Les Français jugent l’école et l’enseignement en France

L'enquête Ipsos/Logica Business Consulting réalisée pour le magazine l'Histoire en partenariat avec la Casden montre qu’une majorité de Français a le sentiment que l’enseignement fonctionne mal aujourd’hui et remet en doute certains grands principes de l’école publique (égalité des chances, promotion sociale).

Auteur(s)
  • Stéphane Zumsteeg Directeur du Département Opinion et Recherche Sociale, Public Affairs
  • Emilie Rey-Coquais
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Le sentiment général est que l’enseignement en France fonctionne mal aujourd’hui : 64 % des Français le pensent alors que seulement 36 % émettent un jugement plus positif à ce sujet. Ce constat est corroboré par le fait que, de l’avis des Français, le niveau scolaire des écoliers français est moins bon que celui de leurs voisins européens (54 %), très peu d‘entre eux considérant à l’inverse qu’il est meilleur (seulement 3 %). Pourtant, dans le détail, les jugements ne sont pas uniformes selon le niveau d’enseignement, les Français jugeant plutôt satisfaisant l’enseignement dans le primaire (tant en maternelle qu’en élémentaire) tandis qu’ils sont nettement moins bienveillants à l’égard de celui dans le secondaire (plus particulièrement le collège et le lycée général). Par ailleurs, les principaux problèmes auxquels les Français estiment qu’il faut s’attaquer en priorité sont notamment la maîtrise du Français à l’écrit et à l’oral ainsi que la discipline à l’école.

Malgré ces premiers jugements d’ensemble qui peuvent paraître assez sévères, les Français attendent beaucoup de l’école. La plupart des rôles de l’école proposés sont considérés comme importants (et parfois très importants) et ceux arrivant en tête du palmarès ont trait aux fonctions « classiques » de l’école : enseigner les savoirs de base, donner le goût d’apprendre, acquérir une bonne culture générale tout comme préparer à la vie professionnelle. Les Français émettent une seule réserve concernant le rôle de l’école dans la sélection des meilleurs, ces derniers n’attribuant pas cette mission à l’institution. On retrouve ici la valeur universelle conférée l’école : il s’agit de permettre à tous d’apprendre, pas de privilégier par telle ou telle sélection une partie d’entre eux.

Les missions que les Français attribuent à l’école sont donc nombreuses…et pour autant ils peinent à lui faire confiance pour remplir certaines d’entre elles. L’institution n’est cependant pas remise en question en ce qui concerne l’enseignement des savoirs de base (66 %), l’apprentissage à vivre avec les autres (57 %) ou du travail en équipe (56 %) tout comme le développement d’une bonne culture générale (53 %), missions pour lesquelles les Français sont une majorité à faire confiance à l’école. En revanche, deux tiers des Français ne font pas confiance à l’école pour les préparer à la vie professionnelle. La fonction intégratrice de l’école est également écornée : les deux tiers d’entre eux ne lui font pas confiance pour réduire les inégalités sociales et un peu plus de la moitié pour transmettre les valeurs de la République.

Les Français ne font pas non plus confiance à l’école pour préparer aux enjeux du monde actuel (59 %). Pour compléter les missions de l’école, les Français font majoritairement confiance aux familles, ce qui est loin d’être le cas d’internet ou de la TV.

Concernant les grands principes de l’enseignement tels qu’énoncés il y a plus d’un siècle (égalité des chances, promotion sociale, laïcité…), les jugements sont là encore sévères. 60 % des Français considèrent que l’égalité des chances n’est pas garantie par l’école publique. De la même manière et assez logiquement, 56 % des Français estiment que l’école publique joue de moins en moins qu’avant un rôle de promotion sociale.

Le port du voile par certains élèves est très majoritairement considéré comme une atteinte au principe de laïcité. C’est également le cas, quoique dans de moindres proportions, pour le port du voile par des mères accompagnatrices lors de sorties scolaires. Les Français sont plus réservés en ce qui concerne les menus spéciaux et le port d’un signe religieux. Enfin, majoritairement, l’enseignement du fait religieux à l’école n’est pas considéré comme une atteinte au principe de laïcité.

Malgré les jugements parfois sévères à l’égard de l’école, le métier d’enseignant reste néanmoins attractif. Deux tiers des Français encourageraient leur enfant à devenir enseignant, signe d’un réel attachement à ce métier. La principale raison qui rend ce métier attractif est intimement liée à sa vocation : c’est avant tout le fait de transmettre des savoirs qui contribue à rendre séduisant cette profession, bien avant ses avantages matériels (vacances, sécurité de l’emploi...).

Sondage commandé par L’Histoire à l’occasion de la parution samedi 17 septembre d’un numéro spécial L’Histoire/Marianne sur « L’Ecole de la République ».

L’Ecole et la République sont liées depuis les Lumières et la Révolution, jusqu’au projet de Jules Ferry. Un dossier exhaustif, pour mieux s’interroger : « La démocratisation a-t-elle échoué ? »

Auteur(s)
  • Stéphane Zumsteeg Directeur du Département Opinion et Recherche Sociale, Public Affairs
  • Emilie Rey-Coquais

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