Caen : le maire sortant Philippe Duron (PS) en danger
La gauche avait attendu cent ans pour revenir à la mairie : en s'imposant en 2008, Philippe Duron, alors président socialiste du Conseil régional, devenait le premier maire de gauche à Caen depuis René Perrotte, radical-socialiste, qui avait dirigé la ville de 1908 à 1919. Selon l'enquête Ipsos/Steria réalisée pour France 3 Basse-Normandie et France Bleu Basse-Normandie, l'expérience pourrait néanmoins être de courte durée.
Le bilan du maire est en effet contesté par la moitié des habitants : 50% des Caennais se déclarent "mécontents du travail accompli" par Philippe Duron, contre seulement 46% de satisfaits. Un tel niveau de mauvaises opinions est pour lui préoccupant, et ne lui permet pas de bénéficier de la "prime au sortant". En moyenne sur les villes de plus de 25 000 habitants, 71% des citoyens se déclarent satisfaits du mandat du maire sortant, contre 25% de mécontents (alors que ces administrés critiques sont deux fois plus nombreux à Caen).
Les intentions de vote premier tour confirment la sévérité du jugement des Caennais sur l'action de leur maire. Bien qu'en tête, la liste conduite par Philippe Duron ne recueille que 28% d'intentions de vote, très loin des 44% obtenus en 2008, même s'il bénéficiait à l'époque du renfort des Verts sur sa liste. Aujourd'hui EELV propose sa propre liste, créditée de 9% d'intentions de vote, au même niveau que la liste Parti de Gauche/NPA. Une liste Lutte Ouvrière (2%) complète l'offre électorale à gauche, pour un "total gauche+extrême-gauche" à 48% d'intentions de vote.
Le rapport de force premier tour penche légèrement du côté de la droite et de l'extrême-droite (52%). Comme en 2008, la droite parlementaire se présente divisée au scrutin, avec une liste UMP conduite par Joël Bruneau qui recueille 26% des suffrages, et une liste UDI-Modem conduite par Sonia De La Prôvoté à 20%. Le FN est à 6%, et ne semble pas en mesure d'atteindre les 10% des suffrages nécessaires pour se maintenir.
Au second tour, le rapport de force reste serré. Mais face à Joël Bruneau, Philippe Duron serait aujourd'hui battu de 2 points (49% / 51%). Cet écart serait plus grand si la liste de droite était conduite par la candidate centriste (47% / 53%) qui bénéficie de meilleurs reports de voix du premier au second tour. Au final, s'il reste encore un mois de campagne pour espérer inverser la tendance, l'élection semble périlleuse pour Philippe Duron et Caen pourrait bien rebasculer à droite le 30 mars prochain.