Les attentes des dirigeants de PME

L'enquête réalisée par Ipsos pour la CGPME auprès des petits patrons français révèle un optimisme qui tranche avec le climat social actuel. 57% d'entre eux pensent que le volume d'activité de leur entreprise va progresser dans les mois qui viennent, et près d'un sur deux que des emplois seront créés. Leur jugement sur l'action des pouvoirs publics est en revanche plus mitigé.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Les principaux enseignements de l'enquête


Près d'une entreprise sur deux pense créer des emplois dans les mois à venir


Quand on leur demande s'ils pensent créer des emplois dans les mois qui viennent, 45% des dirigeants de PME déclarent envisager de le faire. Ces résultats encourageants sont toutefois à nuancer. Parmi ces dirigeants, 21 % pensent en créer " certainement " et 24 % " probablement ". Ensuite et surtout, plus de la moitié des dirigeants affirment aussi qu'ils ne créeront pas d'emplois (52% dont 25% précisent même qu'ils ne le feront certainement pas). Au-delà de ces résultats d'ensemble, c'est dans le secteur des services que l'optimisme dans ce domaine est le plus de mise (30 % de ce type d'entreprises compte " certainement " créer des emplois et 25 % probablement) devant le BTP, l'industrie et le commerce (ces deux derniers secteurs restant plus en retrait sur ce point). En outre, l'intention de créer des emplois est également fonction de la taille des entreprises dans lesquelles ont été conduites les interviews. A ce titre, ce sont les entreprises de 20 à 49 salariés qui semblent envisager de le faire le plus.

Indépendamment de ce point crucial que constituent les recrutements, une part importante des entreprises compte également augmenter le volume de leur activité commerciale (57 % dont 27 % certainement). Dans ce cas bien précis, il s'agit le plus souvent là encore des entreprises du secteur des services mais aussi de celles de 20 à 49 salariés ainsi que celles de 100 à 249 salariés.

Plus inquiétant, seulement 41 % des PME (plus particulièrement celles de plus de 100 salariés) envisagent d'augmenter leurs investissements. Parmi elles, seulement 19% pensent certainement le faire.

Des mesures fortes attendues en faveur du développement des PME

Les enquêtes réalisées récemment auprès du grand public ont largement mis en lumière la bonne image générale dont bénéficient les PME auprès des Français. De manière générale, il s'agit de structures vers lesquelles les Français (et notamment les jeunes) s'orienteraient volontiers.

Pour autant, les dirigeants mettent l'accent sur la nécessité de valoriser davantage l'image de l'entreprise et de l'entrepreneur, notamment auprès des jeunes. C'est la mesure qu'ils jugent la plus importante (94%), notamment les dirigeants d'entreprises du secteur de l'industrie. Autre préoccupation majeure: les mesures en faveur de l'environnement financier, fiscal et administratif des entreprises. Ils sont 92% à juger cette action importante, dont une large majorité (58%) estime qu'elle est très importante. Ce sont les entreprises du secteur des services qui accordent la plus grande importance à cet aspect (63% pensent même que c'est "très important "). Enfin, ils sont 88% à estimer qu'il est important de faciliter la transmission d'entreprise (dont 56% qui estiment que c'est " très important "). Notons que les entreprises de 20 à 99 salariés (92%) ainsi que celles du secteur de l'industrie (97%) expriment une attente plus forte que la moyenne dans ce domaine.

Outre cette demande en terme de valorisation et de souplesse administrative, les dirigeants expriment aussi de fortes attentes pour travailler à la prévention les difficultés et à la possibilité de rebond des entreprises et des entrepreneurs (85%), favoriser la création d'entreprises (84%) et accélérer le développement de la formation professionnelle continue (82%). En revanche, l'augmentation du nombre d'entreprises moyennes et PME cotées n'apparaît pas comme une priorité pour les dirigeants puisqu'ils ne sont que 46% à juger cette mesure importante, contre 37% qui pensent que ce n'est pas important.

Un jugement mitigé sur l'action des pouvoirs publics

Si les dirigeants apprécient certaines dispositions comme l'assouplissement des 35 heures (61% pensent que cela va dans le bon sens) et dans une moindre mesure l'aide à la création d'entreprise (50% y sont favorables), ils sont plus circonspects sur la simplification administrative (47% pensent que la simplification administrative va dans le mauvais sens et 43% qu'elle va plutôt dans le bon sens) et la diminution des impôts pesant sur l'entreprise (50% estiment que cela va plutôt dans le mauvais sens et 43% plutôt dans le bon sens). Enfin, une majorité d'entre eux déplore l'action des pouvoirs publics dans le domaine de la réduction des dépenses publiques (52% pensent que cela va plutôt dans le mauvais sens) et de l'allègement des charges sociales (53% estiment que cela va plutôt dans le mauvais sens).

Dans le détail, les dirigeants d'entreprises de 50 à 99 salariés se montrent les plus critiques sur tous les points. Notons également que les entreprises du secteur des services, dont la majorité des dirigeants (51%) estiment qu'il était très important de favoriser la création d'entreprises, sont les plus critiques sur l'action des pouvoirs publics dans ce domaine (39% pensent qu'elle va dans le mauvais sens). A l'inverse, les dirigeants des entreprises du secteur de l'industrie, qui jugent majoritairement (51%) que c'est important, se montrent satisfaits de l'action des pouvoirs publics (61% pensent qu'elle va dans le bon sens).

Par conséquent, chefs d'entreprises interrogés dans cette enquête, s'ils se montrent relativement confiants dans leur avenir en indiquant notamment qu'ils comptent augmenter le volume de leur activité commerciale, expriment de fortes attentes en faveur du développement des PME. La revalorisation de l'image de l'entreprise ainsi que l'amélioration de l'environnement financier, fiscal et administratif de l'entreprise sont des domaines dans lesquels leurs attentes sont particulièrement fortes, d'autant que les dirigeants sont mitigés sur l'action des pouvoirs publics, notamment en matière fiscale.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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