La croissance renforce l'adhésion à l'euro
La dernière enquête du baromètre Ipsos-Afp "Tendances de opinions publiques européennes" montre une spectaculaire progression de l'adhésion à l'euro. L'amélioration de la conjoncture économique n'y est pas étrangère.
La monnaie commune est en voie d'être adoptée par l'opinion publique européenne. La dernière enquête du baromètre trimestriel Ipsos-Afp "Tendances de opinions publiques européennes", réalisée dans les semaines qui ont suivi le sommet de Bruxelles du lancement de l'euro, montre que la cote d'amour de celui-ci n'a jamais été aussi élevée qu'aujourd'hui.
C'est outre-Rhin que le revirement de l'opinion est le plus spectaculaire. Les Allemands se sont longtemps méfiés d'un projet qui portait en lui l'abandon de leur réputé deutschmark. Désormais, une franche majorité d'entre eux (56%) ont une "bonne opinion" de la monnaie unique. La progression est de 22 points par rapport à l'enquête précédente. Globalement, l'euro est perçu positivement par près de deux ressortissants des grands pays de l'Union Européenne sur trois (62%, soit une augmentation de 10 points).
Un peu plus de six mois avant son entrée en vigueur, la monnaie unique bénéficie d'une image positive dans les cinq principaux pays de l'Union, y compris au Royaume Uni (52%, +7). En France, la popularité de l'euro atteint des sommets (70%, +13). Le pays qui a presque failli dire "non" au traité de Maastricht rejoint presque le niveau record d'adhésion à l'euro de l'Italie (75%, +3).
Cette image positive se retrouve dans la perception des principaux effets attendus de l'euro, qu'il s'agisse de "l'avenir de l'Union économique" (69%, +7), du "développement économique" (59%, +7), de "l'emploi et du progrès social" (50%, +5), de la "vie quotidienne" (52%, +9) ou du "niveau de vie et du pouvoir d'achat" (48%, +7).
Ce brusque engouement pour l'euro est sans doute lié à l'amélioration assez générale de la conjoncture économique. Le retour de la croissance et la diminution du nombre des chômeurs incitent à voir l'avenir, y compris européen, avec plus d'optimisme. Ainsi, 56% des Européens (+3) envisagent sereinement les perspectives d'évolution de leur niveau de vie, les plus optimistes étant les Britanniques (67% de confiants, +1) alors que les Français sont les seuls à demeurer majoritairement inquiets (53%, +1).
De même, bien que toujours négatif, l'indicateur de confiance dans la situation économique et sociale se redresse sensiblement, avec un gain de 6 points à 38%. La confiance regagne du terrain dans cinq pays, notamment en Allemagne (27%, +10) et en France (30%, +8). Contrepartie de cette vision plus rose de la réalité, le potentiel de contestation sociale est en baisse pour la première fois depuis plus d'un an: 59% (-5) des européens sondés se déclarent cependant encore prêts à participer ou à soutenir un mouvement social.
Les pouvoirs en place profitent naturellement de ce climat. La confiance dans les chefs de gouvernement progresse globalement de 5 points (43% contre 38% en mars). Tony Blair effectue un bond de 11% (61%), notamment grâce à l'accord de paix en Irlande du Nord. Il est suivi par le français Lionel Jospin (50%, +2), l'italien Romano Prodi (45%, +6) et l'espagnol José Maria Aznar (41%, +4).
Le chancelier allemand Helmut Kohl enregistre, lui aussi, une hausse sensible (+6) mais seulement 25% de ses concitoyens lui font confiance. A trois mois des élections générales, 74% des Allemands lui sont hostiles. Une majorité croissante (50%, +12 contre 28%, +3) souhaite la victoire de l'opposition SPD sur la majorité sortante CDU.