PS et 85% chez les proches du FN. Le léger différentiel de participation en faveur de la droite est confirmé par une question d’autopositionnement politique : 88% de ceux qui se situent plus ou moins à droite sont allés voter, contre 83% de ceux qui se déclarent de gauche.
SOCIOLOGIE DE L’ÉLECTORAT
Emmanuel Macron est arrivé en tête au soir du premier tour, en captant un éventail très large d’électeurs. Il a ainsi recueilli plus de 20% des suffrages dans toutes les tranches d’âge à partir de 25 ans, a convaincu un cadre sur trois, le quart des « professions intermédiaires » et des retraités, un salarié sur quatre, du public comme du privé, le quart encore des électeurs « à leur compte ».
Par rapport au niveau de diplôme, il a été le plus souvent choisi par ceux qui ont arrêté leurs études au baccalauréat (24%), par les diplômés du 1er cycle (26%), comme par ceux du deuxième et troisième cycles (30%). Emmanuel Macron a obtenu le plus grand nombre de suffrages chez les électeurs plus aisés (25% chez les électeurs dont le revenu mensuel du foyer est compris entre 2000€ et 3000€, 32% chez ceux dont le revenu mensuel du foyer est supérieur à 3000€). Il a encore convaincu le tiers des électeurs qui déclarent « s’en sortir facilement » avec les revenus du ménage. Emmanuel Macron a séduit la France « optimiste », qui vit plutôt bien et qui pense que la jeune génération vivra mieux qu’elle (35%).
Politiquement, près de la moitié des électeurs de François Hollande au premier tour de la Présidentielle 2012 (47%) et 17% des électeurs de Nicolas Sarkozy ont choisi cette fois Emmanuel Macron, qui s’est avéré aussi le candidat préféré des sympathisants PS (42%), Modem (46%), tout en obtenant 36% des suffrages des proches de l’UDI. 60% des électeurs se définissant comme centristes ont voté pour lui.
En comparaison, l’électorat de Marine Le Pen est plus typé. Elle a perdu sa suprématie dans l’électorat le plus jeune, au profit de Jean-Luc Mélenchon chez les 18-24 ans (21% contre 30% pour Jean-Luc Mélenchon), au profit d’Emmanuel Macron chez les 25-34 ans (24% contre 28%). Avec presque 30% des suffrages, Marine Le Pen est en revanche arrivée en tête chez 35-49 ans (29%) et les 50-59 ans (27%).
En termes de catégories socioprofessionnelles, elle a obtenu 37% du vote ouvrier, et convaincu le tiers des employés (32%). Malgré des scores sous les 20% dans toutes les autres catégories, elle est en tête sur l’ensemble des salariés (26%), du public (27%) comme du privé (26%). La candidate du Front National a enregistré le meilleur score auprès de ceux qui ont l’impression d’exercer une profession en déclin (30%), chez ceux qui s’en sortent « très difficilement » avec les revenus du ménage (43%), chez ceux qui pensent que la jeune génération vivra moins bien qu’eux (25%), chez ceux qui disposent des plus faibles revenus (32% au sein des foyers dont le revenu mensuel est inférieur à 1250€ par mois, 29% dans la tranche 1250€-2000€).
Jean-Luc Mélenchon a battu la candidate du FN chez les 18-24 ans (30%) et les chômeurs (31%). Ce sont ses meilleurs scores, toutes catégories confondues. Il a également dépassé les 20% auprès des professions intermédiaires (22%), des employés (22%) et des ouvriers (24%). En termes de niveaux de diplômes ses résultats sont relativement homogènes : 21% chez ceux qui se sont arrêtés au baccalauréat, 22% chez les titulaires d’un bac +2, 20% chez ceux qui ont poussé leurs études au-delà. Jean-Luc Mélenchon a séduit un électeur sur quatre dans les deux tranches de revenus inférieures (revenus du foyer en deçà de 1250€ ou compris entre 1250€ et 2000€), un électeur sur cinq chez ceux « qui s’en sortent difficilement avec les revenus du ménage ». Politiquement, il a été choisi par près du quart de l’électorat de François Hollande au premier tour de 2012 (24%) et des proches du PS (23%), par 38% des sympathisants EELV chez qui il devance Benoît Hamon (22%). Fort de 44% des suffrages, il s’est révélé être le candidat préféré des électeurs se positionnant « à gauche ».
Obtenant 45% des suffrages des 70 ans et plus, 36% chez les retraités et jamais plus de 25% partout ailleurs, François Fillon a été le candidat de l’électorat âgé. Par rapport à l’électorat de la droite traditionnelle, il n’a pas réussi à convaincre plus d’un cadre sur cinq (20%), est resté loin de l’étiage habituel du candidat de droite chez les plus diplômés (24%) ou chez les plus hauts revenus (25%). Dans toutes ces catégories il a été devancé de plusieurs points par Emmanuel Macron.
Politiquement, François Fillon n’a su séduire que 59% de l’électorat de Nicolas Sarkozy au 1er tour de 2012. S’il a tout de même convaincu les trois quarts des sympathisants LR (77%), plus du tiers des électeurs proches de l’UDI lui ont préféré Emmanuel Macron.