Covid-19, crise économique et RSE : qu'attendent les Français des grandes entreprises ?
Comment les Français jugent-ils les actions des grandes entreprises sur le plan de la gestion de la crise sanitaire et économique, mais également sur les volets sociétaux et environnementaux ? Guillaume Petit, Directeur Corporate Reputation, décrypte leurs attentes.
Les différentes étapes de la crise créée par la covid-19 ont transformé les priorités des Français.
Depuis plusieurs années, on voyait progresser régulièrement la courbe des préoccupations des Français en matière d’environnement et à l’égard du réchauffement climatique. A partir de mars, les inquiétudes sur la situation sanitaire ont pris le pas sur les considérations écologiques ; maintenant, les craintes associées aux perspectives économiques dominent sur les autres.
Bien sûr, en septembre, l’épidémie de covid-19 inquiétait 49% des Français, mais les difficultés en termes de pouvoir d’achat (salaires, impôts…) en alertaient 39%, de même que l’avenir du système social, santé, retraites… (37%). A 36%, la protection de l’environnement reste un vrai sujet, mais perd environ dix points par comparaison à 2019.
La situation de l’économie et de l’emploi alarme 91% des Français alors que les inquiétudes sur leur propre santé sont en dernière position à 40%, à un niveau bien plus faible aujourd'hui que lors du premier confinement, parce que les Français redoutent désormais plus l’impact économique et social de l’épidémie (fermetures d’entreprises et de commerces, licenciements, baisses de salaire) que son impact sanitaire (malades, décès, difficultés du système de santé), 66% vs 34%.
En neuf mois, la vision de la crise par les Français a évolué. On se souvient que certains imaginaient que le « monde d’après » serait marqué par des prises de conscience, des changements dans les comportements de consommation, voire des mutations dans les valeurs, plus collectives et responsables. On en est bien loin maintenant : 41% pensent que « la crise va plutôt renforcer les défauts de notre modèle de croissance actuel » (28% fin avril) et il ne reste plus que 20% à croire qu’elle « va plutôt permettre d'évoluer vers un modèle de croissance plus responsable et respectueux » (30% fin avril).
Dans ce contexte où le besoin de protection est proportionnel à la gravité de la crise économique et sociale, l’engagement et la mobilisation des entreprises, grandes et petites, est l’une des conditions de la confiance. On l’a vu dans la nette évolution du jugement sur les grandes entreprises, inspirant confiance à 53% fin avril 2020 contre 34% en 2019. Pourtant, cette confiance s’érode depuis plusieurs mois, pour atteindre fin octobre 50%. Si le niveau de défiance d’avant la crise n’est pas encore atteint, il peut l’être très rapidement si rien n’est fait.
Aujourd’hui, les Français estiment que la situation contraint à de nouveaux arbitrages : quand on leur demande ce que doivent faire les acteurs publics et les entreprises, « prendre des mesures efficaces pour faire face à la crise économique et au chômage même si cela signifie mettre la question environnementale et climatique au second plan » est prioritaire pour 59% (+7% depuis avril) contre 41% pour qui il faut agir « face à l'urgence environnementale et climatique, même si cela ne permet pas de lutter efficacement contre la crise économique et le chômage ».
Les préoccupations environnementales sont donc loin d’être absentes. Et les grandes entreprises, avec une marge de manœuvre sans doute limitée dans le champ économique, ont tout intérêt à continuer à investir le champ de la RSE, d’autant que les attentes sont fortes.
Notre sondage a notamment testé l’appétence des Français pour certaines des cent-cinquante actions préconisées par la Convention citoyenne et la demande d’actions concrètes, notamment en limitant le suremballage ou en luttant contre l’obsolescence programmée, est manifeste.
Les attentes ne concernent pas seulement le domaine de l’environnement. Notre webinar revient sur les domaines d’actions souhaitées de la part des entreprises : démarche éthique, respect des fournisseurs, transparence vis-à-vis des clients, traitement des clients de manière équitable, etc.
Si les leviers de la responsabilité diffèrent grandement selon le secteur d’activité, il n’y a pas de fatalité interdisant d’être une entreprise responsable : certaines arrivent à émerger positivement, même en opérant dans des secteurs réputés peu responsables, parce qu’elles prouvent leur engagement.
L’enjeu pour les entreprises est de montrer qu’elles restent mobilisées et proactives : Michel-Edouard Leclerc, par exemple, le déclarait dès mars, « Nous nous sentons investis d'une mission de service public ». Cette mission est d’autant plus attendue par les Français que le secteur privé leur a semblé parfois se substituer aux carences des services publiques (fabriquer des masques, des blouses, du gel…) et qu’ils sont conscients de leur rôle social, 62% souhaitant que les Patron(ne)s s’expriment sur les sujets de société qui concernent le pays.
Le bénéfice de se positionner et d'agir sur des problématiques sociétales est clair : 80% des Français qui estiment qu'une entreprise prend la parole sur des sujets qui les intéressent ont confiance et 77% la jugent responsables (contre 41% et 38% de ceux qui ne partagent pas cet avis).
Pour que l’engagement dans la RSE ne soit pas perçu comme un virage social washing opportuniste, il faut donc veiller à sa cohérence avec l’ADN de l’entreprise, s’appuyer sur son savoir-faire de l’entreprise et sa chaine de valeur, être en phase avec les évolutions de la société et apporter des preuves et des bénéfices tangibles.
C’est l’objet de l’accompagnement stratégique qu’Ipsos peut vous apporter en s’appuyant sur des études analysant notamment la perception de la performance des entreprises par leurs parties prenantes (grand public, salariés, leaders d'opinion...)
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