Allemagne : la peur du rouge n'est plus ce qu'elle était
Un sondage d'opinion montre que six Allemands sur dix pensent que le SPD acceptera le soutien du PDS pour arriver au pouvoir. De son côté, Helmut Kohl tente de faire taire les divisions internes à son camp.
A moins de trois mois du scrutin, la campagne législative allemande reste dominée par les questions de stratégie posées aux deux camps en compétition. Le chancelier sortant Helmut Kohl persiste à vouloir axer la campagne des chrétiens-démocrates sur la "peur des rouges" en dénonçant une possible alliance entre les sociaux-démocrates et les post-communistes du PDS.
L'efficacité de cette argumentation n'est pas évidente, si l'on en croit un sondage réalisé par l'institut de recherche Allensbach et publié, le 1er juillet, par le quotidien "Frankfurter Allgemeine Zeitung". L'hypothèse d'un appui du PDS, la formation qui a succédé au parti communiste est-allemand, au SPD ne semble pas faire scandale. Cette enquête montre que 62% des Allemands pensent que Gerhard Schroeder ne rejetterait pas le soutien du PDS s'il lui est indispensable pour devenir chancelier. Seulement 15% des personnes interrogées estiment que le candidat social-démocrate au pouvoir refuserait une telle alliance.
Toutes les enquêtes d'opinion font état d'une confortable avance de l'opposition sur la majorité, en intentions de vote, pour le scrutin du 27 septembre. Néanmoins, 76% des sondés estiment que les jeux ne sont pas faits d'avance et que l'issue de la compétition reste ouverte.
Telle est bien l'opinion que Kohl s'efforce de faire passer dans son propre camp, miné par un état d'esprit quelque peu défaitiste. Les trois partis de la coalition au pouvoir - les chrétiens-démocrates de la CDU, les sociaux-chrétiens de la CSU et les libéraux du FDP - n'ont cessé de se chamailler dans la dernière période. Chacun semble se préparer, sans plus attendre, à bien se placer dans la future opposition. "Etre en tête dans les sondages n'est pas la même chose que gagner les élections", a du rappeler Kohl en faisant, une fois de plus, référence au précédent de 1994. Cette année-là, les chrétiens-démocrates l'avaient emporté malgré des sondages longtemps défavorables. Mais l'opinion commença à se retourner trois mois avant l'échéance électorale, ce qui ne paraît pas être le cas cette fois-ci.