Inflation : 67% des Français jugent la "shrinkflation" inacceptable

La dernière vague de l'Ipsos Global Inflation Monitor révèle que les citoyens de 33 pays auront plus d'argent à dépenser au cours de l'année prochaine, alors que la flambée des prix se ralentit légèrement dans de nombreux endroits ; et près de la moitié du de l'opinion à l'échelle mondiale voit rouge lorsque les produits deviennent plus petits mais que les prix restent inchangés.

Chiffres clés

  • À l'échelle mondiale, 33 % des personnes interrogées ont une situation financière qui leur permet tout juste de s'en sortir, tandis que 27 % supplémentaires déclarent avoir des difficultés financières.
  • Près des deux tiers (62 %) s'attendent à ce que le taux d'inflation augmente dans leur pays au cours des 12 prochains mois, contre 78 % en avril 2022.
  • Près de sept personnes sur dix s'attendent à une augmentation du coût de leurs courses alimentaires, des coûts des services publics/de l'énergie et d'autres dépenses ménagères au cours des six prochains mois.
  • Plus de personnes pensent que leur niveau de vie (33 %) et leur revenu disponible (31 %) augmenteront au cours de l'année à venir qu'ils ne diminueront.
  • Près de la moitié (46 %) des personnes à travers le monde ont remarqué que la taille des produits diminuait alors que les prix restaient inchangés, et une proportion similaire (48 %) juge cette "shrinkflation" inacceptable.
  • Le niveau d'inquiétude a légèrement diminué, mais une proportion significative des répondants (46 % en moyenne au niveau mondial) continue de penser que son pays est en récession.

La dernière vague de l'Ipsos Global Inflation Monitor met en évidence la difficulté à surmonter la crise du coût de la vie, tout en laissant entrevoir quelques lueurs d'optimisme sur le plaéconomique dans de nombreux pays du monde.

La tension inflationniste persiste

L'année dernière, à la même époque, les experts ont commencé à avertir que le monde se dirigeait très probablement vers une grave récession en 2023, plusieurs banques centrales ont relevé leurs taux d'intérêt pour tenter de faire baisser les taux d'inflation. La récession mondiale ne s'est pas produite cette année, mais les avertissements semblent avoir effrayé les populations.

Bien que peu de pays soient techniquement en récession (définie comme deux trimestres consécutifs de croissance négative), près de la moitié des personnes interrogées (46 % des citoyens en moyenne dans 33 pays) déclarent penser que leur pays est en récession, ce qui représente une légère baisse par rapport aux 49 % qui déclaraient la même chose en avril 2023. Ce chiffre inclut une majorité de personnes dans neuf pays, avec en tête la Corée du Sud (79 %), la Hongrie (77 %) et le Turkménistan (77 %).

Même si peu de pays sont en récession, l'attente d'une augmentation du chômage au cours de l'année à venir reste élevée. 59 % des personnes interrogées dans le monde estiment qu'il y aura moins d'emplois en 2024 et de nombreux pays ont vu ce sentiment augmenter depuis la dernière vague d'avril. En Grande-Bretagne, qui a participé aux cinq vagues de l'Ipsos Global Inflation Monitor, l'anticipation d'une hausse du chômage a augmenté de 7 points de pourcentage pour atteindre 62 %, le niveau le plus élevé jamais enregistré par les Britanniques.

Six personnes sur dix à travers les 33 pays étudiés subissent un certain niveau de pression sur leur budget, dont près de trois sur dix (27 %) qui déclarent avoir du mal à s'en sortir financièrement, soit une baisse de 1 point depuis avril 2023. Par ailleurs, 33 % des personnes interrogées déclarent qu'elles parviennent tout juste à s'en sortir, un chiffre inchangé par rapport à avril.
Les taux d'inflation ayant légèrement baissé dans de nombreux pays au cours des derniers mois, les difficultés liées au coût de la vie semblent s'estomper lentement dans certains pays. Par rapport à avril 2023, la proportion de personnes estimant qu'il est "très ou assez difficile" de s'en sortir a diminué : elle est passée de 30 % à 23 % en France, de 26 % à 23 % en Grande-Bretagne et de 24 % à 17 % en Allemagne.

Pourtant, l'inflation reste une préoccupation importante à l'échelle mondiale, 62 % personnes interrogées s'attendant à ce qu'elle augmente au cours de l'année à venir (-1 point par rapport à avril 2023). Dans notre enquête "What Worries the World", l'inflation est la préoccupation numéro un depuis 20 mois consécutifs.

