Allemagne : première alternance électorale

Les Allemands ont très clairement choisi, le 27 septembre, de remercier le chancelier sortant Helmut Kohl. Leur volonté d’alternance pourrait se traduire par une alliance 'rouge-verte' au gouvernement.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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politiques

Résultats
provisoires

Moyenne
des dernières intentions de vote

Résultats
des législatives
de 1994

Composition
provisoire
en sièges du Bundestag

SPD

40,9%

40,7%

36,4%

298

CDU-CSU

35,2%

37,9%

41,5%

245

Verts

6,7%

6,4%

7,3%

47

FDP

6,2%

5,4%

6,9%

44

PDS

5,1%

4,5%

4,4%

35

Extrême-droite

 

3,4%

1,9%

 

L’Allemagne fédérale a vécu, dimanche 27 septembre, sa première véritable alternance électorale. Pour la première fois, un chancelier sortant a été clairement battu par les votants et non à la suite de tractations parlementaires. Particulièrement nombreux à se rendre aux urnes (le taux de participation a été de 80% des inscrits), les Allemands ont clairement signifié leur désir de mettre un terme au long règne d’Helmut Kohl, à la tête du pays depuis seize années.

Avec 35% des suffrages exprimés, la CDU-CSU enregistre un des plus mauvais scores de son histoire. Elle recule de plus de six points par rapport aux précédentes législatives de 1994. Le chancelier sortant a très dignement reconnu, dés dimanche soir, que cette défaite pouvait lui être personnellement imputée. Le camp chrétien-démocrate a été devancé de plus de six points par le parti social-démocrate. Recueillant 41% des voix, le SPD progresse de quatre points et demi en quatre ans et gagne 46 députés au Bundestag.

Cette performance – scrutin proportionnel oblige – n’offre pas aux sociaux-démocrates une majorité absolue au Bundestag. Mais le maintien de l’influence électorale des Verts (6,7% soit seulement 0,6% de moins qu’en 1994) donne à une alliance " rouge-verte " une nette majorité au Parlement. Gerhard Schroeder avait conditionné une telle coalition au fait qu’elle contrôle une majorité d’au moins dix sièges au Bundestag. Cela semble être le cas.

Des discussions ont commencé entre le SPD et les Verts pour former un gouvernement qui consacrerait, pour la première fois, les écologistes comme une formation gouvernementale. Le futur chancelier allemand n’a cependant pas écarté l’hypothèse d’une " grande coalition " avec la CDU. Peu probable dans l’immédiat, en raison notamment de l’hostilité de nombreux chrétiens-démocrates, cette configuration, qui a les faveurs des milieux économiques, pourrait à terme constituer une solution de rechange pour Schroeder.

Les libéraux du FDP, qui ont réussi à sauver leur représentation parlementaire, ont déjà indiqué qu’ils refuseraient une alliance avec le SPD. Les post-communistes du PDS, qui franchissent de justesse la barre de 5%, se situeront eux aussi dans l’opposition. Ce parti a enregistré de bons scores dans l’ex-RDA où il a obtenu 22% des suffrages. L’extrême-droite, elle, a subi dimanche de cuisants revers. Les trois partis d’extrême-droite (les Républicains, le NPD et la DVU) ont recueilli ensemble nettement moins que 5% des voix. Significativement, la DVU n’a obtenu que 3% des voix aux élections régionales de Mecklembourg-Poméranie, un Land de l’Est sur lequel ce parti fondait de grands espoirs.

On remarquera enfin que ce scrutin a démontré la qualité des sondages allemands. Entre la moyenne des dernières enquêtes publiées et le résultat final, l’écart est inférieur à un point sauf dans le cas de la CDU-CSU, surestimée de deux points notamment au détriment du FDP. Les sondages réalisés à la sortie de bureaux des votes pour les chaînes de télévision ARD et ZDF ont également été confirmés par les résultats électoraux.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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