La culture française, menacée par le désintérêt

L'enquête Ipsos-Le Point-LCI, dévoilée lors de l'émission 100% citoyen diffusée sur la chaîne du câble, témoigne de l'inquiétude des Français sur la place occupée par la culture française, dans le monde comme dans l'hexagone. On accuse surtout "le désintérêt des Français", moins souvent l'action gouvernementale. Un focus sur les revendications des intermittents du spectacle montre tout de même le soutien de l'opinion au mouvement.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Même s'ils ont regretté l'annulation de certains festivals d'été, et désapprouvé la démarche (61%), les Français sont derrière les intermittents du spectacle dans le bras de fer engagé avec le gouvernement. Environ 60% des personnes interrogées par Ipsos soutiennent leur mouvement de protestation, et 50% désapprouvent "la réforme du régime d'assurance chômage telle qu'elle a été adoptée" (31% approuvent, 19% ne se prononcent pas). Pour autant, les deux tiers des sondés - et la majorité des sympathisants de gauche- pense que la gauche au pouvoir n'aurait fait "ni mieux, ni moins bien" que le gouvernement actuel.

Ce même sentiment prédomine lorsque l'on aborde la culture dans sa globalité. Si une personne sur cinq estime que "la culture française est mieux défendue par la Gauche que par la Droite", la majorité des sondés (60%) ne voient pas vraiment de différence dans les politiques mises en oeuvre. D'ailleurs, la notion même de politique culturelle reste assez floue dans l'opinion. Par exemple, 70% des personnes interrogées ne savent pas ce qu'est "l'exception culturelle française" - une dérogation, provisoire, et pour le seul secteur de l'audiovisuel, aux principes libre-échangistes de l'Organisation Mondiale du Commerce.

Le constat est tout de même alarmiste : les deux tiers des Français jugent que "la place qu'occupe la culture française dans le monde est aujourd'hui menacée". Mais on évoque moins souvent "l'aide insuffisante des pouvoirs publics" (29%) que "le désintérêt des Français" (47%) et l'inadéquation entre la production culturelle et les goûts du grand public (19%).
Les Français souhaiteraient pourtant que l'Etat s'investisse davantage dans ce domaine. On juge que les aides doivent être "renforcées" dans les années à venir (56%), ou au moins "maintenues au même niveau qu'aujourd'hui" (38%).
En guise d'action à engager d'urgence, on pense d'abord à "la sauvegarde du patrimoine culturel" (30% de citations). Ensuite, les efforts relatifs à la diffusion de la culture, au sein de la société et vers l'extérieur, sont également souvent évoqués. Pour une personne sur cinq, l'urgence est dans la promotion de "la langue française dans le monde" ; une proportion équivalente pense à "engager des actions pour faciliter l'accès des Français à la culture française". Un troisième bloc se détache, constitué de ceux qui pensent encore plus urgent d'aider la production proprement dite : 17% jugent prioritaire "d'encourager les initiatives culturelles locales", et 12% aimeraient surtout que l'on "soutienne la création artistique française actuelle". Quand il s'agit d'identifier les grands domaines culturels qui auraient le plus besoin de l'aide de l'Etat, "le théâtre" arrive en tête, avec 27% de citations, devant "le livre" (23%) et "les musées" (20%). Le cinéma (13%) et la musique (11%) sont moins souvent cités.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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