Près d'une personne sur trois (32 %) est optimiste quant à un retour à la normale d'ici un an ou plus tôt (+1 point). En revanche, 21 % pensent que l'inflation ne reviendra jamais à la normale (+2 points de pourcentage), les Indiens (37 %) et les Sud-Africains (37 % également) étant les plus pessimistes.

L'opinion selon laquelle les dépenses continueront à augmenter reste prépondérante. Près de sept personnes sur dix à l'échelle mondiale s'attendent à ce que le coût de leurs achats alimentaires augmente au cours de l'année prochaine (69%, -2 points par rapport à avril 2023). Des proportions similaires de la population s'attendent à une augmentation du coût de l'énergie notamment de l'électricité et du gaz (68%, pas de changement) et de leurs autres achats ménagers (66%, -1pp).

La lumière au bout du tunnel ?

On observe toutefois des signes d'optimisme sur de nombreux marchés.

Malgré des perspectives plutôt négatives, les données recueillies au cours des cinq vagues de l'Inflation Monitor suggèrent que l'opinion publique mondiale est légèrement moins pessimiste quant aux perspectives économiques qu'elle ne l'était en 2022, lorsque l'inflation était dopée par plusieurs facteurs, notamment le recul de la consommation à la suite de la crise COVID-19 et de l'invasion de l'Ukraine.

L'anticipation d'une hausse de l'inflation se révèle plus recule dans presque tous les pays étudiés : entre avril 2022 et novembre 2023, la proportion de personnes qui s'attendent à une hausse de l'inflation a chuté de 29 points de pourcentage en Allemagne (de 81 % à 52 %) et en Grande-Bretagne (de 85 % à 56 %).

Les craintes quant à une diminution du revenu disponible se sont également atténuées : 29% en moyenne des personnes interrogées au niveau mondial pensent que ce dernier va diminuer (-4 points vs avril 2023), tandis que 31% pensent que leur revenu disponible va augmenter (+2 points). Dans le même temps, 33 % (+5 points) des répondants prévoient une augmentation de leur niveau de vie au cours de l'année à venir, contre 23 % qui s'attendent à une baisse de ce dernier (-4 points).

On s'attend également moins à une augmentation d'autres postes de dépenses, notamment les courses alimentaires. Bien que 69 % des personnes interrogées s'attendent toujours à ce que leurs courses leur reviennent plus cher au cours de l'année, ce chiffre est inférieur à ce qu'il était en 2022 dans de nombreux pays. Par exemple, l'attente d'une augmentation des dépenses alimentaires a diminué de 16 points en Allemagne entre avril 2022 et novembre 2023 (de 85 % à 69 %).

La shrinkflation cristallise la colère

A travers les 33 pays étudiés, près de la moitié (46 %) des consommateurs déclarent avoir remarqué que la taille des produits diminuait alors que leur prix restait inchangé. C'est en Europe que l'on constate le plus de "shrinkflation", la Grande-Bretagne étant le pays où la proportion de personnes ayant remarqué cette pratique est la plus élevée (64 %), suivie de près par la France (63 %) et l'Allemagne (62 %).

Dans le même temps, les consommateurs d'Amérique latine et d'Asie sont beaucoup moins nombreux à déclarer avoir remarqué cette tendance : seuls 28 % des Colombiens et 30 % des Indiens et des Chinois ont constaté que une diminution des quantités pour un même prix.

Près d'un quart des répondants (22 % au niveau mondial) jugent acceptable que les industriels et distributeurs réduisent la taille de leurs produits tout en maintenant les prix au même niveau, afin de faire face à l'augmentation des coûts. En revanche, une proportion beaucoup plus importante (48 % en moyenne au niveau mondial) juge inacceptable la pratique de la "shrinkflation", les Français (67 %) étant les plus mécontents.

La question a suscité la controverse, la Commission européenne la qualifiant de "pratique commerciale trompeuse", tandis qu'en France, le gouvernement a déclaré qu'il introduirait une loi garantissant que les consommateurs soient informés de toute réduction de contenu.


A propos de cette enquête

Enquête menée par Ipsos via sa plateforme Global Advisor. 24 792 personnes de 33 pays ont été interrogées du 20 octobre au 3 novembre 2023.

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