Europe : l'image de l'euro se dégrade encore
La dernière vague du baromètre Ipsos / AFP "Tendances des Opinions Publiques Européennes" révèle que l'image de l'euro se détériore en Allemagne, en France, en Italie et en Grande-Bretagne. La confiance des Italiens en leur gouvernement est elle aussi au plus bas.
Il n'y a pas que sur le marché des changes que l'euro se déprécie. La dernière vague du baromètre "Tendances des Opinions Publiques Européennes" Ipsos / AFP montre que la monnaie unique accuse une nouvelle fois un sérieux reflux de popularité dans toute l'Europe. Certes, l'euro évoque encore "quelque chose de positif" pour la majorité des Espagnols, des Italiens et des Français. Mais même dans ces trois pays, traditionnellement les plus "europhiles", le soutien perd de sa force. Stables en Espagne, les opinions positives perdent six points en Italie (de 65% à 59%), et cinq points en France (de 59% à 54%). L'opinion publique demeure très majoritairement négative en Grande-Bretagne (pour 37%, l'euro évoque "quelque chose de positif", pour 55%, "quelque chose de négatif"). En Allemagne, l'image de l'euro se détériore de façon plus spectaculaire encore. Les opinions positives chutent de neuf points (de 47% à 38%), les opinions négatives gagnent huit points (de 51% à 59%).Sur l'ensemble des cinq pays testés, le solde d'image de l'euro est à +6, soit le plus bas niveau jamais enregistré depuis la première vague du baromètre, en mars 1997.
L'érosion d'image que subit la monnaie unique européenne semble relativement indépendante de la perception qu'ont les Européens de l'économie de leur pays ou de l'action de leur gouvernement.En la matière, les Italiens broient du noir. L'OCDE a beau prévoir un vif redémarrage économique et la baisse du chômage, cela ne les empêche pas d'être particulièrement pessimistes. En pensant à l'avenir, 59% d'entre eux sont "inquiets de la situation économique et sociale". Ils ne sont que 27% à accorder leur "confiance au gouvernement de Giuliano Amato pour faire face aux principaux problèmes du pays" (contre 58% qui ne lui font pas confiance). L'Italie est le seul des cinq pays testés qui souhaiterait majoritairement l'alternance, "si des élections législatives avaient lieu la semaine prochaine" (33% souhaiteraient la victoire de l'opposition, 26% celle des partis au pouvoir). L'étude confirme donc la fragilité du gouvernement de centre gauche en Italie, battu par l'opposition lors des élections régionales d'avril dernier, et plus récemment encore ébranlé par l'échec des référendums du 21 mai(*).
Sans aller jusqu'à souhaiter majoritairement l'alternance, les Allemands sont toujours les plus pessimistes quant à l'avenir économique du pays. L'inquiétude concerne encore 60% des personnes interrogées, mais baisse de cinq points.La même proportion "ne fait pas confiance au gouvernement de Schröder pour faire face aux principaux problèmes du pays" (-2 points).En Grande-Bretagne, la part des individus confiants pour la situation économique et sociale, bien qu'à peine supérieure aux inquiets, est la plus importante de tous les pays testés (49%, contre 47% d'inquiets). Les Britanniques sont en revanche plus de six sur dix à déclarer leur méfiance vis-à-vis du gouvernement de Tony Blair (61%).C'est finalement du côté de la France et de l'Espagne qu'il faut se tourner pour observer une opinion publique majoritairement confiante dans son gouvernement. Les Français, bien que plutôt inquiets pour l'avenir économique de la France, sont 51% à accorder leur confiance à Lionel Jospin. Les Espagnols enfin ont l'humeur la plus ensoleillée : ils ont confiance tant dans leur économie (48%) que dans leur gouvernement (54%). En cas d'hypothétiques élections législatives, 41% appuieraient la majorité en place, seulement 25% souhaiteraient la victoire de l'opposition.
(*) Les référendums proposés par le gouvernement sur divers sujets de réforme ont dû être annulés, le quorum obligatoire de 50% des suffrages n'ayant pas été atteint (moins d'un Italien sur trois s'est rendu aux urnes) ; leader de l'opposition, Silvio Berlusconi, qui avait prôné l'abstention, sort renforcé de ces deux scrutins.