Allemagne : la remontée d'Helmut Kohl interrompue ?

A trois semaines des élections, deux des trois sondages les plus récents montrent que la majorité sortante cesse de combler son retard sur l'opposition social-démocrate. Mais les hésitations stratégiques des uns et des autres accroissent l'incertitude sur l'issue de la bataille.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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A trois semaines des élections du 27 septembre, la majorité sortante CDU-CSU semble avoir cessé de rattraper son retard sur l'opposition SPD. Selon deux des trois dernières enquêtes publiées, le parti du chancelier Helmut Kohl voit l'écart se creuser par rapport à celui de son adversaire Gerhard Schroeder alors que le mouvement inverse était observé au cours de l'été.

Le sondage réalisé par Emnid (2000 électeurs interrogés du 28 août au 2 septembre) et publié samedi par "Der Siegel" établit les intentions de vote en faveur du SPD à 42% (+1) et celles de la CDU-CSU à 37% (-1). L'écart entre les deux principales forces passe de trois à cinq points, retrouvant la situation qui prévalait au mois de juillet. Une autre enquête, effectuée par l'institut Dimap (1100 personnes interrogées) et publiée le même jour par le quotidien "Bild" fait également état d'un renversement de tendance: l'avance de l'opposition social-démocrate sur la majorité chrétienne-démocrate s'élève à six points (respectivement 43% et 37% des intentions de vote) contre cinq au cours des quatre enquêtes précédentes du même institut.

A l'inverse, le "Politbarometer" conclut, dans sa dernière enquête (1277 électeurs interrogés du 31 août au 3 septembre), à un resserrement supplémentaire de l'écart entre les deux partis. Avec 41% des intentions de vote, le SPD ne devancerait plus que de trois points la coalition CDU-CSU (38%).

L'estimation des petites forces fait aussi l'objet de résultats sensiblement différents selon les instituts. Les Verts sont crédités d'un score variant entre 5 et 7% des intentions de vote. Les libéraux du FDP seraient sur le fil du rasoir d'une représentation au Bundestag avec de 5 à 6% des suffrages virtuels. Les post-communistes du PDS se situent en position moins favorable avec de 4 à 5% des voix potentielles.

Gerhard Schroeder se garde bien d'annoncer que la victoire de son camp est d'ores et déjà acquise. Au contraire, il a déclaré dimanche qu'il s'attendait à ce que le chancelier Helmut Kohl progresse dans les derniers sondages tout en ajoutant qu'il demeurait confiant dans l'issue finale de la compétition. La principale faiblesse du SPD demeure le flou de sa stratégie. Les Verts ont critiqué, le 6 septembre, le leader social-démocrate pour avoir évoqué la possibilité de gouverner, après les élections, avec une "grande coalition" regroupant le SPD et la CDU. Ce scénario séduit une fraction notable de l'opinion allemande: selon une enquête réalisée en août 1998 par l'institut Forsa pour "Die Woche", 43% des sondés choisissaient cette "grande coalition" contre seulement 26% une alliance SPD-Verts. Le dernier sondage Emnid montre d'ailleurs qu'une majorité d'Allemands craignent les conséquences économiques et internationales de l'arrivée au pouvoir d'une coalition "rouge-verte".

La droite, pour sa part, doit faire face à des tiraillements internes concernant l'avenir personnel de Kohl. Le président du parti libéral, Wolfgang Gerhardt, a renouvelé son souhait de voir le chancelier sortant ouvrir la voie à sa propre succession. Mais, alors que le très populaire dirigeant chrétien-démocrate Wolfgang Schaeueble refusait d'exclure la possibilité de succéder avant terme à Helmut Kohl, en cas de succès le 27 septembre, ce dernier assurait qu'il entendait bien gouverner pendant quatre années supplémentaire dans cette hypothèse...

La droite, pour sa part, doit faire face à des tiraillements internes concernant l'avenir personnel de Kohl. Le président du parti libéral, Wolfgang Gerhardt, a renouvelé son souhait de voir le chancelier sortant ouvrir la voie à sa propre succession. Mais, alors que le très populaire dirigeant chrétien-démocrate Wolfgang Schaeueble refusait d'exclure la possibilité de succéder avant terme à Helmut Kohl, en cas de succès le 27 septembre, ce dernier assurait qu'il entendait bien gouverner pendant quatre années supplémentaire dans cette hypothèse...

Les élections qui se dérouleront, le 13 septembre, dans le Land de Bavière serviront de test important deux semaines avant le scrutin fédéral. La dernière enquête du "Politbarometer" effectuée dans cet état traditionnellement conservateur de la RFA donne 51% des intentions de vote à la CSU et 32% au SPD. La droite bavaroise ne serait qu'en recul de deux points par rapport à 1994 si ces chiffres étaient confirmés par les urnes.

Signalons enfin que les Allemands découvrent le jeu particulier des paris sur le résultat des élections. Un site baptisé Wahl$treet permet de découvrir en direct la "cotation" des différents partis. Certains initiateurs du projet vont jusqu'à affirmer que ce concours de pronostics - au demeurant fortement inspirés par les enquêtes d'opinion - donnera des résultats meilleurs que les sondages pré-électoraux...

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  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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